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té de leurs efprits. Les Egyptiens, fe lon Tacite, s'en croyent les inventeurs, & veulent ajoûter ce privilege à tant d'autres prérogatives qu'ils s'attribuent. Mais il eft plus vrai-femblable que les Hebreux, ou, comme les appellent prefque tous les Anciens, les Caldéens ou les Pheniciens ont été leurs maîtres, comme on le voit entr'autre dans Lucain *. D'où vient que les lettres ont été appellez Phenicienles Grecs.

nes par

Diodore de Sicile néanmoins rapporte que cela n'étoit pas certain, & qu'on croyoit feulement qu'ils n'avoient fait que changer la forme des · lettres; ce qui n'est pas fans apparence, puifque Quinte-Curfe dit d'eux: † Et s'il en faut croire la renommée, ce peuple a été le premier qui a inventé les lettres, ou qui en a montré l'ufage. Auffi Saint Auguftin avec beaucoup d'autres, tiennent que le peuple choifi l'avoit appris de fes premiers Peres ; qu'avant le déluge même, felon Jofephe, les premiers caracteres en a

voient

* Phonices primi, famæ si creditur, aufi Manfuram rudibus vocem fignare figuris. L. 5.

Et fi fame libet credere, hæc Gens litteras prima aut docuit aut didicit. L. 4. c. 15.

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voient été gravez fur les colomnes que Seth fit élever pour conferver les fciences qu'il avoit découvertes. Cela revient fort auffi à ce que dit Pline des lettres Affyriennes, qui ne font autres fans doute que les Hebraïques ou les Caldéennes. * Pour moi dit cét Auteur, je crois que les lettres Agriennes ont toûjours été. Et combien d'Auteurs ont-ils proupar des Ouvrages entiers, comme Etienne Guichart a fait, que la Langue des enfans des premiers Patriarches, a formé celles qui ont été en ufage dans le monde, & qui en font forties comme autant de colonies,. que les differens caracteres tirez de ce centre ont perpetuées jufqu'à nous. Ce qu'Herodote confirme vers la fin de fon livre cinquième, & ce que le Pere Kirker fait voir dans fon Oedipe Egyptien, en comparant les cara&teres de toutes les Langues.

NIQUE.

De ce grand nombre néanmoins des LA PU-. Langues les plus anciennes, à peine nous en eft il refté des veftiges certains, comme de la Punique, qui ne pouvoit être qu'excellente, puifque felon

*Litteras femper arbitror Affyrias fuisse. L. 7. 6.360.

felon Guillaume Poftel, elle n'étoit rien autre chofe que le Phénicien, qu'il compare à l'Hebreu, dont il est forti avec le Caldeen & le Syriaque. Ce que Monfieur Bochart a auffi remarqué en expliquant la fcene du Pœnulus de Plaute par le moyen de la Langue Hebraique. Elle dévoit être bien celebre & bien cultivée au tems. de la prife de Carthage; puifqu'il y avoit tant de Bibliotheques dans cette ville, où l'on trouvoit des livres de toutes fciences, écrits en cette Langue. C'eft ce que je remarque d'un endroit de Pline*, où cet Auteur dit, que le Senat donna les Bibliotheques qui se trouverent dans Carthage aux Roitelets de l'Afrique, & qu'il ne réferva feulement que celle de Magon compofée de trente-deux volumes d'agriculture, pour les faire traduire en latin. Nous avons quelques médailles qu'on prétend être marquées de lettres Puniques.

La Langue Hetrufque devoit être L'HE- admirable, puifque les Prêtres de la TRUS- Province qui y étoient fçavans avoient

QUE

tant

Ut cum Regulis Affricæ Bibliothecas donaret, unius ejus duo de triginta volumina censeret in linguam latinam transferenda. L. 18. c. 9..

tant de fageffe & tant de reputation, & que les anciens Romains employoient tous leurs foins & mettoient toute leur étude à l'apprendre. L'Infcription d'Eugubinus eft celebre, & fut trouvée cinquante ans devant Sylla. Ses caracteres reffemblent en quelque façon aux Latins, & l'écriture fe lit de droite à gauche. A l'égard des monumens de cette Langue qu'Inghuira mio a fait imprimer, on les prétend fuppofez.

Il eft à croire encore que la Langue CELLE des Druides Gaulois, qui leur étoit DRUL particuliere & differente de celle des DES. peuples, comme je l'ai lû quelquepart, étoit admirable, puifque ceux qui l'ont poffedée étoient fi fçavans & fi celebres. Pour ce qui eft de la Langue Grecque que quelques-uns prétendent qu'ils ont employée dans l'étude des sciences, je n'en fçaurois derneurer d'accord, vû que Cefar dans la defcription qu'il en fait, dit que dans tout ce qui ne regardoit point les fciences & leurs myfteres, ils fe fervoient des caracteres & de la Langue Grecque ce que je ne crois pas néanmoins encore ancien chez eux. Et il eft fort probable qu'ils n'ont admis ce langage que depuis la venue des Grecs en

Pro

1

CELLE

DEGY

Provence , par la néceffité du commerce que la fituation de Marfeille & la politeffe de cette République obli geoit d'avoir avec eux. L'Infcription au refte du Tombeau de Chyndonax ne prouverien contre ce que j'avance. Je ne fçaurois me perfuader que ce perfonnage fut un Druide, puifque l'epitaphe n'en dit pas un feul mot. Il y a plus d'apparence que c'etoit un Grec du tems d'Aurelien, où le culte du Soleil étoit plus en régne dans l'Em, pire qu'en aucun fiécle, à cause du Temple que cet Empereur fit bâtir à Rome, après la prise de Palmyre & de Zenobie.

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L'ancienne Langue d'Egypte n'avoit PTE. pas encore de moindres privileges. C'eft dans leur fein que les fciences font nées ; & ce ne peut-être qu'à leurs caracteres, & aux monumens que les premiers hommes en ont dreffez qu'elles doivent leur éducation, s'il faut ainfi parler. S'il eft vrai, comme on ne peut douter, que dans ces premieres Langues, les noms expliquoient fa propriete; quel progrès d'efprit & de connoiffance n'ont pas fait ceux qui les parloient.C'eft pour cela fans doute que les premiers hommes paroiffoient vivre fi long-tems ; ils apprenoient les

fciences,

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