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grande partie de ces Médailles, est d'en composer une fuite de Divinités, comme l'a fait le R. Pere Jobert, qui fait remarquer en cela une partie de ce difcernement qu'il a pour toutes chofes. Comme il a joint à ce Recueil toutes les Imperiales & toutes les Grecques qui reprefentent de même les Divinitez payennes, l'amas qu'il en fait fera un jour un des plus curieux qu'aura produit la recherche de ces fortes de Médailles : & les Commentaires que ce favant Jefaite y ajoûte, malgré les occupations continuelles, feront connoître qu'il eft capable de tout entreprendre & de tout exécuter heureufement. On les diftingue aifément en ce qu'on n'y voit point les têtes connues des Empereurs, hors Jules, Augufte, Tibere & peut-être encore quelques autres, mais qui ne font pas auffi en grand nombre. On reconnoît les Confulaires de ces Empereurs, en ce qu'à la tête ou au revers, il y a toûjours le nom de quelque Magiftrat Romain, comme Triumvir Monetaire, ou Quefteur ou Proquefteur, ou Proconful, on Intendant, qu'ils appellent Legatus. Les Grecques néanmoins ne font pas

de

de ce genre, quoiqu'on y trouve des noms de Magiftrats: parce que ce ne font que des Officiers particuliers des Provinces ou des Villes, dans lefquelles & par l'ordre de qui les Monnoyes ont été frappées.

Savot a donné dans fon Livre une lifte des plus rares : mais la plûpart font devenuës communes par l'amas qu'on en a fait depuis, & la quan tité qu'on en a découvert & qu'on a aportée des païs étrangers. Vous n'aurez pas de peine à en difcerner les têtes naturelles; & les legendes curieufes ou hiftoriques vous exciteront affez à les choifir plûtôt que d'autres car je crois qu'il n'y a que celles - là qui meritent qu'on les recherche & qui puiffent procurer quelque fecours pour l'intelligence des livres. On y trouve des Rois de Rome comme ROMULUS fous le nom de QUIRINUS. NUMA. ANCUS. TULLUS dans la famille Pompeia. Des Rois de Mauritanie, de Numidie & de Macedoine, comme PHILIPPE, JUBA l'ancien dans une Médaille de petit bronze chez Monfieur Dron. BOCCHUS, JUGURTHA & une infinité d'autres grands Personnages

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reprefentez fimplement, ou fous la figure des Divinitez. A l'égard de elles qui n'ont ni tête ni inscription finguliere, c'eft une folie d'en croire une plus eftimable & plus chere que l'autre ; & c'eft être la plus dupe du monde, que de fe laiffer perfuader par les difcours de ceux. qui les vendent, & de mettre sa bourfe à leur difcretion pour une petite piece qui ne fatisfait la plûpart du tems ni l'imagination, & ne contribuë rien à la fcience. C'est l'avidité & la malice de certains Marchands de toutes robes qui a établi le plus ou le moins de prix de ces Médailles; auffi-bien que des autres, qui détruifent par leur cacothecnie le merite de l'antiquité, & qui éloignent de fa recherche ceux qui bien fouvent feroient les plus capables d'en profiter, & de procurer aux Lettres des avantages confiderables.

Comme je ne parle ici que des FAUS- Médailles antiques. & qu'on y peut FALSI- faire beaucoup de fourberies, puifFIE ES. qu'on remarque tous les jours qu'on en fabrique & qu'on en vend de fauffes; il n'eft pas mal-à-propos, Monfieur , que je vous dise comment on peut difcerner les antiques

d'avec celles qui ne le font pas. En voici quelques régles generales que j'ai apprifes ou des curieux, ou par mon experience particuliere.

Les antiques fe diftinguent d'avec les modernes par un certain vernis pour celles de bronze, qui ne fe peut imiter, quelque foin qu'on y apporte

Les anciens Médailliftes difent qu'il eft prefque impoffible de trouver deux Médailles de même coin qu'il n'y en ait une de fauffe. Ils ne rendent point raison de cette ̄régle; ils foutiennent feulement que l'experience l'a faite, & ne l'a point encore démentie. Je fçai pourtant que de très-habiles gens commencent à en douter, & prétendent même qu'on en peut faire des experiences. contraires. En effet n'a-t-on pas trouvé une grande quantité de Médailles d'un même Empereur, dans des lieux où il y avoit des Officines de Monnoye ainfi je ne doute point que fi on les avoit conferées enfemble, on n'eût trouvé le contraire de la régle dont je viens de parler : & je crois que ce qui a fait dire cela aux Antiquaires, c'est qu'ils n'ont pas pris garde que cette difference qu'ils remarquoient

marquoient venoit du plus ou du moins de l'ufure, & de la qualité du métal qui conferve cuelquefois mieux les figures l'un que l'autre, & que de certaines terres font plus d'impreffion fur de certains métaux que fur d'autres. On les contrefait en les moulant, ce qui fe remarque par de petits grains ou de petits creux que le fable a laiffez. Ces moulées font plus legeres à caufe de la rarefaction que caufe le feu qui fait occuper plus de place au métal. On en trouve néanmoins de très - antiques qui n'ont été que moulées; & il eft à croire qu'il y avoit des lieux où on ne s'en fervoit point d'autres : & il n'y a gueres que l'usage qui faffe difcerner ces fortes de Médailles. Les traits des figures dans les moulées modernes ne font pas fi vifs que dans les frappées, mais arondis & plus

émouffés.

Les fentes qui fe trouvent au bord de ces Médailles, ne fe terminent pas en lignes capillaires qui fe perdent infenfiblement comme dans les antiques: ce qui arrive par l'effort du coin.

On remarque encore des coups de lime en quelques endroits des bords des Médailles moulées, ce qu'on eft obligé

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