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Suetone, il avoit encore fait plufieurs Ouvrages qui fe font perdus ; comme une partie de celui de la vie des Rheteurs, & celui de la vie des Poëtes. Aulu-Gele, Servius, Tzetzès & Suidas citent encore plufieurs de fes Ouvrages, comme celui des Jeux Grecs, des Spectacles Romains, de la Republique de Ciceron, de la Ville de Rome, des habits & des paroles injurieufes de fon tems, & un Traité des Rois en trois livres.

Que n'avons nous pas perdu d'Arrien, ce fçavant difciple d'Epictete; les dix livres de ce qui fe pafla après la mort d'Alexandre entre fes Capitaines; les huit livres de l'Hiftoire de Bythinie; celle de Timoleon Corinthien, & de Dion de Syracufe ; les dix - fept livres de celle des Parthes & des Scythes que Stephanus cite fi fouvent ne fe voyent plus. Photius dit qu'il avoit fait une Hiftoire Alanique, & Lucien cite encore de lui la vie d'un brigand nommé Tiliborus.

Appien d'Alexandrie avoit compris fes Hiftoires en trois volumes, de huit livres chacun. Il ne nous en refte que la moindre partie; fur- tout nous n'avons qu'un fragment de la

Celtique

Celtique ou de la Gauloife. On l'accufe d'avoir copié les Commentaires qu'Augufte avoit faits de fa vie & de l'hiftoire de fon tems.

Mais ce que nous devons regretter plus fenfiblement, c'eft le Dion-Caffius. Des quatre-vingt livres diftribuez en huit Decades qu'il avoit compofez de l'Hiftoire Romaine, nous n'en trouvons d'entiers que vingtcinq, qui commencent par le vingtcinquième, & un Epitome des vingt derniers dans Xiphilin. Il l'a commencée aux premiers Rois Latins & l'a continuée jufqu'à fa mort, qui arriva vers le milieu du régne d'Alexandre-Severe. Cette Hiftoire étoit d'autant plus confiderable, que Dion, outre qu'il étoit de qualité, étoit encore un des plus fçavans hommes de fon tems, & qu'il avoit paffé par toutes les charges de l'Empire; tellement qu'il décrit les quarante dernieres années de fon Hiftoire, non feulement comme témoin, mais comme ayant eu part lui-même au gouvernement. Auffi fut-il fort aimé de plufieurs Empereurs. Il entreprit fon Ouvrage à la priere de Septime-Severe, à qui il avoit adreflé même un

livre

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livre de l'intelligence des fonges di vins, comme il le dit, à ce que rapporte Xiphilin. Suidas rapporte encore quatre ou cinq autres Ouvrages dont nous n'avons pas même des fragmens. Une Hiftoire Perfique, une autre des Getes, des Itineraires, fi l'évéia du texte fe peut entendre ainfi. Les expeditions de Trajan & la vie d'Arrien Pbilofophe. Περσικά, Γετικά, ἐνόδια, τὰ κατὰ Τραϊανον, &c.

Dexippus avoir fait une Hiftoire depuis la mort d'Alexandre qu'il conduifoit jufqu'à celle de Claude, comme on le voit dans Photius.

Eunapius avoit commencé la fienne à cet endroit, & la finiffoit au ré'gne de Theodofe le jeune. Il en avoit fait deux Ouvrages, dont le fecond étoit en quelque façon une copie de l'autre ; puifqu'il l'appelle lui-même une nouvelle Edition, dit Photius qui eft auffi la feule qu'il avoit lûë, parce que la premiere étoit perduë, felon Lambecius. Ce feroit un grand bonheur fi on recouvroit fes Ecrits. J'ai lû quelque part que les Venitiens en avoient le Manufcrit entier, & c'est cet Hiftorien.

pour cela que je vous parle de

Zozime * , au rapport du même Photius, a moins écrit une Histoire il a moins fait un Ouvrage qui lui appartienne, qu'il n'a copié celui d'Eunapius. Monfieur de la Mothe le Vayer avec Voffius croyent qu'il nous manque la plus grande partie de fon fixiéme livre, qui eft le dernier ; mais Photius reprouve ce fentiment & Lambecius l'appuye par beaucoup

de raifons.

Ammien Marcellin avoit fait un corps d'Hiftoire très-confiderable divifé en trente-un livres ; & fi nous en avions les treize premiers qui commençoient au régne de Nerva, & venoient jufqu'à Conftantius, ils fuppléroient beaucoup à ce qui nous manque des autres Auteurs. Il en refte dix-huit livres, mais pleins de fautes, que Monfieur de Valois a taché de corriger dans l'Edition de l'année derniere, à laquelle il a ajoûté de nouvelles notes très-curieufes & trèsfçavantes, & dignes de la réputation de l'Auteur.

En voilà ce me femble affez, Monfieur, pour réveiller vôtre courage,

&

* εἴποι δ' άν τις, ὦ γράψαι αὐτοι ἱςορίαν, ἀλλὰ μεταγράψαι την Ε' υγαπία. Cod, 98.

!

& pour vous faire tenter une moiffon fi utile & fi glorieufe tout-enfemble. C'est dans ces champs feuls qu'il n'y a point de honte à glanner, & où les Opulens s'empreffent à n'être pas les derniers. Souvenez-vous pour cela de Photius, pour ne pas remonter plus-haut, des Aldes, des Etiennes, des Manuces, des Scaligers, des Cafaubons, des Saumaises, des Morels, des PP. Petau & Sirmond, des Petits, des Valois, des Menages. Tous ces grands hommes fe font employez avec tant de zele, & quelques-uns même dont je fais gloire d'être ami, y travaillent encore; ils fe font employez, dis-je, à ne rien laiffer perdre des veilles fçavantes de leurs prédeceffeurs (car c'eft ainsi qu'il faut les appeller ) & à leur rendre leur premier honneur & leur premiere pureté. La lecture de leurs Ouvrages m'a fait aimer avec paffion ce que je vous propofe. Et fi je n'avois point été jufqu'à cette heure malheureusement retenu par des confiderations, j'atrois fait avec une ardeur incroyable le voyage que vous allez faire, & je me ferois donné tout entier à la recherche de ces trefors cachez.

Le

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