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ble; puifqu'il eft conftant qu'avant Claude on avoit joint le P à l'S, ce qui n'a pas befoin de preuve. A l'égard du C., fi c'eft pour exprimer la prononciation de l'X, il est encore certain que cela étoit inutile; & ne fçait-on pas que cette lettre étoit en ufage avant lui? Auffi, Monfieur ce n'eft pas apparemment ce qu'a voulu dire Martianus Capella; car à quoi bon joindre le P ou le Cà l'S? II n'eft donc queftion dans ce paflage que de l'invention d'un caractere fimple, femblable au & aus Grec, pour défigner quelque prononciation particuliere. Or il y a bien de l'apparence qu'on doit l'entendre du C contourné, qui reprefentant l'S & le C, faifoit la fonction de deux lettres, comme le ou le ; & cela d'autant plus que ce caractere ou déterminoit la prononciation douteuse de certains mots, ou l'exprimoit.

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Je ne remarque point en effet dans aucune Infcription ou monument ancien, qu'avant Claude on fe fervît de cette maniere abregée de ce Ocontourné, pour dire Centurio ou Centuria. Au- contraire, avant ce régne, lorfque ce mot fe prefente, il est toûjours exprimé ou tout entier,

ou à moitié, selon l'espace & la difpofition du lieu, & il paroît qu'on s'en eft depuis fervi fort frequemment. On les voit encore aujourd'hui, dit Tacite, parlant de ces caracteres Claudiens, dans les Loix & les Or-· donnances publiques, gravez fur ces lames d'airain attachées aux colonnes ou aux murailles des Temples & des lieux où l'on rend la justice. Afpiciuntur etiam nunc in are publicandis plebifcitis per fora & templa fixo. Peut-être auffi les admettoit-on dans les Diptyques pour les jeux, ou dans les Symboles pour quelques folemnitez publiques que ce foit. J'expliquerois donc ainfi cette petite Infcription, O 7. HOдANS CENTÚRIA, ou HOJATIO CENTURIÆ, ou CENTURIONUM. Le triomphe ou la fete de la Centurie ou des Centurions.

A l'égard de cette H, ou cette afpiration qui precede, il ne faut pas croire que cela foit extraordinaire. Vous avez lû, Monfieur, ce qu'en dit Aulugelle. Les Anciens ajoûtoient la lettre H pour rendre le fon des mots plus grave & plus fort, comme il le prouve par un Manufcrit de Virgile, qu'un Grammai

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rien

rien de fes amis lui montra, où ces afpirations étoient frequentes. Cet ufage, fans doute, doit fon origine à l'Empereur Claude; car auparavant on ne le pouvoit fouffrir; témoin Catulle qui fe mocque dans une de fes Epigrammes d'un certain Arrius qui afpiroit ainfi plufieurs mots en parlant. *

Si l'on ne veut pas prendre néanmoins cette premiere lettre pour une demie afpiration, il pourroit fe faire que ce feroit un confone dont Quintilien témoigne que la Langue avoit autant befoin pour de certains mots comme conjicit & autres, que du Digamme pour ceux de fervus & de vulgus, parce que les Romains les prononçant d'une certaine maniere, ils n'avoient point de caracteres pour l'exprimer. Mais cette lettre auffibien que l'V, dit le même Auteur, a un fon moyen lorsqu'elle fe rencontre avec une voyelle. Et medius eft quidam V & littera fonus. D'où vient, ajoûte-t-il dans la fuite, que Ciceron

Et tunc mirifice fperabat effe locutum,

Cum quantum poterat dixerat, hinfidias.

Il croyoit avoir merveilleusement parlé lorsqu'il avoit af piré de toute fa force hinfidias & les autres mots qu'il

prononce.

Ciceron avoit accoûtumé de doubler I'I, lorfqu'il fe rencontroit devant une autre voyelle pour faire connoître quel fon pour lors cette lettre devoit former: Sciat etiam Ciceroni placuiffe aiio Maiiamque geminata I feribere. En ce cas il pourroit y avoir dans cette Infcription IO ICTRIX CENTURIA ou IO ICTRIA CENTURIONUM, comme les Anciens difoient io Paean, io himen, en de certaines fêtes :

Quam circum ruftica pubes;

Clamet io menfes,

dans Tibulle: ce qui marqueroit que Eleg. 1. ce morceau de cuivre feroit un Symbole ou un Diptyque pour quelques jeux, pour quelques Sacrifices, ou pour quelqu'autre affemblée, à caufe d'une victoire remportée, ou d'un avantage obtenu du Ciel ou du Prince. Ainfi on pourroit encore y entendre JOVI, OB, ¡ICTORIAM, CENTURIONUM ou JO VI OVABIT ICTRIX CENTURIA : ou JOVI OVANS, INCET CENTURIA. Ce qui n'eft pas fi fort éloigné de la vrai-femblance, puifque les

Anciens croyoient qu'en honorant Jupiter par de certains chants ou de cértains jeux, on étoit affùré d'obtenir ce qu'on vouloit, comme on le voit dans Efchyle:

Ζῆνα δέ τις προφρόνως
ἐπινίκια κλάζων,

τέξεται φρενών τὸ πᾶν:

& qui

Celui qui chante des vers, confacre des jeux en l'honneur de fupiter, obtiendra ce qu'il demande.

A propos de quoi je ne puis m'empêcher ici de croire que l'explication donnée par Monfieur Seguin à cette Medaille, qu'il appelle Britannique, n'eft pas jufte; d'autant plus qu'il laiffe une lettre fans exprimer ce qu'elle fignifie. [Voyez la Medaille dans la III. Planche, Figure 1.] Le Digamme furmonté d'une branche de Palmier, doit tenir, ce me femble, une place parmi les autres lettres de l'Infcription, & fignifier quelque chofe, ce qu'il ne dit pas néanmoins car à quel deffein l'auroiton mife? Cela eft échapé fans doute à ce fçavant homme & Pio Saturnalia io des foldats de Claude rapporté par Dion - Caffius l'a ébloui. J'aYouë

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