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dédia à l'Académie des Sciences. Il eft intitulé: Remarques & Expériences Phyfiques fur la conftruction d'une nouvelle Clepfidre, fur les Baromètres, Thermomè¬ tres & Hygromètres. Quoique les Clepfidres, ou Horloges à eau, fi ufitées chez les Anciens, aient été entièrement abolies parmi nous par les Horloges à roues, infiniment plus juftes & plus commodes, M. Amontons ne laiffa pas de prendre beaucoup de peine à la conftruction de fa Clepfidre , dans l'efpérance qu'elle pourroit fervir fur mer; car, de la manière dont elle étoit faite, le mouvement le plus violent que pût avoir un Vaiffeau ne la dérégloit point, au lieu qu'il dérègle infailliblement les autres Horloges. On a pu voir dans le Livre de M. Amontons avec combien d'art fa Clepfidre étoit conftruite ; & il n'y a guère d'apparence qu'il fe foit rencontré avec aucun des anciens Inventeurs.

Il entra dans l'Académie en 1699, lorfqu'elle reçut fon nouveau Réglement. Auffi-tôt il donna dans nos Affemblées la Théorie des Frottemens, qui a tant éclairci une matière fi importante dans la Méchanique, & jufques-là fi obfcure. Son nouveau Thermomètre vint enfuite, in vention qui n'eft pas feulement utile pour

la Ptatique, mais qui a donné de nou velles vues pour la Spéculation. Nos Hiftoires ont parlé à fond de ces découvertes; un Volume nouveau qui va paroître en contiendra encore une autre du même Auteur, c'eft fon Baromètre rectifié ; & le Volume qui viendra encore après contiendra fon Baromètre fans Mercure à l'ufage de la Mer, & des Expériences nouvelles & fort curieufes qu'il a faites fur le Baromètre & fur la nature de l'Air; tant le nom & les découvertes de M. Amontons ont de peine, pour ainfi dire, à quitter la place qu'ils tenoient dans nos Hiftoires.

En effet, celle que cet Académicien rempliffoit dans la Compagnie étoit prefque unique. Il avoit un don fingulier pour les Expériences, des idées fines & heureuses, beaucoup de reffources pour lever les inconvéniens, une grande dexté

rité

pour l'exécution, & on croyoit voir revivre en lui M. Mariote, fi célèbre par les mêmes talens. Nous ne craignons point de comparer à un des plus grands Sujets qu'ait eu l'Académie, un fimple Elève tel qu'étoit M. Amontons. Le nom d'Elève n'emporte parmi nous aucune différence de mérite; il fignifie feulement moins d'ancienneté, & une espèce de furvivance.

M. Amontons jouiffant d'une fanté parfaite, qui fe déclaroit même par toutes les apparences extérieures, n'étant fujet à aucune infirmité, menant & ayant toujours mené la vie du monde la plus réglée, fut tout d'un coup attaqué d'une inflammation d'entrailles; la gangrène s'y mit en peu de jours, & il mourut le 11 Octobre, âgé de quarante-deux ans & près de deux mois. Il étoit marié, & n'a laiffé qu'une fille âgé de deux mois. Le Public perd par fa mort plufieurs Inventions utiles qu'il méditoit, fur l'Imprimerie, fur les Vaiffeaux, fur la Charrue. Ce qu'on a vu de lui, répond que ce qu'il croyoit poffible, devoit l'être à toute épreuve ; & le génie de l'invention natu→ rellement fubtil, hardi, & quelquefois présomptueux, avoit en lui toute la folidité, toute la retenue, & même toute la défiance néceffaires.

Les qualités de fon cœur étoient encore préférables à celles de fon efprit une droiture fi naïve & fi peu méditée * qu'on y voyoit l'impoffibilité de. fe démentir; une fimplicité, une franchise & une candeur le peu de commerce , que avec les hommes pouvoit conferver, mais qu'il ne lui avoit pas données ; une antière incapacité de fe faire valoir autre»

ment que par fes Ouvrages, ni de faire fa cour autrement que par fon mérite, & par conféquent une incapacité prefque entière de faire fortune.

ÉLOGE

DE MONSIEUR

DU HA M E L.

JEAN EAN-BAPTISTE DU HAMEL naquit en 1624 à Vire, en Baffe-Normandie. Nicolas du Hamel fon père étoit Avocat dans la même ville. Malgré le caractère général qu'on attribue à ce pays-là, & malgré fon intérêt particulier, il ne fongeoit qu'à accommoder les procès qu'il avoit entre les mains, & en étoit quelquefois mal avec les Juges.

M. du Hamel fit fes premières études à Caen, fa Rhétorique & fa Philofophie à Paris, A l'âge de dix-huit ans il compofa un petit Traité, où il expliquoit avec une ou deux figures, & d'une manière fort fimple, les trois Livres des Sphériques de Théodose; il y ajouta une Trigonométrie fort courte & fort claire

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dans le deffein de faciliter l'entrée de l'Aftronomie. Il a dit dans un Ouvrage poftérieur, qu'il n'avoit imprimé celui-là que par une vanité de jeune homme; mais peu de gens de cet âge pourroient avoir la même vanité. Il falloit que l'inclination qui le portoit aux Sciences fût déjà bien générale & bien étendue, pour ne pas laiffer échapper les Mathématiques fi peu connues & fi peu cultivées en ce temps-là, & dans les lieux où il étudioit.

A l'âge de dix-neuf ans il entra dans les Pères de l'Oratoire. Il y fut dix ans, & en fortit pour être Curé de Neuillyfur-Marne. Pendant l'un & l'autre de cés deux temps, il joignit aux devoirs de fon état une grande application à la lecture.

La Phyfique étoit alors comme un grand Royaume démembré, dont les Provinces ou les Gouvernemens feroient devenus des Souverainetés prefque indépendantes. L'Aftronomie, la Méchanique, l'Optique, la Chymie, &c. étoient des Sciences à part, qui n'avoient plus rien de commun avec ce qu'on appelloit Phyfique; & les Médecins même en avoient détaché leur Phyfiologie, dont le nom feul la trahiffoit. La Phyfique appauvrie & dépouillée n'avoit plus pour fon partage que des queftions également épineu

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