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tins qui fe trouverent dans le tombeau de Numa, n'étoient pas même écrits fans doute d'un fi bon caractere, puifque la Langue étoit encore toute brute dans ce tems - là, & qu'elle avoit peu de caracteres: * Car je paffe, dit Quintilien, ces tems éloignez, où il I avoit très-peu de lettres, & dont même la figure & la valeur étoient differentes.

Cette Langue avoit encore des : befoins du tems de Claude ; il y avoit des mots où l'écriture manquoit dans l'expreffion, & l'Empereur, comme Quintilien le reconnoît, ne lui procura pas une utilité mediocre en introduifant la lettre Eolique . Surquoi, Monfieur, je ne fçai pas ce qu'a voulu dire celui qui a fait ce Traité de Bibliotheque que je vous ai déja cité. En parlant de l'endroit de la Bibliotheque Vaticane où l'Empereur Claude eft reprefenté comme inventeur de quelques lettres, il dit qu'au - deffus il y a une F avec ces mots, reliqua dua obliterata funt,

les

Nam illa tranfeo tempora, quibus & pauciores litteræ, nec fimiles his noftris earum formæ fuerunt, & vis quoque diverfa.

§ Nec inutiliter Claudius Æolicam illam ad hos ufus litterarum adjecerat,

les deux autres fe font perduës. Et il fait cette réflexion qu'il étoit parlé de la lettre F dans Ciceron qui vivoit avant Claude; c'eft pourquoi, ajoûte-t-il, il ne fçait fi on doit croire ce Prince inventeur de cette lettre. Il n'eft pas néceffaire de répondre à cette bévûë; & qui ne sçait que Claude n'a point inventé la lettre F. Ce n'eft pas ce qu'on a voulu dire dans la Bibliotheque Vaticane. La lettre dont il eft question a une figure & une valeur differente, dont Ciceron n'a jamais entendu parler, comme le remarque Manuce. Le Digamme Eolique qui eft le caractere que l'Empereur introduifit, forme un autre fon que celui de l'F dans beaucoup de mots où il étoit nécesfaire, felon Quintilien, ut in his fervus & vulgus Eolicum digamma y defideratur. Et en effet nous avons beaucoup de mots dans nôtte Langue qui confirment cette prononciation de l'V comme s'il y avoit un digamme, témoins ceux-ci entr'autres, venf, négatif, primitif, œuf, neuf, clef; parce qu'ils viennent du Latin, viduus, negativus, primitivus, ovum, novum, clavis.

Explication

Explication de deux Antiques curieufes.

Je puis, Monfieur , vous faire voir le Type du Digamme fur un morceau de cuivre antique, qui pourroit bien exercer la critique des fçavans Antiquaires. Il eft un peu creux comme le font les cachets anciens du commun, & les lettres font en relief. [Voyez la cinquiéme Figure de la II. Planche. ] Ce Symbole, ou cette remarque, comme on voudra l'appeller, renferme, à mon fens, quelque chofe de très-curieux; & il pourroit bien être qu'il contiendroit ces trois lettres nouvelles dont Suetone & Tacite attribuent l'invention à Claude. Il ajoûta trois lettres à l'alphabet, qui furent en ufage fous fon régne; mais elles n'eurent plus de cours après lui. Tres litteras adjecit, que ufu imperitante eo, eo eo poft obliterate. Ce qui me fait tirer cette conjecture, c'eft que je remarque dans cette Antique trois caracteres qui n'étoient point en ufage avant le regne de cet Empereur.

Le premier reffemble fort à une de ces deux demies aspirations, Tom, 11.

dont

G

parle

parle Quintilien au Chap. 6. du premier livre de fes Grammaires. Le fecond eft le Digamma,, qu'on ne fçauroit difputer à ce Prince. Et le dernier eft ce, C, renverfé qui fignifie Centurio ou Centuria, & qu'il falloit prononcer, fans doute, comme : s'il y avoit Schenturio ou Schenturia. C'est cet antifigma que Prifcien attribue à Claude, qui n'eft pas composé de deux Cadoffez, comme ce Grammairien le veut, pour reprefenter le P & l'S, ou le + du Grec; mais figuré fimplement par le Sigma tourné de l'autre fens en cette maniere. Il auroit été ridicule en effet, de changer dans de certains endroits des caracteres récens, en des caracteres d'un volume prefque femblable & en nombre égal. Ce que j'avance eft prouvé par Ifidore , qui donne la même figure à cette lettre, & qui dit l'avoir prife des Anciens. L'antifigma, dit-il, fe met à ces vers dont il fut changer l'ordre, comme on le voit dans les anciens Auteurs. C, antifigma ponitur, ad eos verfus quorum ordo permutandus eft, ficut

in antiquis authoribus pofitum invenitur; & à cause de cette figure ainfi tournée, il a été appellé

fans

fans doute antifigma, duquel on s'eft fervi pour former la prononciation de l'S & du C joints enfemble, & du P & de l'S.

non pas

En effet lorfque ces deux lettres fe rencontroient, il n'étoit point néceffaire de caractere particulier pour en apprendre la prononciation; & il eft certain que les Etrangers auffibien que les Romains n'y pouvoient pas rencontrer de la difficulté. C'étoit donc plûtôt pour de certains mots qui, commençant par l'S ou par le Č, fe prononçoient d'une certaine maniere, & avoient befoin par consequent d'un caractere pour en diftinguer la prononciation. Martianus Capella dit quelque chofe de femblable, quoique je croye qu'il s'eft trom, ou que le paffage tel que nous le lifons eft corrompu. Je ne laifferai pas néanmoins d'en tirer quelques lumieres pour ma conjecture. Il dit parlant de la lettre S, Huic littera divus Claudius P adjecit aut C, propter

aut Gracas. A cette lettre, ditil parlant de l'S, l'Empereur Claude a joint le P ou le C, pour remplir la prononciation du yon du Grec. Le Paffage ainfi pris à la lettre, n'eft ni intelligible, ni vrai-femblaG 2

ble;

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