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rain, parce qu'il avoit perfuadé aux Atheniens de frapper de la Monnoye de ce métal: mais fi ce Rheteur n'eft pas ancien, comme il y a bien de l'apparence, il femble que l'or & l'argent aient été les premiers métaux employez dans la Monnoye, comme l'endroit d'Herodote, joint à ce que l'Ecriture ne parle que de l'argent, le peut faire foupçonner avec affez de vrai-femblance. Julius Pollux ne fçait cependant fi Pheidon fut le premier Grec à qui on doive attribuer cette invention; files Atheniens & ceux de Lycie l'ont apprife d'Ericthonius ; fi Xenophanes en a été l'Auteur chez les Lydiens; ou fi ceux de l'Ile de Naxos l'ont enfeignée aux autres peuples, & leur ont procuré cet avantage, felon l'opinion d'Aglofthene.

Il n'eft pas aifé non-plus de déterminer quand les Monnoyes ont été figurées. J'ai dit ailleurs que la défiance des hommes a imprimé des caracteres differens fur les métaux; que leurs premieres Monnoyes ont été des gages de la bonne foi dont chacun fe vouloit faire, honneur. Selon Caffiodore, les Gaulois font les premiers qui ont employé les

métaux

C. X.

métaux pour les befoins de leur commerce. Mais je ne fçai pas précifément quels peuples ont commencé à les caracteriser, ni pourquoi J. Pollux Liv. 9. a crû que cela n'étoit pas digne de la curiofité. Lucain ce me femble fait plus judicieusement remonter plus haut l'origine de l'une & de l'autre invention, en l'attribuant à Ithon Roy de Theffalie & fils de Deucalion, qui étoit un Héros des Fables.

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Primus Theffalicæ rector telluris Lib. 6. Ithonus

In formam calidæ percuffit pondera maffæ,

Fudit & argentum flammis, au

rumque moneta

Fregit, & immenfis coxit fornaci

bus æra.

Ou comme les a paraphrafez Monfieur de Brebeuf.

C'est là, foible Ithonus's que tes
vœux imprudens,

Livrerent les métaux à des brazier's
ardens;

Qu'on imprima fur eux de cruels

caracteres,

Qui firent des tréfors la fource des

Carme 402.

miferes.

11 y a bien de l'apparence que le Poëte a voulu dire par ces vers, qu'Ithon a été l'auteur & de la divifion des métaux & des figures qu'on y a imprimées. Ce qui a été établi dans. fon Royaume par une Loi, & ce qui a fervi de régle aux autres Etats. Les caracteres, les figures étoient la Loi & l'affûrance du commerce: d'où le terme de vos vient fans doute. Je trouve pour appuyer ma conjecture, que ce terme a été donné à la Monnoye par les Grecs Doriens qui s'établirent en Italie & en Sicile. Or la Doride eft une Province de Theffalie dont Ithon étoit Roi. Ariftote, dit Pollux, rapporte dans fon Traité des Républiques, que les Tarentins apelloient leur Monnoyeμuos, & qu'ils y gravoient Taras fils de Neptune porté fur un Dauphin. Et ne puis-je pas ajoûter, que ce Taras & ce Neptune font peut-être Deucalion & Ithon; & que ce dernier, comme auteur des caracteres de la Monnoye, y a été gravé lui-même par les Peuples qui fe tenoient originaires de la Province où il avoit regné. Ceux d'Athenes, apparemment, ont imité enfuite cette invention car Homere parle de leurs bœufs; ce que J. Pollux reconnoît

auffi. Quelques-uns néanmoins, ajoûte cet Auteur, croyent que c'étoit une Monnoye de Delos ; ce qu'ils conjecturent fur une coûtumé qui s'ob fervoit dans cette lfle. Et en effet Pline femble reconnoître que l'ufage de mettre l'airain en œuvre, y eft très-ancien. Antiquiffima aris gloria Deliaco fuit.

Au-refte, Monfieur, malgré toutes ees opinions differentes, il eft plus vrai-femblable que les Hebreux ont montré aux autres nations du monde à fe fervir des métaux dans leur commerce, & dans les befoins ordinaires. On en voit des preuves, dans la Genese * Ouvrage plus ancien même que les Peuples & les Princes qui fe font attribué la gloire ou à qui les Auteurs veulent donner l'avantage de cette invention. Il n'est pas bien certain néanmoins fi là Monnoye de ces païs avoit des figures, ou quelles étoient ces figures. Le probata moneta dont l'Ecriture fe fert, ne veut rien dire autre chofe, que du métal

K;
K 3

* Terra-quam poftulas quadringentis ficlis argenti valet. Gen. 23. 15.

Quadringentos ficlos argenti probata moneta.

Ibid. 16.

Benjamin dedit trecentos argenteos. Ibid. 45, 226

ME

PLOTEZ

NOYE.

métal pur & fin, comme dans Pollux, εὐδόκιμος δὲ ν γυγάδας χρυσός, probatum eriam eft aurum Gygadum, ce qui veut dire l'or de cette Monnoye eft fin & épuré; & quoiqu'il foit parlé de Sicles en cet endroit, il est bien aifé de voir que cela vient ou des Septantes, ou de ceux qui en ont fait la compilation, & qui fe font fervis du terme qui avoit cours de leur tems, non feulement chez eux, mais même dans les Provinces voifines.

DES On trouve donc de ces Monnoyes TAUX qui font nos Médailles d'aujourEM- d'hui, de tous métaux, ou purs ou EN mêlangez, de tous poids & de touMON- tes figures; car on n'a pas toûjours travaillé fur le fin, comme difent les Monetaires, ni attribué fouvent à la même maffe une femblable valeur, comme on le peut voir dans certaines Médailles de Brindes. Mais on a mixtionné l'or, l'argent & le cuivre selon l'occafion & les néceffitez de l'état. On les a estimez dans chaque païs à proportion des métaux qui leur étoient plus rares, ou dont ils abondoient davantage. L'or des Gygades & des Dariques étoit pur felon Pollux › & l'on appelloit de l'argent fin celui des Monnoyes d'Ariande.

Timothée,

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