tiplié leurs besoins, & ces differens fa femme l'ayant que de Monnoye*, quoiqu'il y eût tant d'or & d'airain. Ces Refarions néanmoins écoient fausses; car Philostrate rapporte dans la vie d'Apollonius", que ces peuples du tems de ce Philofophe avoiene des Mona noyes d'Oricalque ou d'Archal, com I * νόμισμα δέ έκ επίσαθαι. . mone que me 1 Ludere de alie me nous l'appellons, & de Bronze. Les Histoires de l'Amerique nous disent , qu'on ne commerce encore que par échange parmi les peuples. qui ont occupé depuis tant de fiécles ce vaste Continent. Et le sçavant Monsieur Scheffer dans fa Délcription de la Laponnie , allûre qu'il n'y a pas un siécle que cette Nation , a la connoissance & l'usage de l'argent monnoyé. Les premieres Monnoyes , avec beaucoup d'apparence, n'étoient pas de matiere exquise. C'est de-là que vient ce proverbe , Jouer du cuir no co- d'anirui; ou pour mieux dire , Faire quelque chose aux dépens d'autrui; parce que la Monnoye a été de cuir originairement , ou d'autre matiere Ex af-aufli vile; témoin cette distribution fcortcis . que Numa fit au Peuple de fons de cuir. L'étymologie que les Grammairiens ont donné au mot de pe. cunia , le justifie encore ; & peutêtre n'a-t-on mis des figures de Bæufs ou d'autres animaux sur les premieres Monnoyes d'airain , que pour marquer qu'elles étoient de même valeur que celles de cuir. Car les anciennes Monnoyes d’Athenes, dit Pollux , étoient même appellées du no. * nom nom de Bæuf , d'où vient ce proverbe , Le Bauf a monté sur sa langue , lorsque quelqu'un se taisoit gagné par argent. Les plus anciennes donc se distinguoient plûtôt par leur nom & par leur grolleur, que par leur figure & leur métal. Mais les Nations venant à se diviser, leurs interêts se sont aufk partagez , & les métaux les plus précieux font devenus néceflaires , pour ainsi dire, pour les reconcilier en quelque façon , ou pour entretenir du moins la communication qu'el-. les doivent avoir naturellement ensemble. C'est la défiance que les homnies ont eu les uns des autres , qui a imprimé tant de caracteres differens sur les méraux ; car il est certain qu'ils ne fe figuroient point dans les commencemens ; & les Monnoyes qu'ils s'en font forgées , ontété le symbole de la bonne foi , dont chaque peuple se vantoit en particulier. Enfin l'ambition étant crue les Etats augmentez , elles sont tellement devenuës le principe de leur mouvement & de leur en tretien , que Solon leur donne un privilege & une fonction auffi excelque celle des Loix, en les com parant lence parant ensemble. * Les Monnoyes , dit ce Legislateur , au rapport de Demofthenes contre Timochrate sont introduites pour l'avantage la conservation particuliere des Citoyens : or les Loix sont dans ce sens la Monnoye des Republiques. A-mesure que les hommes ont appris à épurer les métaux , a mesure qu'ils ont appris à les séparer & à leur donner des noms, on a vû aug , . menter dans leur cæur l'envie de les poffeder ; soit que la corruption ou la nécellité leur ait inspiré ce penchant. L'experience qu'ils ont eu des fecours qu'on en a tiré, leur a fourni sans doute beaucoup de motifs pour le justifier ou pour ne le pas combattre. Il y a long-tems qu'on a dit que ce penchant est le ressort du monde, le but & la fin de toutes nos actions. Aulli, dit un Poëte Grec, a Dans le.fiécle ou-nous sommes L'a 'argent cst en tous lieux l'ame o le fang des hommes. Nôtre * Αργύριον μεν , νόμισμα ειναι των ιδίων συναλλαγμάτων ένεκα , τοις ιδιώταις εύρημένον. τους δέ τόμες ηγείται της πόλεως Toplo pa eiydi. Demosth. adverf, Timocrar. p. 80s. Edic. Francof. 1604. 5 το αργύριον εστίν αίμα και ψυχή βροτοίς. Nôtre Proverbe, Qui perd son argent', perd son sang, en vient apparemment. L'éloquence & la béauté, felon Horace, suivent ceux que les trésors accompagnent : * Celui que l'on croit riche est ai mable sçavant. On devient par - li le maître de fa fortune , dit Petrone , & Il conduit à son gré le char de fa fortune. C'est ce qui fait tout obéir, c'est ce qui fait tout régner. Celui des deux freres Amulius & Numitor qui choisit pour son partage les trésors de son Pere , en obrint bien-tôt la couronne par le des troupes qu'il leva. C'est pourquoi Socrate, dans une de ses Lettres que Leo Allatius nous a donnée, en répondant à un Prince qui lui offroit des trésors & le gouvernement de son Royaume , pour l'attirer * Et bene nummatum decorar suadela Venuss que. § Fortunamque suo temperat arbitrio. |