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l'on avoit eue pour lui, & fe trouva fort employé prefque à titre héréditaire. Enfin M. Fagon, qui avoit la Chaire de Profeffeur en Chymie au Jardin Royal, & qui ne pouvoit l'occuper, en chargea M. Berger en 1709; & après lui avoir continué cet emploi les deux années fuivantes feulement par commiffion, il crut que la manière dont il s'en étoit acquitté, méritoit qu'il lui en fît obtenir du Roi la furvivance: grace qu'il eût d'autant moins demandée pour un pour un fujet médiocrement digne, que l'on favoit qu'il avoit toujours été fort jaloux de l'honneur de cette place. Tout ce qui rendoit M. Berger peu exact aux devoirs de l'Académie, ne laiffoit pas de le difpofer à devenir grand Académicien, & apparemment la Compagnie eût profité de ces occupations même qui ne la regardoient pas mais la complexion délicate dont il étoit, fuccomba à fes différens travaux. Son poumon fut attaqué; & il mourut le 22 Mai 1712. M. de la Carlière, premier Médecin de Monseigneur le Duc de Berri, & très - célèbre dans fon Art, l'avoit choifi pour lui donner fa fille unique ; & c'eft encore une partie de la gloire de M. Berger, que toutes les circonftances de cette espèce d'adoption.

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J

ÉLOGE

DE MONSIEUR'

CASSINI.

EAN-DOMINIQUE CASSINI naquit à Perinaldo, dans le Comté de Nice, le 8 Juin 1625, de Jacques Catlini, Gentilhomme Italien, & de Julie Crovefi. On lui donna dès fon enfance un Précepteur fort habile, fous qui il fit fes premières études. Il les continua chez les Jéfuites à Gènes; & quelques-unes des Poëties Latines de cet Ecolier y furent imprimées avec celles des Maîtres dans un Recueil in-folio en 1616.

Il fit une étroite liaifon d'amitié avec M. Lercaro, qui fut depuis Doge de fa République. Il étoit allé avec lui à une de fes Terres, lorfqu'un Eccléfiaftique lui prêta pour l'amufer quelques Livres d'Aftrologie judiciaire. Sa curiofité en fut frappée, & il en fit un extrait pour fon ufage. L'inftinct naturel qui le portoit à la connoiffance des Aftres, fe méprenoit alors, & ne démêloit pas encore l'Aftro

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homie d'avec l'Aftrologie. Il alla jufqu'à faire quelques effais de prédictions qui lui réuffirent; mais cela même qui auroit plongé un autre dans l'erreur pour jamais, Jui fut fufpect. I fentit par la droiture de fon efprit, que cet art de prédire ne pouvoit être que chimérique; & il craignit par délicateffe de Religion, que les fuccès ne fuffent la punition de ceux qui s'y appliquoient. Il lut avec foin le bel Ouvrage de Pic de la Mirande contre les Aftrologues & brûla fon extrait des Li vres qu'il avoit empruntés. Mais au travers du frivole & du ridicule de l'Aftrologie, il avoit apperçu les charmes folides de l'Aftronomie, & en avoit été vivement touché. boom 3

Quand l'Aftronomiei ne feroit pas auffi abfolument néceffaire qu'elle l'eft pour la Géographie, pour la Navigation, & même pour le Culte divin, elle feroit infi niment digne de la curiofité de tous les efprits, par le grand & le fuperbe fpectacle qu'elle leur préfente. Il y a dans certaines mines très profondes des malheu reux qui y font nés, & qui y mourront fans avoir jamais vu le Soleil. Telle est à-peu-près la condition de ceux qui ignorent la nature, l'ordre le cours de ces grands Globes qui roulent fur leurs têtes, à qui les

plus grandes beautés du Ciel font inconnues, & qui n'ont point affez de lumières pour jouir de l'Univers. Ce font les travaux des Aftronomes qui nous donnent des yeux, & nous dévoilent la prodigieufe magnificence de ce monde prefque uniquement habité par des aveugles.

M. Caffini s'attacha avec ardeur à l'Aftronomie & aux Sciences préliminaires. Il y fit des progrès fi rapides, qu'en 1650, c'eft à dire âgé feulement de 25 ans, il fut choifi par le Sénat de Bologne pour remplir dans l'Univerfité de cette Ville la première Chaire d'Aftronomie, vacante depuis quelques années par la mort du Père Cavalieri, fameux Auteur de la Géométrie des Indivifibles, & Précurfeur des Infiniment Petits, à qui l'on n'avoit encore pu trouver de digne fucceffeur. A fon arrivée à Bologne, il fut reçu chez le Marquis Cornelio Malvafia, qui avoit beaucoup contribué à le faire appeler. Ce Marquis étoit Sénateur dans fa Patrie, Général des Troupes du Duc de Modène, & Savant; trois qualités qu'il réuniffoit à l'exemple des anciens Romains, devenu prefque fabuleux pour nous.

Dès la fin de l'an 1652, une Comète vint exercer le nouveau Profeffeur d'AL tronomie, & fe propofer à lui comme

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une des plus grandes difficultés de fon métier. Il l'obferva avec M. Malvafia, qui lui-même étoit Aftronome. Elle paffa par leur zénith, particularité rare. M. Caffini fit fur ce phénomène toutes les recherches que l'Art pouvoit defirer, & toutes les déterminations qu'il pouvoit fournir; & il en publia en 1653 un Traité dédié au Duc de Modène.

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Dans cet Ouvrage il ne prend les Comètes que pour que pour des générations fortuites, pour des amas d'exhalaifons fournies par la terre & par les aftres; mais il s'en forma bientôt une idée plus fingulière & plus noble. Il s'apperçut que le mouvement de fa Comète pouvoit n'être inégal qu'en apparence, & fe réduire à une auffi grande égalité que celui d'une Planète; & de-là il conjectura que toutes les Comètes qui avoient toujours paffé pour des Aftres nouveaux, & entièrement exempts des loix de tous les autres, pouvoient être & de la même régularité, & de la même ancienneté que ces Planètes, auxquelles on eft accoutumé depuis la naissance du monde. En toute matière les premiers Syftêmes font trop bornés, trop étroits, trop timides; & il femble que le vrai même ne foit que le prix d'une certaine hardieffe de raifon.

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