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dianus confirme entr'aurres fur un endroit de Ciceron. La Loi Cornelia, dit-il, qui regarde la Monnoye est établie pour défendre aux particuliers d'en fabriquer de leur propre autorité. Lex Cornelia nummaria, que de Moneta, ne quis privatus pecuniam faceret. Ainfi lorfqu'il eft dit dans cette Loi, Eadem lege exprimitur, ne quis nummos ftagneos plumbeos emere vendere dolo malo vellet: La même Loy défend encore d'acheter & de vendre fans permiffion ou frauduleufement des Monnoyes de...... & de plomb. I ne ne paroît pas qu'elle ôte la liberté de fe fervir des Monnoyes de plomb, comme d'une Monnoye décriée ou défenduë; elle veut feulement qu'il ne foit pas permis à toutes fortes de particuliers indifferemment d'en fabriquer & d'en debiter, non-plus que des autres Monnoyes; ce droit feul étant réfervé à la République, & aux Magiftrats qu'elle a commis pour cela. C'eft pourquoi non feulement il est défendu par cette Loi d'alterer les métaux, mais de fabriquer de la Monnoye en general, fous peine de devenir coupables du crime de faux, quand même elle fe

ro fincere & de bon aloi. Et en effet, aujourd'hui un homme feroit toûjours reputé faux-Monnoyeur, qui prendroit la hardieffe de fabriquer de la Monnoye chez lui, quelque bonne qu'elle fût.

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Sur ce fondement, je foûtiens que ces termes de la Loi, Eadem lege exprimitur, ne quis nummos ftagnees plumbeos emere vendere dolo malo vellet, font corrompus, & qu'il les faut lire ainsi, ou ou à-peu-près :: Eadem lege exprimitur ne quis nummos fcilicet aureos & argenteos plumbeofve temerè vendere dono mato vellet. Il est encore défendu exprefément par la méme Loi à tous les particuliers, de s'ingerer fans autorité de vendre des Monnoyes d'or, d'argent ou de plomb. Outre les raifons que j'ai apportées qui peuvent prévenir cette correction, le mot de stagneos qu'on lit dans nos Editions, & qui n'a point de fens, confirme ma conjecture, & me fait croire aifément que les mauvais Copiftes l'ont abregé fur ceux de scilicet aureos & argenteos, foit que le fcilicet fût abregé de cette maniere, ft, & le refte de même. Car pour ftanneos que les Antiquaires y

mettent

mettent à la place, je ne crois pas qu'il y foit jufte, puifqu'avant Probas, Aurelien & Diocletien, comme Savot le reconnoît, je ne fçache pas qu'il y ait des exemples de Médailles d'étain ou étamées dans l'Empire, ni qu'aucun Auteur ent parle.

A l'égard du mot de temerè que je fubftitue au- lieu d'emere, il est aifé de voir que cette correction ne s'éloigne pas beaucoup de la lecture ordinaire, & que temerè veut dire en cet endroit fans aucune autorité, comme je pourrois en donner des exemples. Si ce n'eft qu'au - lieu de cet adverbe, on y voulût fubftituer le verbe cudere; mais il ne viendroit pas fi bien en cet endroit, parce que cette défenfe de fabriquer de la Monnoye étoit déja faite dans ce qui précede cet article. Au-refte ce qui me fait encore infifter fur cette correction d'emere, c'eft que ce n'étoit point un ufage dans l'Empire du tems de Sylla qui a publié cette Loi, d'acheter des Monnoyes frappées ailleurs; puifque long-tems aupara- vant, c'eft-à-dire vers 525. ou environ de la fondation de Rome,

il

fut ordonné par la Loi CLODIA,

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qu'on

qu'on frapperoit dans les terres de la Republique les *Victoriats qui fe fabriquolent auparavant dans l'Illyrie, & qui étoient les feules Monnoyesqui s'y achetoient, dit Pline, comme les autres marchandifes. Or c'est à-peu-près dans ce tems- là que les Romains firent la guerre aux Peuples d'Illyrie & qu'ils rompirent par confequent le commerce qu'ils avoient

avec eux.

Ainfi, Monfieur, cette Loi que je viens d'expliquer bien entenduë, témoigne qu'il y a eu effectivement des Monnoyes de plomb, & renverse l'opinion de ceux qui ont crû qu'elles avoient toûjours été défendues comme faulles & comme n'étant point en usage. Cela fait voir qu'ils n'ont pas entendu les endroits de Martial & des autres, où il en eft parlé, puifqu'ils n'ont point employé un nom de fauffe Monnoye pour parler de la plus petite, & qu'au contraire ils fe fervoient des termes & des noms de la plus petite Monnoye pour exprimer la fauffe. Il en étoit de même parmi les Grecs: leur xóa étoit une très-vile & très

petite

* Antea enim hic nummus ex Illyrico advectus mercis loco habebatur. L. 33. G. 3•)

petite Monnoye chez eux. Ils se ser: voient de ce terme néanmoins lorfqu'ils vouloient témoigner du mépris pour quelque chofe comme fauffe, quoique le xóμμ fût une veritable Monnoye. Surquoi l'interprete Grec d'Ariftophane, dit que les Anciens avoient accoûtumé de fe fervir du nom des plus petites Monnoyes, lorfqu'ils vouloient parler de la mauvaife. C'est pourquoi lorfque Plaute a fait dire à un de fes Acteurs,

Tace fis faber qui cudere foles plumbeos Nummos »

Il faut expliquer ainfi cette maniere de parler,

Tais-toi miferable, homme de pow de chofe, comme ton métier & tes ouvrages.

Le Kino faifoit encore chez eux la même fonction; c'étoit une méchante petite Monnoye d'airain, dit Scaliger dans fes Converfations, dont le nom eft pur Syriaque', & fignifie de plomb fans changer aucune lettre ; d'où vient qu'ils appelloient xip duλ01 ce qu'ils croyoient mauvais & falfifié.

Je

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