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vent tour pour l'exécution des choles difficiles, ou qui préfident à leur enteprife; & lon croit, ajoûte-t-il, que ces Dieux font ceux de SAMOTHRACE. Auffi Varron les appelle-t-il DIVI POTES: & prérend que c'eft le Ciel & la Terre: ce qui fait beaucoup pour mon fentiment, La connoillance des Aftres & des corps fublunaires font les refforts de cette fcience; la Phyfique en un mot, eft la Divinité feule qui préfide à la fabrique des fecrets dont je parle, & la caufe qui produit les effets que nous admirons. * Divi pores; dit lo fçavant Romain, font ceux qu'on appelle en Samothrace les Dieux puiffans, & ces Dieux font le Ciel & la Terre.

Les Anciens ont crû que quiconque étoit initié dans les Myfteres de Samothrace, avoit des préfervatifs contre les plus violentes attaques de la nature, les plus difficiles même à Pag.94, repouffer, & devoit être en fûreté contre tous les perils. Ce qu'on voit entr'autres dans le premier livre des Argonautiques d'Apollonius, fur quoi l'Interprete ancien qui dit qu'Ulyffe

avoit

*Divi Potes & funt pro illis qui in Samothrace Azoi duvaTol: hæc duo Cœlum & Terra. Varro lib. 4 de ling. Lat.

avoit été initié dans ces myfteres, confirme ce que fon Auteur en dit. Il fait néanmoins trois fortes de Divinitez, à qui il joint Mercure, & rapporte les noms barbares de ces Dieux, qu'il étoit défendu de reveler, comme AXIERUS, AXIOCERSA, AXIOCERSUS & CASMILUS qu'il appelle des noms de Cerès, de Proferpine, de Pluton & de Mercure

On a apparemment abufé de cette fcience & de ces fecrets dans la fuite; puifque faint Clement d'Alexandrie dans fon Difcours aux nations, détefte même celui qui l'a inventée ou qui l'a apprise aux habitans de Samothrace. Ce Philofophe au-refte s'appelloit Aetion. Je ne doute point par confequent que le Samothracia Ferrea n'en vienne, & ne fe doive expliquer comme j'ai fait ; d'autant plus que je vois encore cette efpece de Talismans confirmée par Ariftophane dans fon Plutus, lorfqu'il fait dire à un des perfonnages de cette Fable:

* JUST. Je ne crains rien de toi

maraut,

7e

* ΔΙΚ Οὐδὲν προτιμῶ σ8. φορῶ γὰρ πειάς

μενος.

Τὸν δακτύλιον τοδὶ παρ Ευδάμε δραχμής, Plus Act. 4. Scen. 3.

Je porte un antidote, une Bague qui

vant

Une dragme: Eudamus l'a faite & l'a vendue..

Ne donne-t-il pas à juger qu'il entend par ce mot de Bague, un antidote propre à preferver du mal, ou à le repouffer; puifque le Scholiafte grec dit que cet Eudamus étoit un Philofophe, qui faifoit des Anneaux dont la vertu particuliere étoit de chaffer les démons, les ferpens, & les autres chofes nuifibles, & qui guériffoient ceux qui avoient été mordus des Serpens. Auffi le Poëte prouve-t-il enfuite que c'eft dans ce fens qu'il faut prendre l'endroit que je viens de citer, puifqu'il fait ajouter par le valet de Chremylle:

*CHAR. Mais il n'eft point & Antidote efficace.

Qui preferve ou qui chaße Le poifon que répand un calomniateur Par fa morfure.

Sur quoi le Commentateur rapporte que les Anciens ont crû qu'il y avoit

Tom. 11.

B

dans

* ΚΑΡ. ἀλλ ̓ ἐκ ἔνες, συκοφάντε δήγματος.

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dans de certains Anneaux qu'ils appelloient φαρματικοι ou φυσικοί une vertu fatale, & prefque magique, pour repouffer le mal, ou pour fe procurer quelque avantage, tel qu'étoit l'Anneau de Gygès. Ces Anneaux au-refte étoient creux & à jour, comme on le voit dans Artemidore, où il eft dit, qu'ils paroiffent plus gros qu'ils ne font lourds. Il falloit même qu'ils fuffent bien communs, puifqu'ils ne valoient qu'une dragme; ce que je remarque encore dans Antiphanès ciτέ par Athenée, où ce Poëte fait dire à un de fes Acteurs, qu'il ne fe porte point mal; mais que fi les tranchées le prennent, il a acheté un Anneau que Phertatus lui a vendu une drag

me.

Aelien au Livre 5. de l'Hiftoire des animaux en fait la defcription d'un, dont il dit avoir vû l'effet auffi-bien que les myfteres & la fabrique; & cet Anneau étoit bon contre le mal des yeux. Les Egyptiens de qui la plûpart des autres peuples ont appris le fecret de ces Anneaux, avoient auffi d'autres Talifmans pour toutes les parties du corps; & c'eft peut-être pour cela qu'on trouve tant de petites figures differentes de Dieux, d'hom

mes

mes & d'animaux dans les tombeaux anciens de ce païs. Elles font la plu part de terre de toutes couleurs, ou d'une pierre luifante comme le Talc. Je trouve, Monfieur, affez à propos pour finir cette remarque, une Pierre dans le livre de Monfieur Chaduc, qui paroît avoit été gravée ou fabriquée, comme il vous plaira, selon les regles de la Philofophie Samothracienne. Lavertu de cette Pierre étoit apparemment ou pour réuffic dans une négociation de paix, ou pour un autre fujet approchant. Car il y a au milieu une maniere de Caducée, & au-tour ces mots pour legende, SAMOT. REX. GAL. PAX. Mais, Monfieur, vous en jugerez mieux par le type même que j'en donne dans la 1. Planche Figure 1. & vous en expliquerez les mysteres plus aifément que moi. Si elle ne vient point à mon fujet, le terme de SAMOT. m'aura trompé. Je ne fçache pas neanmoins à quoi l'on pourroit l'attribuer; car il n'y a point eu de Roi des Gaules ou de Galatie de ce nom ; & l'impofture qu'Annius de Viterbe a fondée fur une corruption du paffage de Diogene Laërce, felon Cafaubon, ne peut être ici d'aucune autorité.

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