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bords de la Scrivia dans le Tortonez, les débris raffemblés de l'armée Autrichienne battue à Cérifoles; ils étoient commandés par le Prince de Salerne & par le Prince de Sulmone, il fallut combattre, l'armée de la Mirandole battit l'infanterie du Prince de Salerne & fut battue par la Cavalerie du Prince de Sulmone, mais elle ne fit qu'une perte médiocre, elle ne fut pas pourfuivie, & elle joignit heureufement l'armée Françoife.

Le rappel de cette armée du Comte d'Anguien en France rendit inutiles & cette jonction, & l'ardeur des foldats pour la conquête du Milanès, & l'affection des Italiens prouvée par les efforts de la petite armée de la Mirandole, & toutes les intelligences qu'on avoit pratiquées dans les places du Duché de Milan, & celles qu'on commençoit à pratiquer jufques dans le Royaume de Naples, & que le moindre fuccès dans le Milanès auroit beaucoup étendues, mais qui n'auroient peutêtre fait que ramener les révolu

1544

1544.

tions précédentes; le Roi renonçoit à ces efpérances, ou préve→ noit ces nouveaux malheurs, il facrifioit l'éclat & les avantages de cette guerre offenfive pour le bor ner à une guerre défenfive. C'étoit un préfage de décadence, & l'Empeur imitoit Scipion, qui pour arracher les Carthaginois de l'Italie, alla porter la guerre chez eux.

Cependant le Corte d'Anguien fe foutint encore quelque temps dans le Piémont, Strozzi eut le courage de retourner faire de nouvelles levées à la Mirandole & le bonheur de les amener au camp François en échappant au Marquis du Guaft, qui l'attendoit au paffage, & en traverfant avec beaucoup de peine & de fatigue les montagnes de Gênes. Après cette feconde jonction, d'Anguien & Strozzi furprirent Albe & détruifirent divers petits Châteaux ; ce fut là leur derniere conquête. Le défaut d'argent étoit un obftacle infurmontable à leurs progrès. Le Roi n'en envoyoit plus du tout, perfuadé qu'il n'en auroit

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jamais affez pour les dépenfes qu'alles dépenfes qu'al-1544 loit caufer l'expédition de l'Empereur. Les Suiffes n'étant point payés, fe mutinoient fans ceffe. On avoit beau les piquer d'honneur, ployer les prieres, les menaces, s'épuifer pour leur fournir une foible portion de leur paye, leurs Capitaines même étoient les premiers à les foulever & à refufer le fervice. Il faut en excepter les Capitaines Fourly & Faufberg (ils) méritent qu'on les nomme) qui eurent la générofité non-feulement de payer leurs compagnies de leurs propres deniers, mais encore de prêter chacun mille écus; il faut dire auffi que la Baronne de Montafié, fœur du Seigneur de Cen.tal, mit fes bijoux en gage pour fournir quinze cent écus, & que dès le temps du blocus de Carignan du Bellay en emprunta trente mille à Milan, fans quoi la défection des Suiffes eût peut-être obligé de lever ce blocus.

Le Marquis du Guaft de fon côté n'étant pas dans une meilleure fitua

1544.

tion, les deux Généraux n'eurent point de peine à convenir d'une trève de trois mois pour l'Italie elle fut propofée par le Marquis du Guaft & confirmée avec plaifir par l'Empereur & par François I. qui s'accordoient à porter l'un contre l'autre toutes les forces du côté de la Picardie & de la Champagne.

CHAPITRE VI.

Nouvelle irruption de l'Empereur en
France & autres événemens de la

Campagne de 1544. jufqu'à la paix

de Crespy.

L'IRR

IRRUPTION de l'Empereur &

Sleidan,

de fon nouvel allié Henri VIII. 1544 dans ces Provinces avoit été pré- Commentar. cédée de toutes les négociations, 1. 15. de tous les traités, de toutes ces Mém. de du Bellay, 1. 10. manœuvres de politique où l'Empereur excelloit beaucoup plus que dans les opérations militaires. Si le moindre foupçon d'une alliance de François I. avec Soliman II. avoit fourni à Charles-Quint la matiere de tant de déclamations, on conçoit quel parti il fçut tirer de la jonction réelle du Pavillon Turc avec le Pavillon François devant Nice & des hoftilités faites en commun par le Pirate Mahométan Bar

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