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ù il eft plus facile d'en trouver de toute efpèce. If fe chargea de l'éducation d'un enfant pour fubfifter mais ayant bientôt, éprouvé que les foins de cet emploi lui enlevoient tout fon temps, il y renonça, & aima mieux étudier que fubfifter; c'eftà-dire, que pour être entièrement à lui & à fes Livres, il fe réduifit à un genre de vie fort incommode & fort étroit. Nous ne rougiffons point d'avouer hautement la mauvaise fortune d'un de nos Confrères, ni de montrer au Public le fac & le bâton d'un Diogène, quoique nous foyons dans un fiècle où les Diogènes font moins confidérés que jamais, & où certainement. ils ne recevroient pas de vifites des Rois dans leur tonneau.

Il s'appliqua avec ardeur à la Phyfique, & fur-tout à l'Hiftoire naturelle, qui après tout eft peut-être la feule Phyfique à notre portée. Un goût particulier le portoit à étudier les Infectes, efpèces d'animaux fi différens de tous les autres, & fi différens encore entr'eux, qu'ils font comprendre en général la diverfité infinie des Modèles fur lefquels la Nature peut avoir fait des animaux pour une infinité d'autres habitations. Il avoit & la patience fouvent très-pénible de les obferver pendant tout le temps néceffaire, & l'art de découvrir

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leur vie cachée, & l'adreffe de faire, quand il étoit poffible, la délicate Anatomie de ces petits corps. Il portoit fes découvertes aux Conférences de feu M. l'Abbé Bourdelot, dont il étoit un des bons Acteurs,' ou les faifoit imprimer dans le Journal: des Savans; témoin fa Differtation fur la fang-fue, qui fut fort approuvée des Phyficiens, & leur fit connoître à eux-mêmes un animal que tout le monde croyoit connoître.

Pour fe perfectionner dans l'Anatomie, il voulut exercer la Chirurgie dans l'HôtelDieu, & fe préfenta à ceux dont il falloit qu'il fubît l'examen. Ils l'interrogèrent fur des chofes difficiles; & par les réponses qu'il leur fit, ils le trouvèrent déja fort habile dans l'Art de la Chirurgie, & le reçurent avec éloge. Mais il les étonna beaucoup, quand il leur avoua qu'il ne favoit feulement pas faigner, & qu'il n'avoit fur Ja Chirurgie qu'une fpéculation. Ils ne fe repentirent pas de l'avoir reçu, & ils le jugèrent bien propre à apprendre promptement & parfaitement cette pratique qu'ils ne s'étoient pas apperçus qui lui manquât; & ils l'inftruifirent avec l'affection que les Maîtres ont pour d'excellens Difciples. Il paffa trois ans dans ces fonc-. tions, après quoi il ne s'attacha plus qu'à

la Médecine; & comme il ne cherchoir pas à en borner l'étendue, il embraffa tout ce qui y avoit rapport, la Botanique, la Chymie. Il fe fit recevoir Docteur en Médecine dans l'Univerfité de Rheims. Son envie de favoir n'étoit pas renfermée. dans les limites de cette profeffion, quoique fi vafte. Il ne feroit pas extraordinaire que la Philofophie de Defcartes l'eût engagé à prendre quelque teinture affez raifonnable de Géométrie; mais peut-être aura-t-on de la peine à croire qu'il étudiât jufqu'à l'Architecture. M. de la Hire, qui la profeffe, avoit remarqué qu'il étoit affidu à fes leçons; & ne le connoiffant point d'ailleurs, il avoit cru que c'étoit un homme qui fongeoit à avoir quelque fonction dans les bâtimens : il n'avoit pas même jugé fur les apparences extérieures, que ces fonctions auxquelles il pouvoit afpirer fuffent fort relevées; mais il fut extrêmement furpris, lorfqu'au renouvellement de l'Académie en 1699, tous les Académiciens qui n'avoient point d'Elè ves en ayant nommé, il le vit paroître aux Affemblées en qualité d'Elève de M. Méry, & d'Anatomiste.

La Compagnie étant alors remplie d'un très-grand nombre d'Académiciens nouveaux, qui n'avoient pas des Ouvrages prêts

à produire dans les Affemblées, ou ne s'en tenoient pas affez sûrs pour les expofer dans un lieu affez redoutable, M. Poupart fut le premier d'eux tous qui se trouva en état de parler, & qui en eut la noble affurance. Il lut un Mémoire fur les Infectes hermaphrodites (a), qui fut d'un heureux augure pour la capacité de ceux d'entre les nouveaux venus que la plupart des Académiciens ne connoiffoient pas encore beaucoup.

On a vu depuis, dans les Volumes que l'Académie a donnés pour chaque année, fon Hiftoire du Formica-leo (b), celle du Formica-pulex (c), fes Obfervations fur les Moules (d), & quantité d'autres Obfervations moins importantes, ou peutêtre feulement plus courtes, répandues dans nos Hiftoires.

Il tomba malade au mois d'Octobre dernier, & mourut en peu de jours. On le croit Auteur d'un Livre intitulé: La Chirurgie complette, qui n'eft qu'une compilation commode de plufieurs autres Traités. Si cela eft, on doit pardonner ce

(a) Voyez les Mém. de 1669, page 145. (b) Voyez les Mém. de 1704, pag. 235. (c) Vovez les Mém. de 1705, pig. 124. (d) Voyez les Mém, de 1706, pag. 51.

Livre au besoin qu'il avoit de le faire, & lui favoir gré en même temps de ne s'être pas fait honneur d'une compilation. Il a réfifté à un grand nombre d'exemples qui l'y pouvoient inviter.

ÉLOGE

DE MONSIEUR

DE CHAZELLES JEAN-MATTHIEU DE CHAZELLES naquit à Lyon le 24 Juillet 1657, d'une famille honnête qui étoit dans le Commerce. I fit toutes fes Etudes dans le grand Collége des Jéfuites de cette Ville, après quoi il vint à Paris en 1675. La paffion qu'il avoit d'y connoître les gens de mérité, le conduifit chez feu M. du Ha mel, Secrétaire de cette Académie, qui de fon côté favorifoit de tout fon pouvoir les jeunes gens dont on pouvoit concevoir quelque efpérance. Il remarqua dans celuici beaucoup de difpofition pour l'Aftronomie; car le jeune homme étoit déja Géomètre. Il le préfenta à M. Caffini, qui le prit avec lui à l'Obfervatoire, Ecole où

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