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1307. Ou au commencement de Mai; & le roi leur ré- AN. 1307. pondit, que pour plufieurs raifons il ne pouvoit alors fe rendre à Toulouse ; & qu'attendu la grande fuite qu'ils devoient amener l'un & l'autre, la ville de Tours lui paroiffoit bien plus convenable que celle de Poitiers, tant pour fournir abondament les logemens & la fubfiftance à une fi grande affemblée, que pour rétablir la fanté du pape que toutefois il acceptoit Poitiers pour le tems marqué fi le pape l'aimoit mieux. C'est ce que porte la lettre du roi.

p. 90.

Le pape lui répondit, qu'il choififfoit Poitiers, mais que les medecins lui ayant confeillé de fe purget au commencement de Mai, il étoit d'avis d'avancer l'ene trevûë jufqu'au commencement d'Avril : toutefois le roi n'alla à Poitiers que vers la Pentecôte, & le pape & to. 1.p.6. lui y demeurerent long-tems. Le pape y avoit mené fa cour, qui y fut un an dans l'inaction à cause de fa maladie.

Pendant qu'il étoit encore à Pessac & le vingtiéme de Février 1307. il donna une bulle où il dit : L'amitié que nous avions depuis long-tems avec quelques rois, prélats & autres perfones diftinguées tant ecclefiaftiques que feculieres, nous a fait accorder à leurs follicitations importunes de donner à des ecclesiastiques & même à des religieux des églises patriarchales, archiepifcopales ou épifcopales & des monafteres pendant la vacance de ces fiéges à titre de commende, de garde ou d'administration, ou pour leur vie ou pour un temps. Nous n'avons pû fuffisamment examiner fi nous devions accorder de telles & fi grandes graces, jufqu'au temps où Dieu nous a visité par une dangereuse maladie: tant nous étions detournés Tome XIX.

Р

p. 26.585.

IX. Commendes re

voquées.

Rai. 1307. n. 28.

Extrav. comm. de

prat.c..

AN. 1307. par la multitude & la difficulté des affaires. Mais alors en étant un peu feparé, nous nous fommes appliqué à cet examen, & nous avons vû clairement que l'on néglige le foin des églifes & des monafteres données en commende, leurs biens & leurs droits font diffipés, & les perfonnes qui en dépendent souffrent un grand préjudice au fpirituel & au temporel: en forte quece que l'on prétendoit leur être avantageux leur devient nuifible; & l'on craint qu'il en revienne de plus grands maux même à l'églife Romaine. C'est pourquoi nous révoquons & annullons toutes ces fortes de commiffions, à qui que ce foit qu'elles ayent été données, même aux cardinaux. On voyoit donc désThema dif. lors les inconveniens des commendes; & toutefois part. 4. c. 63. c'eft depuis ce temps qu'elle fe font le plus multipliées.

X.

Le fiége de Mayence étoit vacant depuis la mort Pierre medecin de l'archevêque Conrard d'Epftein arrivée le vingtarchevêque de fixiéme de Février 1304. Henri comte de Luxembourg Tr.th. Chr. Span. voulut procurer cette importante place à Baudoüin

Mayence.

an. 1304, 1305.

fon frere, quiétudioit alors à Paris; & envoya Pierre d'Achfpalt fon medecin folliciter cette affaire en cour de Rome. Pierre vint à Poitiers où le pape étoit encore malade ; & lui expofa les intentions du comte fon maître, le priant inftament d'accorder à Baudouin l'archevêché de Mayence: mais le pape n'y eût point d'égard, alleguant plufieurs causes de fon refus. Cependant la maladie du pape étant confiderablement augmentée, Pierre d'Achfpalt qui étoit trésexperimenté dans fon art le traita fi bien qu'il le guerit ; & le pape du confentement des cardinaux lui donna à lui-même l'archevêché de Mayence & le ren

voya avec les provisions & le pallium. Pierre étoit'natif de Treves pieux & favant ecclefiaftique, car il n'y avoit alors guere de medecins que dans le clergé, & il étoit fort exercé dans l'étude des faintes écritures. Il fut reçu à Mayence avec honneur par le clergé & le peuple, prit poffeffion paifiblement de fon églife & la gouverna treize ans,

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Treves.

180.

Id. chr. Hirfang.

L'archevêque de Treves étoit Diether de Naffau Diether da Nassau frere de l'empereur Adolfe. Il avoit été de l'ordre des archevêque de freres Prêcheurs & le pape Boniface VIII. l'avoit mis Brover. to. 1. p. dans ce grand fiége fans élection ni poftulation du Trib. chr. Span. chapitre en haine d'Albert d'Autriche roi des Ro- an. 1299. mains ennemi d'Adolfe. Auffi Diether fut-il toûjours opofé au roi Albert pendant fon pontificat qui dura environ huit ans, ayant commencé en 1299. C'étoit un homme inquiet & guerrier, dont la mauvaise conduite attira à la ville de Treves la haine de tout le monde. Les habitans de Coblents accablés des impo- an. 1305. sitions dont il les chargeoit, fe révolterent & pour les foumettre il affembla des troupes à grands frais, affiegea la ville, & la réduifit à fe rendre à difcretion : mais les dépenfes qu'il fit en cette guerre l'épuiferent tellement, qu'il engagea prefque toutes les terres de fon églife, & en aliena même plufieurs. Son clergé s'en plaignit au pape Clement accufant encore l'archevêque de fimonie & de mépris envers le S. Siége: Rain. 1307. n. 16, car il avoit chaffé de fon monaftere Alexandre Abbé de S. Matthieu prés de Treves, qui appelloit au faint fiége & il avoit intrus à fa place un autre abbé.

Le pape écrivit fur ce fujet une lettre où il dit: Nous fommes plus touchés des excés commis par les prélats qui ont été religieux: puifque la vie qu'ils ont ménée

Ibid. 1307.

AN. 1307.

Trith. ibid.

XII.

en cet état les oblige plus que les autres à donner bon exemple. Il caffe tout ce que Diether avoit fait contre l'abbé Alexandre depuis fon appel; & ordonne aux abbés d'Epternac & de Luxembourg, tous deux du diocefe de Treves, & au prevôt de l'églife de Liege, de citer l'archevêque Diether à comparoître dans trois mois en cour de Rome. La lettre eft datée de Poitiers le quatrième de Juin 1307. La citation fut faite, mais avant que le terme en fut échû Diether tomba malade & mourut le vingt-troifiéme de Novembre de la mê

me année.

Vers la Pentecôte, qui cette année 1307. fut le quaConference de torziéme de Mai le roi Philipe partit pour aller à Poitiers conferer avec le pape Clement. Avec lui s'y renF. Villani v.. dirent fes quatre fils Loüis, Philippe, Charles & Ro

Poitiers

c. Nang. p. 614.

91.

Rain. n. 8.

Bal. 1. p. 65.
Rain. 7. 9. 13.

bert, fes deux freres Charles de Valois & Loüis d'Evreux & plufieurs autres feigneurs. Robert comte de Flandres s'y rendit auffi. Le pape y confirma la paix que le roi avoit fait avec ce prince; & donna commiffion à l'archevêque de Reims, l'évêque de Senlis & l'abbé de S. Denis, d'excommunier le comte Robert & les autres feigneurs Flamans s'ils contrevenoient à ce traité. La bulle eft du fecond de Juin. :

Un des principaux objets de la conference de Poitiers étoit auffi d'affermir & confommer le traité de paix entre la France & l'Angleterre : ce qui fut fait Nic. Trives p. 728, nonobftant la mort du roi Edouard I. qui arriva le vendredi feptiéme de Juillet 1307. Il avoit vêcû foixante-huit ans & en avoit regné trente-quatre. Son fils Edouard II. lui fucceda.

XIII. Pourfuites con

tre la me

Dés le temps que le pape Clement étoit à Lion pour fon couronement le roi Philipe lui déclara quel étoit

AN. 1307.

VIII.

Sup. liv. xc. n. 49.
J.Vill. VIII. 6.91.

Particle fecret qu'il lui avoit fait jurer pour parvenir au pontificat: lui disant que c'étoit de condamner la memoire de Boniface VIII. & faire brûler fes os. Le roi moire de Boniface réïtera cette demande à la conference de Poitiers & preffa fortement le pape d'y fatisfaire. Le pape & les cardinaux furent fort troublés de cette propofition, parce que le roi vouloit à toute force faire la preuve des crimes de Boniface ; & le pape lui étoit engagé par ferment, dont il fe repentoit fort, mais il n'ofoit s'opofer à la volonté du roi. D'ailleurs il lui paroiffoit, que s'il s'y accordoit il faifoit tort à l'église & la déprimoit, puifqu'il ne fe trouvoit aucun fondement à l'accufation d'herefie, qui étoit le prétexte de faire le procés à Boniface aprés fa mort: au contraire le Sexte des décretales qu'il avoit publié le faifoit paroître fort catholique. La demande du roi choquoit aufli les cardinaux : non- feulement ceux qui avoient pris contre lui le parti de Boniface,mais ceux qui avoient été favorables au roi, quoique Boniface les eût fait cardinaux ; car ils voyoient que s'il étoit declaré n'avoir point été pape, ils devoient être dépofés de leur dignité.

De ce nombre étoit le cardinal de Prato,que le pape pour fe tirer de cet embaras confulta en particulier, comme celui qui favoit tout le fecret de ce qu'il avoit promis au roi. Cet habile cardinal lui dit : Vous n'avez ici qu'un expedient, c'eft de diffimuler avec le roi, & lui dire,que ce qu'il vous demande touchant le pape Boniface est une affaire difficile à faire paffer dans l'églife: qu'une partie des cardinaux n'y consent pas ; & qu'il faut de neceffité, même pour mieux parvenir à Fintention du roi & rendre plus odieuse la memoire de Boniface, que les preuves des cas dont on l'accufe

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