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lire l'année fi elle étoit plus nette. [Voyez la 11. Planche fig. 2. 3. Celui qui fuit cet ancien caractere eft moins gros & moins large: mais il eft plus droit que l'Arabe vulgaire d'à-prefent, comme on le voit par la feconde Medaille. Monfieur Lambecius parle auffi de Manufcrits en ancien caractere Africain; ce que vous apprendrez mieux fur les lieux qu'ici. Le Cardinal Ximenès en fit brûler cinq mille volumes dans Grenade après la conquête de la Ville. Quelque bien intentionné néanmoins qu'il fût pour les Lettres, comme les dépenfes extraordinaires qu'il a faites pour les rétablir le prouvent, il est impoffible qu'il ne leur ait fait un très-grand tort par cet incendie; & je doute que par cette voïe il ait pû procurer aucun avantage à la Religion. Au-refte, Monfieur, celui dont les Tartares fe fervent, paroît plus lié, plus menu, plus preffé, & plus courbé que les autres. C'eft ce que j'ai appris par le cachet que j'ai, & qu'on m'a dit être en caracteres de ce païs. [Voyez la 4. fig. de la II. Planche. ]

Mais voici ce que je tiens de l'Illuftre Monfieur Thevenot, touchant

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par

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le caractere de ces peuples. Le merite & la reputation de ce fçavant homme, qui l'ont fait choifir Roi pour la Bibliotheque, feront connoître que je n'avance rien ici fur une autorité mediocre.Lorfque Quinguiskam, qui vivoit vers 1215. fe rendit maître de la Tartarie, on fçait que les peuples de ce Continent n'avoient point encore de caracteres pour leur Langue. Mirconde qui a fait l'hiftoire de cette Conquête, rapporte que ce Prince obligea fes nouveaux fujets à envoyer leurs enfans quelque part pour apprendre à écrire & à former des caracteres. Ces circonftan ces néanmoins n'apprenoient rien encore de la Langue & des caracteres Tartares, fi par des pieces apportées depuis peu de la Chine écrites en Tartare & en Chinois (comme c'eft l'ufage de cet Empire depuis l'ufurpation des Tartares) Monfieur Thevenot n'avoit remarqué que les caracteres de ces derniers font de ce genre. de lettres Syriaques qu'on appelle Nefto

riennes. Et en effet comme il a beaucoup de Manufcrits Orientaux, il a trouvé que dès ce tems-là les Nefto riens avoient fait des miffions dans la Tartarie & dans les autres parties de FS l'Afie,

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l'Afie, qui font au de-là de la Perse. C'étoient les Patriarches de Babylone & de Mouffoul qui les envoyoient; & il a découvert même par le plus grand bonheur du monde une relation de ces premieres miffions faites à la Chine dès le feptiéme fiécle. Nous aurons bientôt de ce fçavant homme une Grammaire Tartare.

Il ne reste plus, Monfieur, à vous parler que des Manufcrits Grecs & des Latins. Ils font plus en ufage parmi nous, parce que les Langues nous en font plus familieres, & plus commodes à la difpofition de nos organes. Quoique les principes de la fageffe ne fortent pas originairement de ces fources, elles ont tant contribué néanmoins à la répandre, à la rétablir, ou à la conferver dans le monde qu'elles en ont acquis un honneur Immortel. C'eft chez elles feules que les fciences ont fait des progrez infinis; & leur genie n'eft pas moins puiffant pour élever l'efprit aux chofes furnaturelles, qu'il eft propre à déveloper les myfteres de la nature.

La Grecque n'a rien laiffé d'imparGREC. fait, ni ceux qui l'ont parlée rien d'intenté. C'eft ce qui donne tant de poids aux Manufcrits de cette Langue, &

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qui les a rendus fi précieux aux Sçavans. Quelques-uns, comme Monfieur Voffius , veulent qu'elle foit montée au degré de gloire d'être à prefent la feule dépofitaire fidelle de la loi que Dieu dicta lui-même à nos Peres. Quoiqu'il en foit, il y a bien des fiécles qu'elle eft en poffeffion d'être celle des fciences. Ses caracteres ont moins changé que ceux des autres Langues; cependant la petite difference qu'on y remarque, fait l'époque des Manufcrits.

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On peut les partager en trois claffes les premiers & les plus anciens ont les caracteres d'autant plus quarrez, qu'ils approchent davantage de leur fource & de leur origine, qui eft la Phenicienne, où l'Hebraïque; puifque, felon Herodote, les premiers caracteres qui s'introduifirent dans l'Ionie étoient à-peu-près femblables. C'eft ce qu'on verroit avec plaifir, s'il étoit refté quelques uns de ces livres que Pififtrate au rapport d'Aulugele amaffa le premier dans Athenes. Je ne fçaí s'il s'en peut trouver de cet âge, ni s'il y en avoit même du tems de Pline; car cet Auteur par lant des anciens caracteres Grecs après avoir dit qu'ils reffembloient F 6

aux

aux lettres Romaines de fon tems n'en cite point d'autre exemple qu'une Infcription antique fur une lame d'airain, que Vefpafien & Tite avoient donnée à la Bibliotheque publique. * Les anciens caracteres Grecs, dit-il, font presque femblables aux Latins d'à-prefent; témoin cette lame antique d'airain tirée du Temple de Delphes, qu'on voit aujourd'hui dans la Bibliotheque du Palais, dédiée à Minerve par les Princes. It ya cette Infeription: NAYEIKPAΤΗΣ. ΤΙΣΑΜΕΝΟΥ. ΑΘΗΝΑΙΟΣ ΚΟΙ ΡΑ. ΚΑΙ ΑΘΗΝΑ. ΑΝΕΘΗΚΕΝ.

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Cette Infeription étoit fans doute; ainfi que je l'ai copiée, c'est-à-dire, en lettres majufcules ou capitales, comme nous les appellons, dont les Sigma, entr'autres, étoient comme une de nos M latines mifes fur le côté,, quoique Monfieur Lancelot dans fa Methode femble vouloir dire le contraire, Ce n'a été en effet que dans la fuite & peut-être vers le fiécle des Empereurs Romains

que

* Veteres Græcas fuisse cafdem penè, quæ nunc funt Latinæ, indicio erit Delphica tabula antiqui aris, quæ eft hodie in Palatio, dono Principum Minerva dicata in Bibliotheca cum infcriptione tali, &c. L. 7. c. 5.8.

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