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de toutes nouvelles fortir du néant, & peut-être laifferoit-on aller trop loin fes efpérances pour l'avenir.

Plus nous avons lieu de nous promettre qu'il fera heureux, plus nous fommes obligés à ne regarder préfentement les Sciences que comme étant au berceau, du moins la Phyfique. Aussi l'Académie n'en est-elle encore qu'à faire une ample provifion d'obfervations & de faits bien avérés, qui pourront être un jour les fondements d'un Systême; car il faut que la Phyfique fyftématique attende à élever des édifices, , que la Phyfique expérimentale foit en état de lui fournir les matériaux néceffaires.

Pour cet amas de matériaux, il n'y a que des Compagnies protégées par le Prince, qur puiffent réuffir à le faire & à le préparer. Ni les lumières, ni les foins, ni la vie, ni les facultés d'un Particulier n'y fuffiroient. Il faut un trop grand nombre d'expériences, it en faut de trop d'efpèces différentes, il faut trop répéter les mêmes, il les faut varier de trop de manières, il faut les fuivre trop long-temps avec un même efprit. La caufe du moindre effet eft

prefqué toujours enveloppée fous tant de plis & de replis, qu'à moins qu'on ne les ait tous démêlés avec un extrême foin, on ne doit pas prétendre qu'elle vienne à fe manifefter.

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Jufqu'à préfent l'Académie des Sciences ne prend la Nature que par petites parcelles. Nul Syftême général, de peur de tomber dans l'inconvénient des Syf têmes précipités, dont l'impatience de P'Efprit humain ne s'accommode que trop bien, & qui étant une fois établis, s'oppofent aux vérités qui furviennent. Aujourd'hui on s'affure d'un fait, demain d'un autre qui n'y a nul rapport. On ne laiffe pas de hafarder des conjectures fur les caufes, mais ce font des conjectures. Ainfi les Recueils que l'Académie préfente tous les ans au Public, ne font compofés que de morceaux détachés, & indépendans les uns: des autres, dont chaque Particulier qui en eft l'Auteur, garantit les faits & les expériences, & dont l'Académie n'approuve les raisonnemens qu'avec toutes les reftrictions d'un fage Pyrrhonisme.

Le temps viendra peut-être que l'on joindra en un corps régulier ces mem

A

bres épars; & s'ils font tels qu'on le fouhaite, ils s'affembleront en quelque forte d'eux-mêmes. Plufieurs vérités féparées, dès qu'elles font en affez grand nombre, offrent fi vivement à l'efprit leurs rapports & leur mutuelle dépendance, qu'il femble qu'après avoir été détachées par une efpèce de violence les unes d'avec les autres, elles cherchent naturellement à fe réunir,

HISTOIRE

DU RENOUVELLEMENT

DE

L'ACADÉMIE ROYALE

DES SCIENCES,

En M. DC. XCIX.

'ACADÉMIE Royale des Sciences, établie en 1666, avoit fi bien répondu par fes travaux & par fes découvertes aux intentions du Roi, que plufieurs années après fon établiffement, Sa Majesté voulut bien l'honorer d'une attention toute nouvelle, & lui donner une feconde-naiffance encore plus noble, & pour ainfi dire plus forte que la première.

Cette Académie avoit été formée, à

la vérité, par les ordres du Roi, mais fans aucun acte émané de l'autorité royale. L'amour des Sciences en faifoit prefque feul toutes les Loix; mais quoique le fuccès eût été heureux, il eft certain que pour rendre cette Compagnie durable & aufft utile qu'elle le pouvoit être, il falloit des règles plus précifes & plus févères.

C'eft ainfi qu'en jugea le Roi, lorfqu'après la Guerre terminée par le Traité de Rifwick, il tourna particulièrement les yeux fur le dedans de fon Royaume, pour y répandre de fes propres mains, & felon les vues de fa fageffe, les fruits de la Paix.

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L'Académie des Sciences ne lui parut pas un objet indigne de fes regards. Ses faveurs pour elle, non interrompues pendant les plus grands befoins de l'Etat avoient empêché les Sciences. de s'appercevoir parmi nous du trouble qui agitoit toute l'Europe. Il crut cependant n'avoir pas affez fait, parce qu'il pouvoit faire encore plus; & il conçut que ce qui n'avoit pas été endommagé par une fi cruelle tempête, devoit s'accroître & fe fortifier dans le calme.

Il chargea M. de Pontchartrain, alors Miniftre & Secrétaire d'Etat, & depuis Chancelier de France, de donner à l'Aca

démic

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