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Timothée, au rapport de PolyeAus, faifant la guerre avec Perdicas contre ceux de Chalcis, mêla l'airain de Chypre avec l'argent de Macedoine, & fit frapper une Monnoye pour payer fes troupes qui pefoit cinq dragmes, dont il n'y en avoit que quatre d'argent. Perdicas encore, dit le même Auteur, manquant de Monnoye d'argent dans cette guerre, en compofa auffi une qui étoit mêlée d'étain & d'airain, pour fatisfaire aux befoins de fon armée. Zonare rapporte que les Romains du tems de Hieron Roy de Sicile commençoient à alterer leur Monnoye d'argent en y mêlant de l'airain; & du tems de Caracalla tout étoit encore bien plus alteré, puifqu'au lieu d'efpeces d'or & d'argent, cet Empereur, dit Xiphilin, ne faifoit fabriquer que du plomb argenté & de l'airain doré. Ce qui ne s'eft pas toujours fait néanmoins, puifqu'on a auffi des Monnoyes de cet Empereur de bon aloi. C'eft de cette maniere que dans la fuite, les Saxons tromperent les Lombards en commerçant avec eux. Ils leur donnoient, dit Paul Diacre", de certaines verges d'or falfifiées ou d'airain doré, ce qu'ils reconnurént

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dans

dans la fuite & s'en vengerent.

A-propos de cette figure, Plutarque raporte dans la vie, de Lyfander, que toute la Monnoye ancienne étoit faite ainfi, c'est-à-dire, en petites broches de fer, & en quelques lieux de cuivre : d'où vient le terme d'obole pour la petite Monnoye, & celui de dragme, qui étant compofé de fix oboles, étoit ce que la main en pouvoit enfermer, du terme grec, gideάTTETα, qui veut dire, tenir embraffer. Ce qui eft auffi confirmé par J. Pollux, qui les appelle aiguis βγπόροισι, les Anciens, dit-il, fe fervoient d'oboles aiguës que ce Grammairien fait venir fur le rapport d'Ariftote, d'un terme qui fignifie augmenter; car c'étoit d'abord la plus petite divifion de la Monnoye, & depuis on a vû à Athenes des demi- oboles.

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Il femble que la ville de Carthage n'ait eu que des Monnoyes de cuir, au rapport d'Ariftide. Je ne fçai, à vous dire le vrai, fi cet Orateur entend parler de celle qui fut détruite par Scipion, ou de celle qui étoit rétablie de fon tems. Tant que la Republique de Lacedémone a fubfifté, elle n'a point eu d'autre Mon

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hoye que de fer éteint avec du vinai gre. Les Clazomeniens n'en avoient point d'autre métal; & ceux de ByZance même du tems d'Ariftide Orateur du bas Empire, n'en admettoient non-plus que -plus que de cette matiere, comme on le voit dans la feconde Platonicienne, où il dit que * les foldats Bizantins en ne recevant ni or ni argent, mais du fer ne croyoient pas pour cela ne point recevoir la folde qui leur étoit dûë. C'étoit encore la Monnoye des anciens Bretons

Denis Roy de Sicile en fit battre d'étain, au rapport de Pollux, qu'il répandit dans Syracufe au-lieu d'argent. Une piece de cette Monnoye pefoit quatre dragmes Attiques, quoiqu'elle n'en valut qu'une & c'est comme il faut entendre le paffage de Pollux §. Raderus, dit ee me. femble quelque-part que dans la Taprobane & chez les Négres, on KS

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* ἐδὲ γὰρ ἐι Βυζάντιοι σιδήρω νομίζεσι, τότε χάριν εἰσὶ δίκαιοι τῶν Ελλήνων κατα γελῶν. ὁ δ ̓ ἧττον τι δοκειν ἂν φέρειν μισθόν, ὅτι 8 χρυσίον ἐδέ ἀργύριον φέρωσιν.

5 καὶ τὸ νόμισμα αυτῶν τέσσαρας δραχ μας αττικὰς ἰσχύεται, ἀντὶ μιας,

ne connoiffoit point autrefois d'autres Monnoyes que de plomb. Erafme dit qu'en Angleterre de fon tems, il y en avoit encore qui étoient de ce métal. Il faut que les Romains en ayent eu du-moins en quelqu'endroit de leur Empire, puifque Plaute & Martial en parlent. Je trouve que Pignorius dans fon Traité De Servis & Lipfe font de mon fentiment; que Monfieur Seguin en rapporte plufieurs dans fon Recueil; que Monfieur Patin dans fon Hiftoire des Médailles,

poffeder de Confulaires, d'Imperiales & de Grecques; & que j'en ai moi-même que je crois abfolument antiques, & qui ont été jugées telles par les habiles.

Comme il s'en trouve effectivement d'antiques, cela a fait croire à beaucoup d'Antiquaires qu'elles étoient fauffes, & que les loix en avoient défendu le cours dans le centre de l'Empire; ce qu'ils appuyent par les termes de la Loi ge. au ff. 38. Tit. 10. ad legem Corneliam de Falfis. Cependant, Monil n'est pas bien certain en

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Eâdem Lege exprimitur, ne quis nummos fta

gneos, plumbeos emere, vendere dolo malo vellet.

core fi cette efpece de Monnoye étoit commune ou ordinaire dans Rome en tout tems, & fi l'ufage effeativement en a été défendu a été défendu par la Loi que je viens de rapporter. Ces deux points font, à mon fens, deux difficultez, ou qu'on n'a point comprifes jufqu'à prefent, ou qu'on n'a pas prévûës. A l'égard de la Loi, je la crois corrompue & mal entendue tout-enfemble. En l'examinant comme il faut, je n'y trouve point cette défense précise de mettre en commerce des Monnoyes de plomb. Ce qui a pû tromper ceux qui l'ont prife ainfi, c'eft qu'il eft dit au commencement de cette Loi, que ceux qui falfifieront l'or ou l'argent, feront coupables du crime de faux: Lege Cornelia caveinr ut qui in aurum vitii quid addiderit, qui argenteos nummos adalterino's flaverit, falfi crimine teneri. Ils ont crû de même que la Loi impofoit une femblable peine à ceux qui employeroient dans l'ufage des Monnoyes de plomb.. Mais ce qui me fait juger du contraire, c'eft que felon les Anciens, cette Loi n'a été faite que pour défendre aux particuliers de fabriquer de la Monnoye. Ce qu'Afconius Padianus

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