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pofé ma conjecture, & j'ai trouvé qu'il interpretoit de la Monnoye l'Enigma des vers de Prudence que j'ai rapportez.

que

LES

DAIL

Vous trouverez dans les Médailles le nom de beaucoup de Princes M Ele malheur des tems & la perte d'u- LES. .ne infinité d'hiftoires nous ont dérobé. Vous y trouverez beaucoup d'évenemens qui les regardent, & beaucoup de leurs exploits enfevelis dans l'oubli jufqu'à -prefent; la Chronologie foit de leur régne, foit de l'Epoque des Villes & des Empires; les differens habillemens de chaque tems & de chaque païs; les Divinitez de tous les Peuples, leurs attributs, les chofes qui leur étoient particulierement confacrées, les facrifices qui leur étoient propres, leurs Temples & leurs Autels. Vous apprendrez le nom d'une infinité de Villes qui ne font plus, ou qui en ont changé; celui des Provinces, & les fruits qui y naiffent: celui des Peuples & leurs occupations; le nom des Montagnes, des Fleuves, des Ports, & quelquefois la fituation de tout cela.

Ces Monnoyes, qui n'étoient au-
que les arres & les Symboles

trefois

,

du commerce & des premiers be foins puifqu'elles n'étoient marquées que, d'un boeuf ou d'un mouton, comme on le voit dans l'Ecriture, felon l'opinion commune, & dans les Auteurs qui ont parlé des plus anciennes ; ces Monnoyes, dis-je, ont été les dépofitaires de ce que les Païs renfermoient de plus fingulier, & de ce que les Peuples & les Princes avoient fait de plus confidérable*.

D'où vient que tant de grands hommes, principalement ceux qui aimoient les Sciences & l'Hiftoire, s'en font fait fouvent une étude & ont bien voulu fe donner la peine de publier les remarques qu'ils en avoient faites. Ils ont montré par-là qu'elles étoient utiles pour la gloire des lettres, & de ceux qui les ont cultivées; puifqu'il eft fans doute que † Varron & Atticus ont tiré de ces Monnoyes beaucoup de têtes naEurelles pour compofer le Trophée

qu'ils

* Monetamque facis de noftris temporibus fu tura fæcula commonere, Caffiodor. lib. 6. Variar. For21. 7.

† Le dernier en avoit publié jusqu'à Sept cens,& 1 avoit joint un éloge on vers à chagus,

qu'ils ont confacré à la vertu des grands hommes.

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On les croyoit fans doute autrefois fort utiles; & lorfque les Romains fe font attachez à la politesse & à cultiver les fciences, ils en ont fait des Cabinets. Ne falloit - il pas qu'Augufte en eût fait un amas trèsconfidérable, puifqu'aux Saturnales, comme dit Suétone, il avoit accoutumé de donner à fes amis non feulement des Monnoyes de tous prix & d'expreffions differentes * de celles même qui étoient frappées au au coin des anciens Rois: mais encore des pieces étrangeres qui n'avoient jamais eu de cours dans l'Empire? Au moins, Monfieur, › par le mot d'étrangeres, j'entens toutes celles qui n'étoient ni Grecques ni Latines, mais qui néanmoins ayant été frappées chez des peuples civilifez, ne pouvoient manquer d'apprendre quelque chofe du tems, du lieu, ou des Princes qui les ont gouvernez, comme les Gauloifes, les Puniques, les Hetrufques, les Phéniciennes, fous lefquelles on a fouL3 vent

Modo nummos omnis notæ, etiam veteres Regios ac peregrinos dividebat. Sueton. in Augufto, n. 754

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vent compris les Hebraïques, les Syriaques, les Affyriennes, ou les Caldaïques les Samaritaines, les Arabiques & celles d'Egypte, foit anciennes, foit Coptes. Il falloit cependant qu'elles entraffent dans le commerce, & qu'elles fuffent en poffeffion d'être utiles: car à quoi bon en leguer l'ufufruit, comme parle Sextus Pomponius celebre Jurifconfulte fous Alexandre Severe ? Quel autre ufage en pouvoit - on faire que pour l'Hiftoire & les belles Lettres?

Je ne nie pas néanmoins qu'on n'en ait pu faire un abus, & qu'on n'en ait amaffés plutôt par magnificence,

pour l'ornement des lieux où les Anciens faifoient leurs feftins, comme le dit Seneque, que pour fervir d'inftrument & de matiere à leurs étu des. L'amour de l'étude n'en a pas toûjours été le motif, mais l'ambition & la volupté: La magnificence n'y avoit pas même part toute seule t, pour me fervir

* Numifmatum aureorum vel argenteorum ve terum, quibus pro gemmis uti folent, ufus fructuslegari poteft. Leg. 28. ff. de ufuffr.

SNon ftudiorum inftrumenta, fed cœnationum ornamenta funt. Seneca L... de tranquillit, animi p. 683. Edit. Parif an. 1627.

† Non fuit elegantia illud aut cura, fed ftudiofa. Juxuria. Ibid.

fervir, encore de fes termes; mais la vanité & le plaifir ridicule qu'ont les grands ou les riches de faire des excès en tout. Auffi fe plaint-il que de fon tems, on, ne faifoit pas des Bibliotheques pour le befoin qu'on en avoit, mais par grandeur & pour l'ornement des Palais Nous voyons, dit-il, àprefent qu'on fait une Bibliotheque comme une symetrie neceffaire & un ascompagnement à la Maison, de méme que les Bains & les Thermes*. Mais quelque abus qu'on ait pu faire autrefois des Monnoyes dont je parle, comtant de gens que vous connoiffez en font encore à prefent, c'eft l'utilité qu'on en a tirée d'abord qui en a fait connoître & qui en a introduit l'usage, qui les a fait rechercher avec empreffement, & qui en a procuré des amas affez confiderables pour donner lieu aux Legislateurs d'en déterminer la poffeffion.

J'avoue cependant, Monfieur, de bonne-foi, que ce ne fût point ce motif-là qui m'en donna la connoiffance: le feul deffein de réjouir mon

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Jam enim inter balnearia & thermas bibliotheca quoque, ut neceffarium domus ornamentum, -expolitur. Ibid.

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