Gal. Chr. t. 2. p. 648. Vale. Not. Gall. p.157.158. AN. 1308. minges vers l'an 1076. fans quitter la chanoinie nî l'archidiaconé.Il rétablit la ville épiscopale sur la montagne où d'abord elle avoit été bâtie du temps des Romains & du grand Pompée ; mais elle fut ruinée fous le roi Gontran en 585. L'évêque Bertrand la réta, blit cinq cens ans aprés fur les ruines de l'ancienne, mais beaucoup moindre; & elle porte encore fon S. Bertrand de Comminges. Il y fit bâtir un monaftere où il mit des chanoines reguliers fous la regle de S. Auguftin; & aprés avoir faintement gouverné cette églife pendant environ cinquante ans, il mourut vers l'an 1126. le feizième d'Octobre. nom, Ce fut donc le corps de ce Saint que le pape Clement transfera dans une chaffe precieufe le jour du pape S. Marcel seizieme de Janvier 1309. Il fut assisté en cette cérémonie par quatre cardinaux, deux archevêques, de Rouen & d'Auch, fix évêques de Touloufe, d'Albi, de Maguelone, d'Aire, de Tarbe & de Comminges & par cinq abbés. Au commencement du printemps le pape vint" à Avignon où il étoit dés la fin de Mars: il logea dans la maifon des freres Prêcheurs, que l'on avoit foigneu→ fement preparée pour lui, & y demeura jufqu'au concile de Vienne, c'est-à-dire deux ans : les cardinaux l'y avoient suivi & toute la cour de Rome, & c'est depuis ce voyage que l'on doit compter le féjour des papes à Avignon, que Clement avoit réfolu & declarée dés l'année précedente à Poitiers. Ce fut là qu'il publia une bulle terrible contre les Venitiens, dont voici le sujet. Aprés la mort d'Azon d'Este marquis de Ferrare, François fon frere & Frifque fon bâtard, fe difputerent la feigneurie de la ville: ce qui excita du tumulte entre le peuple & les fit chaffer AN. 1308. l'un & l'autre. Le pape crut l'occafion favorable pour recouvrer Ferrare que l'églife Romaine prétendoit être de fon domaine; & écrivit à la communauté de la ville, les felicitant d'être délivrés de ceux qui les oprimoient depuis long-temps, & les exhortant à se jetter entre les bras de l'églife leur mere. La lettre eft datée de Poitiers le vingt - feptiéme d'Avril 1308. Les Venitiens trouvant Ferrare à leur bienfeance fongeoient à s'en emparer: c'eft pourquoi le pape y envoïa deux nonces Arnaud de S. Aftere abbé de Tulle & Onufre de Trebis doyen de l'église de Meaux. Ils s'aquiterent fi bien de leur comiffion, que les Ferrarois fe reconurent sujets de l'église Romaine & donerent les clefs de la ville aux nonces, qui établirent des gardes aux portes & aux ponts, firent préter ferment au pape par le podestà & le confeil de la ville & mirent garnifon aux fortereffes du païs. Or fachant les préparatifs de guerre que faifoient les Venitiens, ils écrivirent au doge Pierre Gradenigo & au sénat pour les en détouner; & l'abbé de Tulle alla lui-même à Venise pour cet effet. Mais il y fut mal reçû, la populace s'émur contre lui, on le chargea d'injures, on lui jetta des pierres & on le menaça de mort. Les Venitiens entrerent dans le Ferrarois & enfin prirent la ville fous la conduite de Jean de Superance & en donerent le gouvernement à Vital Michieli. Alors les deux nonces prononcerent excomunication contre le doge & le fénat & mirent l'état de Venife en interdit. n. is. Le pape avoit effaïé jufqu'alors de détourner les n. 16. Venitiens de leur entreprise par des exhortations & des lettres pleines de douceur: mais quand il eût apris qu'ils s'étoient rendus maîtres de Ferrare & en avoient chaffé ceux qui y gouvernoient au nom de l'églife: il publia fa bulle par laquelle après avoir raconté tout ce qui s'étoit paffé, il reproche aux Venitiens leur ingratitude envers l'églife Romaine & raporte les exemples de Lucifer, de Dathan & Abiron & d'Abfalon. Puis il les admonefte & leur ordone de quitter dans un mois la ville de Ferrare & fes dépendances & en laiffer la poffeffion libre à fes nonces: à faute de quoi le doge & la république de Venife & nommément Jean de Superance & Vital Michieli encoureront l'excommunication, dont ils ne pouront être absous que par le pape, finon à l'article de la mort; & en même temps Venife & toutes les terres de fon obéiffance feront en interdit. En ce même cas de défobéïffance le pape défend tout comerce avec les Venitiens, enforte que perfone ne leur porte ou leur vende ris, blé, ni vin, ni viande, ni étofes ou autres marchandifes, ni ne les reçoive ou achete d'eux, fous les mêmes peines d'excomunication & d'interdit. De plus le pape prive le doge & la république de Venife de tous les privileges à eux accordés par le S. fiége, & de tous les fiefs & biens qu'ils tienent de l'églife Romaine ou des autres églifes. Il abfout tous leurs fujets du ferment de fidelité; & déclare tous les Venitiens infames, incapables de doner ou recevoir par teftament, ou de comparoître en justice en demandant ou en défendant : d'éxercer aucune jurifdiction ni autre fonction publique fous peine de nullité: leurs enfans jufqu'à la quatrié. me generation ne feront admis à aucune dignité ecclefiaftique ou feculiere, à aucun benefice ou office eccle écclefiaftique. Enfin le pape ordone à l'évêque de Ve- AN. 1309. nife & à tout le clergé féculier ou régulier & en particulier aux religieux Mandians d'en fortir dans dix jours après le mois : laiffant feulement quelques prêtres pour adminiftrer le baptême aux enfans & la pe nitence aux mourans. Que fi les Venitiens perfiftent un fecond mois dans. leur défobéïffance, le pape dépofe dés lors le doge de fa dignité & les officiers de leurs charges, les rendant inhabiles à en poffeder aucun autre: il confifque leurs biens meubles & immeubles, & expofe leurs perfones & celles des autres Venitiens à être prifes par les fidéles. Nous voulons auffi qu'ils fachent, ajoûte le pape, que nous nous propofons d'implorer contre eux le fecours de tous les rois, les princes & les autres fidéles, pour dompter leur orgueil & leur infolence. Que s'ils ne fatisfont dans trois mois tous ceux qui feront avec eux quelque alliance ou confédération, encoureront les mêmes peines d'excomunication & d'interdit. C'eft en fubftance ce que porte la bulle publiée à Avignon premierement le jeudi faint vingtfeptiéme de Mars 1309. & encore le jour de l'Afcenfion huitiéme de Mai. En exécution de cette bulle le pape écrivit aux rois de Sicile, d'Espagne, de France & d'Angleterre, de faifir & confifquer les biens & les perfones des Venitiens qui fe trouveroient fur leurs terres, ce qui fut exécuté en quelques lieux; & comme les Venitiens ne laiffoient pas de garder toûjours Ferrare, le pape fit prêcher la croifade contre eux; & envoya en Italie le cardinal Arnaud de Pellegruë fon parent, pour commander l'armée en qualité de légat, ce qu'il fit avec Tome XIX. X B. n. 4. Rain. n. 7. 8. 69 608 643• AN. 1309. XXXIV. Croifade en Efpagne. Mariana lib. XV. c. 6. tant de fuccés qu'il gagna une fanglante bataille à Francolin prés du Po, & reprit Ferrare le jour de S. Auguftin le vingt-huitiéme d'Août de la même an née. Cependant on armoit en Espagne pour une croifade plus confiderable. Les deux rois Jacques II. d'Arragon & Ferdinand IV. de Caftille profitant de la diRain. 25.16. vifion des Mores, joignirent leurs forces pour attaquer le royaume de Grenade; envoyerent au pape des ambassadeurs, le roi d'Arragon Ponce évêque de Lerida, & le roi de Caftille, l'évêque de Zamora. Le pape Clement dona comiffion à l'évêque de Valence en Efpagne, de faire prêcher la croifade en Arragon avec l'indulgence de la terre fainte. La bulle eft du vingt-quatrième d'Avril 1309. En même temps il accorda au roi Jacques la levée d'une décime pendant trois ans fur tous les revenus ecclefiaftiques de fes états, excepté ceux des ordres militaires; & permit à tous les écclefiaftiques qui marcheroient à cette entreprise, de vendre ou aliéner pour deux ans les revenus de leurs benefices, même à charge d'ames; fans préjudice toutesfois du service divin. Plufieurs prélats. allerent à cette guerre: avec le roi d'Arragon entre autres Guillaume deRocarberti archevêque de Tarragone & Raimond évêque de Valence chancelier du roi : avec le roi de Castille l'archevêque de Seville & Gonfalve archevêque de Tolede, que le pape avoit fait fon légát dans les terres de l'obéïffance de ce prince. On prit Ceuta, on affiegea Almerie & Algefire mais enfin le fruit de cette campagne ne répondit pas à la grandeur de l'entreprife. XXXV. Aprés que Henri de Luxembourg eût été couroné |