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DE

PLINE LE JEUNE

TRADUITES

PAR DE SACY

NOUVELLE ÉDITION REVUE ET CORRIGÉE

PAR JULES PIERROT

PROFESSEUR DE RHETORIQUE AU COLLEGE ROYAL DE LOUIS-LE-GRAND
et professeur suppléant d'éLOQUENCE FRANÇAISE

A LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'ACADÉMIE DE PARIS.

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C. L. F. PANCKOUCKE

CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR
ÉDITEUR, Rue des poitevinS, No 14.

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PARMI les traductions anciennes, il n'en est pas qui ait gardé une place plus honorable dans l'estime des hommes du monde et des savans, que celle des Lettres de Pline, par De Sacy. Elle devait, à ce titre, faire partie du recueil que nous publions : nous la donnons, comme celle de Juvénal, par Dusaulx, corrigée avec soin et refaite en partie. Ce seront, en y joignant peut-être une traduction de Lagrange, les seules versions anciennes que nous reproduirons dans la Bibliothèque latine-française toutes les autres seront nouvelles et composées spécialement pour notre collection.

Je n'ai pas dû séparer de la traduction de De Sacy la préface et la vie de Pline, où l'auteur romain est loué avec bonne foi et avec esprit. Homme de bien, habile orateur, écrivain distingué, De Sacy est l'apologiste que Pline lui-même aurait choisi. Osons dire toutefois que, trop préoccupé des vertus et des talens de son modèle, il lui accorde plus d'éloges que la saine critique n'en peut avouer. Pline n'a pas su se dérober à l'influence de son

siècle : il a sa part d'un défaut qui se montre, sous des formes diverses, dans la plupart des écrivains du même temps; je veux dire l'affectation du langage et l'abus de l'esprit. Ses lettres n'ont point la naïveté et les heureuses négligences qu'on aime à trouver dans ces sortes d'écrits: elles manquent de naturel; un soin mal entendu leur a dérobé leur grâce la plus attrayante. Pline a montré un rare talent pour tirer d'une idée tout ce qu'elle contient d'agréable et d'ingénieux; mais il n'a pu éviter la contrainte qui accompagne toujours la recherche et le calcul des effets du style. Il possède la finesse de l'esprit et la fécondité de l'imagination : mais on chercherait en vain dans ses ouvrages l'indépendance et l'abandon du génie.

Ce caractère particulier des Lettres de Pline n'ajoutait rien à la difficulté de la traduction. Ce n'est point la subtilité des idées, ce n'est point le tour antithétique des phrases qu'il est difficile de faire passer dans notre langue: elle se prête fort complaisamment à la reproduction de ces traits déliés, qui abondent dans les écrivains du second âge de la littérature romaine. Ils affectent d'enfermer beaucoup de sens en peu de mots : ils visent à la pensée, et les pensées se traduisent. Les écrivains les plus rebelles aux efforts du traducteur sont ceux qui ont prodigué les mots et les longues phrases: car notre langue aime la briéveté, et son génie s'accommode mal de la complication des périodes. C'est ce qui explique pourquoi De Sacy a mieux traduit les Lettres que le Panégyrique. Dans ce dernier ouvrage, le style, plus,

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