Imágenes de páginas
PDF
EPUB

PREMIER TRAITÉ. Des fémences métalliques.

I

che

L n'y a perfonne, pour peu éclairé qu'il foit, qui ne fçaque la véritable fémence de la chose n'eft ni la graine ni le fperme, mais la matiere effentielle & conftitutive d'un tel être, c'est-à-dire un certain mélange de l'élément fubtil en certaines proportions précises, qui font qu'une chofe eft telle & qu'elle a certaines proprietés: que cette effence féminale eft enveloppée d'autres élémens groffiers qui la retiennent, afin que par la fubtilité elle ne s'évapore. On n'a qu'à voir la maniere dont les Chymiftes féparent. l'effence des végétaux & des animaux de ces élémens groffiers, qui loin d'avoir aucune propriété de fon effence, diminuent fa

[ocr errors]

force & fon action, comme l'eau commune mêlée avec le vin en diminue les propriétés, quoique le vin foit engendré d'eau, que l'effence qui eit dans le fep de la vigne a digérée & échangée en fa nature. On n'ignore point auffi que l'effence féminale n'est pas feulement dans la graine du végétal ni dans le sperme de l'animal, mais dans toutes les parties de l'arbre, & dans tous les membres & particulierement dans le fang de chaque animal quoique dans le sperme & dans la graine l'effence foit plus épurée des élémens groffiers, ni quoique tout le fperme ni toute la graine ne foient pas fémence, mais feulement la moindre partie d'iceux. Et enfin il n'y a point de doute que dans les animaux morts & dans les plantes féches il y a cette fémence féminale, puifqu'on la tire & on la

grande quantité (ce qui fait la diverfité des corps métalliques) il n'y a pas de doute que l'effence féminale de l'or ou de l'argent étant extraite du corps groffier qui la contient par l'art du Philofophe, ne puiffe en peu de tems tranfmuer en fa propre nature aurifique ou argentifique, l'argent-vif & tous les corps qui font formés d'argent-vif, n'y ayant que cette feule humidité que la femence de l'or & de l'argent puiffe tranfmuer, parce qu'elle eft la feule qui foit en puiffance prochaine or & argent, l'or & l'argent n'étant qu'un argent-vif très-pur, cuit & digéré par la nature dans les cavernes minérales, par une lenre chaleur du centre caufée par le mouvement des aftres & par un très long-tems.

Mais parce que peu de gens

connoiffent la nature interne des

des métaux,& qu'encore un plus grand nombre ignore la nature des fémences, ils ne s'imaginent pas que ces fémences ayent la puiffance de tranfmuer en fa propre effence le mercure univerfel de la terre, ou même des autres élémens: ces chofes leur paroiffent furnaturelles & impoffibles.

Ce qui eft de très-certain c'est que la tranfmutation en or ou en argent que les fémences de l'un de ces deux métaux font de Fargent-vif, eft encore plus facile à être faite,que celle que les fémences des végétaux font de l'humidité générale de la terre qui fe change en un nombre prefqu'infini de différentes plantes,qui ont tant de fibres & d'organes divers, & tant de parties diffemblables, de tronc, de feuilles, de fleurs, de fruits & de graines ; cette tranfmutation, dis. je,.

H

eft plus facile, d'autant que toutes les parties des métaux font toutes femblables, & que pour changer le vif-argent en vrai argent par la femence de l'argent, il n'eft pas plus difficile que d'épaiffir le lait en fromage par la prefure, qui eft un lait plus digéré. Il n'y a pas auffi plus de difficulté à le changer en or par la fémence de l'or, laquelle ayant en foi la teinture aurifique, elle fait que par un feu un peu plus long, le vif-argent, quoique blanc à l'extérieur, mais qui eft rouge au-dedans, comme il eft affez vifible en le précipitant, pouffe au-dehors fa teinture, & qu'étant de fa nature profqu'auffi pelant que l'or, par fa reftriction & coagulation au feu devient même plus pefant & plus brillant que l'or commun.

Mais, comme j'ai dit,ces chofes furpaffant l'efprit de la plû

« AnteriorContinuar »