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que I'S Grecque a pris la figure dur Č Latin, comme je le conjecture de ces tables que les Romains appelbient Sigma à cause de la figure du C qu'elles avoient; témoin Lampride. dans la vie d'Elagabale. Martial parle. auffi de cette figure de l'S dans ce vers où il l'appelle Lunata:

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Accipe Innata fcriptum teftitu- L. 14. dine Sigma.

Cette figure & pour l'E, n'eft pas, à mon fens, de plus ancienne date dans l'Alphahet; car je crois qu'on n'en trouve gueres ainfi dans les Infcriptions, avant la Conquête d'Egypte par les Romains.

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Il faut pourtant ajoûter que l'Infcription de Pline avoit cette difference dans les caracteres, qu'ils étoient. quarrez, comme on le voit fur les buftes d'Urfinus de la premiere édition. Cela s'entend de toutes les let tres qui ont un cercle, le B l'o, le P, leo, ler & l'n. J'en ai vû même l'a, le ▲ & le x n'avoient de difference avec le п que par un trait & par la fituation. Et c'eft affùrément de cette figure qu'étoient les caracteres Grecs anciens dont parle

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Pline & les autres. Ce que Ciceron femble reconnoître, & faire allufion à la figure des caracteres en parlant du genre d'éloquence, dans fon Brutus; car avant Pericles & Thucydide, felon lui, les lettres n'avoient aucun ornement; mais du tems de Pline, les caracteres étoient devenus plus polis, & figurez avec cet art que nous les avons en Majufcules; & la raifon eft, qu'on les avoit cultivez d'autant plus qu'ils étoient les feuls qui fuffent en ufage. Il eft conftant en effet que les anciens Grecs ne connoiffoient point d'autres lettres que les majufcules; & Jean Lafcaris Grec de nation le confirme dans le Prologue d'un Recueil d'Epigrammes Grecques imprimées en 1484. à Florence en lettres capitales.

Ni la ponctuation, ni la distinction des mots n'étoient point en ufage dans ces premiers tems: ce qui a duré prefque jufqu'à la 174 Olympiade felon Lipfe & Leo Allatius. On remarque dans les plus anciens monumens › que les Grecs ne divifoient leurs difcours que par la perfection & l'accompliffement du fens. Ils n'en mettoient pas plusieurs dans une mê

me

me ligne, mais ils en recommençoient une autre pour un nouveau sens, & ainfi du refte, comme on le peut voir par les Infcriptions du Comte d'Arondel: tellement qu'ils n'écrivoient point de fuite comme nous faisons, mais par articles: & c'eft de-là que vient cette maniere d'écrire diftinguée par verfets. Suidas néanmoins parle d'une maniere d'écrire qu'on appelloit ΒΟΥΣΡΟΦΙΔΟΝ Bouftrophi don, comme qui diroit, en lignes femblables à celles que les bœufs font lorfqu'ils labourent. Et je trouve cette maniere confirmée par Paufanias, dans la defcription qu'il fait du Coffre de Cypfelus qui étoit dans le Temple de Junon de la Ville d'Elide. Il y a fur ce Coffre, dit-il, des Infcriptions gravées en lettres anciennes & en lignes droites. Il y en a auffi quelques-autres, d'une maniere que les Grecs appellent Bonftrophidon, parce que le fecond verfet fuit

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* τῶν δὲ ἐπὶ τῇ λάρνακι ἐπιγραμμάτων ἐπές κ τοῖς ἀρχαίοις γεγραμμένα. κ τὰ μὲν ἐς ἐυθὺ ἀυτῶν ἔχει. σχήματα δὲ ἀλλὰ τῶν γραμμάτων, ΒΟΥΣΤΡΟΦΗΔΟΝ καλά σε Ελληνες, τὸ δὲ ἐπὶ τοῖόνδε ἀπὸ τῇ πέρατος τὸ ἔπους ἐπιςρέφη τῶν ἐπῶν τὸ δ' έυτερον, ὥςπες ἐν διαύλω δρόμω. Eliac. t. P. 320,

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immediatement le premier, & le joint en tournant dans la même figure que fe font les courfes redoublées du Stade ou du Cirque. Je ne comprens pas trop bien cependant comment on pouvoit écrire de cette maniere en fillonnant. Je vous avouë que ces fil lons font un labyrinthe pour moi. Car, il faut pour l'executer commodément, ou qu'on ne fe fervît point d'encre & qu'on ne gravât que fur des matieres folides; ou que fi on fe fervoit d'encre, on commençât par le centre à conduire les lignes en dehors, car autrement les caractères. fe feroient gâtez ou effacez.

Plufieurs Auteurs croïent que les verfets diftinguez & feparez par lignes, ont duré long-tems même après les accens & les points introduits, comme on le voit dans Diogene Laër ce. Un Eleve de l'Ecole d'Alexandrie, nommé Aristophane fut l'auteur de ce dernier changement. Ce Grammairienqui étoit de Byfance, vivoit à-peuprès vers la cent-cinquantiéme Olympiade fous les Rois d'Egypte Philopater & Evergetes 200 ans avant Jefus-Chrift. Ce fut lui fans doute qui donna l'exemple à fes fucceffeurs de corriger les livres, c'est-à-dire, les

erreurs

erreurs des copiftes, d'y ajoûter des accens & des diftinctions;ce qu'on peut reconnoître même dans quelques anciens Manufcrits, où les accens & les points font pofterieurs à l'écriture.

Vous fçaurez encore, Monfieur, que depuis la diminution ou l'alteration des caracteres, l'ancien ufage s'eft confervé de ne point mettre d'accens ni de points lorfqu'on' emploïoit des lettres Majufcules; comme on le peut voir dans une infinité d'Infcriptions de ces tems-là, & dans le Diofcoride dont Busbeq parle dans fes Lettres, qui eft prefentement dans la Bibliotheque de l'Empereur. Ainfi les Manufcrits les plus anciens font ceux dont les caracteres font majufcules, fans accens, fans points, fans diftin&tion de mots, & dont les jambages des lettres font droits & comme quarrés. Car dans les tems pofterieurs, ou pour mieux dire dans le bas Empire, comme les Medailliftes l'appellent, les jambages des lettres commençoient à fe courber; témoin le Diofcoride de l'Empereur qui n'a gueres plus de mil ou onze cens ans, quoique Lambecius lui en donne davantage.

Les Manufcrits du fecond âge font

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