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Méridienne, & que les anciens Egyptiens fi groffiers, du moins en cette matière auroient bien tiré la leur ? L'invariabilité des Méridiennes a été encore confirmée par celle que M. Caffini a tirée en 1655 dans l'Eglife de S. Petrone à Bologne.

M. de Chazelles rapporta auffi de fon voyage du Levant tout ce que l'Académie fouhaitoit fur la position d'Alexandrie. Auffi M. de Pontchartrain crut-il lui devoir une place dans une Compagnie à qui fes travaux étoient utiles. Il y fut affocié en 1695. Il retourna enfuite à Marseille reprendre fes premières fonctions.

Tout le refte de fa vie n'eft guère qu'une répétition perpétuelle de ce que nous avons vu jufqu'ici. Des campagnes fur mer prefque tous les ans, foit en guerre, foit en paix, quelques-unes feulement plus confidérables, comme celle de 1697, où Barcelone fut prife, des pofitions qu'il prend de tous les lieux qu'il voit, des Plans qu'il lève, des fonctions d'ingénieur qu'il fait affez fouvent & avec gloire, & puis un retour paisible à fon Ecole de Marseille. Il ne s'en dégoûtoit point pour avoir eu quelques occupations plus brillantes; jamais il ne fongea à la quitter. Les plus grandes ames

font celles qui s'arrangent le mieux dans la fituation préfente, & qui dépenfent le moins en projets pour l'avenir.

Lorfqu'en 1700 M. Caffini, par ordre 'du Roi, alla continuer du côté du Midi la Méridienne abandonnée en 83, M. de Chazelles fut encore de la partie. Il ne put joindre qu'à Rhodez M. Caffini, qui, pour ainfi dire, filoit fa Méridienne en s'éloignant toujours de Paris. Mais depuis Rhodez. M. de Chazelles s'attacha si fortement à ce travail, & cela pendant la plus fâcheufe faifon de l'année, que fa santé commença à s'en altérer confidérablement.

La ligne étant pouffée jufqu'aux frontières d'Efpagne, il revint à Paris en 1701, & il y fut malade ou fanguiffant pendant plus d'une année. Ce fut alors qu'il communiqua à l'Académie le vaste deffein qu'il méditoit d'un Portulan général de la Méditerranée ( a ). On peut compter que dans les Cartes géographiques & hydrographiques des trois quarts du Globe, le portrait de la terre n'eft encore qu'ébauché ; & que même dans celles de l'Europe, il eft affez éloigné d'être bien fini, ni bien ressembant, quoiqu'on y ait beaucoup plus travaillé.

(a) Voyez l'Hift. de 1701, p. 121 & fuiv.

Malgré plufieurs foins différens, & les infirmités même qui deviennent le plus grand de tous les foins, M. de Chazelles ne perdoit point de vue fes Galères égarées dans l'Océan. Etant encore à Paris en 1702, il propofa qu'elles pouvoient refter à fec dans tous les Ports où il entroit affez de marée pour les y faire entrer. Par-là il triploit le nombre des retraites qu'elles pouvoient avoir, & par conféquent auffi le nombre des occafions où elles pouvoient être employées. On fit à Ambleteufe l'épreuve de fa propofition fur deux Galères qu'on échoua, & elles foutinrent l'échouage pendant quinze jours fans aucun inconvénient; au contraire, il 'donna une merveilleufe commodité pour efpalmer. Il faut ofer en tout genre, ́la difficulté eft d'ofer avec fageffe; c'eft concilier une contradiction.

mais

Les neuf dernières années de la vie de M. de Chazelles, quoique auffi laborieufes que les autres, furent prefque toujours fanguiffantes, & fa fanté ne fit plus que s'affoiblir. Enfin il lui vint une fièvre maligne qu'il négligea dans les commencemens, foit par l'habitude de fouffrir, foít par la défiance qu'il avoit de la Médecine, à laquelle il préféroit les reffources de la Nature. Enfin il mourut le 16 Janvier

710 entre les bras du P. Laval, Jéfuite, fon Collégue en Hydrographie, & son intime ami, Quand deux amis le font dans des poftes qui naturellement les rendent rivaux, il ne faut plus leur demander des preuves d'équité, de droiture, ni même de générofité. A ces vertus & à celles que nous avons déja repréfentées, M. de Chazelles joignit toujours un grand fond de Religion, c'est-à-dire ce qui affure & for tifie toutes les vertus.

ÉLOGE

DE MONSIEUR

GUGLIELMINI DOMENICO GUGLIELMINI naquit à Bologne d'une honnête famille le 27 Septembre 1655. Il étudia en Mathématique fous M. Geminiano Montari, Modenois, & en Médecine fous l'illuftre Malpighi. Il embraffa ces deux genres d'étude à la fois, comme un homme né avec d'heureufes difpofitions en auroit pu embraffer un feul; & il s'attira la même affection de ces deux Maîtres, que fi chacun d'eux cût eu feul la gloire de le former.

En 1666, il parut dans une grande partie de l'Italie un Météore auffi lumineux que la Lune en fon plein. M. Montanari fit un petit Ouvrage intitulé: Fiamma volante, où, par les Obfervations qu'il avoit eues de différens endroits, il recherchoit géométriquement quelle étoit la ligne du mouvement de cette flamme, fa diftance. à la terre & fa grandeur. Selon fon calcul, la diftance étoit à-peu-près de quinze lieues moyennes de France, ce qui eft une hauteur extraordinaire pour ces fortes de feux. M. Cavina, qui avoit obfervé le même phénomène à Faenza, en avoit fait un calcul fort différent : la hauteur où il le mettoit, par exemple, étoit triple de celle de M. Montanari; & celui-ci d'ailleurs avoit négligé dans fon écrit les Observations de Faenza, non pas en les rejettant avec mépris, mais en difant qu'il étoit bien fâché de les trouver trop éloignées de toutes les autres, & qu'apparemment l'erreur venoit de ceux qui les avoient données, & à qui on s'étoit fié. Cette politeffe n'empêcha pas M. Cavina de répliquer aigrement à M. Montanari, qui voyant cette difpute dégénérer en inju res, fe fentit affez fort pour ofer déclarer publiquement qu'il y renonçoit. M. Guglielmini, âgé alors de 21 ans, & Difciple

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