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AN. 1311.

venne.

L.

Rub. lib. 6. p. 522.

Conc. p. 1533.

II.

oüis. Nous vous envoyons l'expedition en groffe; & pour plus grande fûreté nous en avons deposé une autre dans la tréforerie de N. Dame de Paris. Ecrit à l'abbaye royale prés de Pontoise l'an 1311. fixième de votre pontificat le cinquième jour de Juin. C'étoit le famedi d'aprés la pentecôte & le roi Philipe le Bel tenoit alors fon parlement à Pontoife, où étoient l'archevêque de Narbone & l'évêque de Bayeux l'un & l'autre du nombre des commiffaires, & comme ils ne pouvoient quitter le parlement, les autres les allerent trouver & fe rendirent à l'abbaye de Maubuiffon pour conferer avec le roi & avec eux & mettre fin à leur procedure.

En même temps Rainald archevêque de Ravenne Concile de Ra- tint un concile pour la même affaire des Templiers & pour le préparer au concile général suivant l'ordre 524. c. 10. 11. du pape. A ce concile affifterent huit évêques de la province & trois inquifiteurs, deux freres Prêcheurs & un frere Mineur; & le dix-feptiéme de Juin, comme ils étoient affemblés à Ravenne au palais archiepifcopal on leur préfenta fept Templiers: aufquels aprés leur avoir fait prêter ferment, ou lût les chefs d'accufation envoyés par le pape & les dépofitions des témoins. Ils répondirent à tout chacun feparément fans paroître ébranlés ni intimidés, & nierent conftament tous les crimes dont on les chargeoit. L'archevêque les ayant renvoyés demanda au concile s'il fe croyoit fuffifamment autorifé pour les juger,il répondit qu'oüi. S'il faloit mettre les Templiers à la question, on jugea que non mais les deux inquifiteurs Dominicains étoient d'avis de les y mettre. Si l'on devoit renvoyer le jugement au pape : de quoi le concile ne fut pas

a

d'avis, à caufe qu'on étoit proche du concile général : Enfin fi les accufés devoient être abfous ou fe purger: on conclut pour la purgation. Mais le lendemain on jugea qu'il faloit abfoudre les innocens & punir les coupables; & qu'on, devoit tenir pour innocens ceux qui avoient confeffé par la crainte des tourmens. II y en eût toutefois cinq qui firent la purgation canonique.

A N. 1 311.

XI. conc. p. 1569.

ari 26.

En ce même concile on publia une conftitution Rub. p. 837.10. contenant trente-deux articles, pour renouveller les anciens canons mal obfervés. Le plus confiderable regarde les violences exercées contre les évêques, qui étoient emprisonnés, batus, tués ou chaffés de leurs églifes & dépouillés de leurs biens. Contre les auteurs & les complices de ces crimes on accumule toutes les cenfures & les peines fpirituelles ; & on pourvoit à la fubfiftance des évêques chaffés & dépouillés : mais de tels maux ne pouvoient être reprimés que par la force & la puiffance féculiere, & l'Italie n'avoit point alors de prince capable de l'employer. Car bien que le roi des Romains Henri de Luxembourg fut en Lombardie avec une armée, il n'y étoit occupé qu'à se faire reconnoître pour fouverain. Cette conftitution du concile de Ravenne fut publiée le lundi vingtiéme de Juin 1311. dans l'églife métropolitaine, & ce fut aparement le jour de la conclufion du concile.

p. 1601.

LI.
Avis pour le

L'ouverture du concile général fe devoit faire le premier d'Octobre de la même année. Le pape avoit concile général. mandé à tous les évêques d'y apporter des mémoires de tout ce qu'il convenoit d'y régler pour le bien de l'églife. Il nous refte deux de ces inftructions, l'une de Guillaume Durandi évêque de Mende, l'autre d'un

Sup. liv. LXXXIX. 7. 46.

Rain. 1311. n. ss.

AN. 1311. évêque dont on ne fait pas le nom. L'avis de ce dernier porte en substance: Sur le premier article qui regarde les Templiers, il feroit important que le pape abolît fans differer cet ordre fi decrié, qui rend le nom de Chrétien odieux aux infidéles: fans s'arrêter aux remontrances frivoles que l'on fait pour leur défense : car il peut y avoir du peril au retardement. Sur le fecond article, qui étoit le fecours de la terre fainte, il dit qu'il y a peu d'esperance d'y réüffir à cause de la divifion qui regnoit entre les princes Chrétiens, & la fuite du temps le fit affés voir.

n. 56.

· 57.

8. 58.

Il s'étend davantage fur le troifiéme article qui étoit la réformation des mœurs : & fe plaint de plufieurs abus dont voici les plus confiderables. En la plufpart des lieux de France on tient les dimanches & les principales fêtes des marchez, des foires, des plaids & des affifes: en forte que ces jours deftinés à honorer Dieu font profanés par la diffipation des affaires temporelles, la débauche dans les cabarêts, les querelles, les blasfémes & d'autres crimes. Dans le même royaume les archidiacres, les archiprêtres & les doyens ruraux commettent fouvent leur jurifdiction à des gens méprifables & ignorans ; & foit qu'ils l'exercent par euxmêmes ou par ces fubdelegués, ils abusent tellement du pouvoir des clefs qu'ils excomunient pour des caufes legeres & fouvent fans caufe: en forte qu'on trou've communément dans une feule paroiffe trois ou quatre cens excomuniés; & j'y en ai vû jufques à fept cens. Delà vient le mépris entier des cenfures, & les discours injurieux & fcandaleux contre l'églife & fes

miniftres.

La fource de ce mal eft le peu de choix dans les or

dinations.

dinations. On admet aux ordres facrés & même à la AN. 1311. prêtrife une multitude de perfones viles & méprifables & entierement indignes, foit pour la fcience, foit pour les mœurs: ce qui fait qu'en la plufpart des lieux les prêtres font moins eftimés des laïques que des Juifs. Plufieurs canons avoient pourvû à ce defordre, mais ils font fi mal obfervés qu'il est encore necessaire d'y pourvoir.

Plufieurs ecclefiaftiques de mauvaises mœurs viennent en cour de Rome de divers pays & obtiennent tous les jours des benefices même à charge d'ames, principalement dans les lieux où leur vie dereglée n'eft pas conue, & les prélats obéiffant aux ordres du S. fiége les reçoivent avec refpect. Enfuite ils deshonorent l'églife par leur vie fcandaleufe ; & cependant les prélats ne peuvent pourvoir de bons fujets aux benefices de leur collation, à caufe de la multitude de ces impetrans en cour de Rome. D'où il arrive que n'ayant point de quoi récompenfer le merite des gens de lettres, ils ne trouvent perfone pour les aider dans le gouvernement de leurs diocefes. Je conois une églife cathédrale quin'a que trente prébendes, dans laquelle il en a vaqué trente-cinq ou plus depuis vingt ans que fon évêque la gouverne ; & toutefois il n'en a conferé que deux; & il fe trouve encore des attendans qui ont des expectatives fur cette églife. Deplus le pape a conferé toutes les dignités qui y ont vaqué pendant ce temps là, même à des abfens qui n'y ont jamais mis le pied. Dans le même diocese les prébendes des petites collegiales étant à la collation de l'évêque, & les cures mêmes font remplies par des impetrans en cour de Rome: en forte que l'évêque ne peut

Tome XIX.

Cc

1. 59.

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döner ni grands ni petits benefices aux bons ecclefiaftiques du païs, qui ont étudié en diverses facultés & y ont confumé leur patrimoine ; ainsi n’esperant aucun fecours de l'églife, la neceffité les réduit à se marier ou à paffer aux cours féculieres & aux confeils des princes; & ce font les plus grands ennemis de l'églife. qui les a meprifés & de fes libertés.

On envoye pour fervir les églifes des perfonnes qui en font incapables: des étrangers qui parlent une autre langue, ou des perfonnes capables & dignes, mais qui ne refident jamais demeurant en cour de Rome ou en celles des princes. D'où il arrive que les églifes de la campagne tombent en ruine, leurs biens & leurs droits fe perdent, l'office divin ceffe & l'intention des fondateurs eft fruftrée. Un autre abus eft la pluralité des benefices. La même perfone & quelquefois incapable, en poffede quatre ou cinq en diverses églifes: quelquefois jusqu'à douze ; & autant qu'il en faudroit pour entretenir honêtement cinquante ou foixante hommes lettres & exercés dans les fonctions. Ce qui produit entre autres maux le déperiffement des études. Que dirai-je des enfans à qui on donne tant de benefices avant l'âge de raifon peuvent-ils éviter la damnation éternelle?

Je dirai avec le refpect dû au S. fiége que plufieurs églifes en divers pays du monde font aujourd'hui abandonées par le féjour continuel que font en cour de Rome ceux qui en ces églifes poffedent des dignités & des benefices, que l'on done à d'autres courtisans toutes les fois qu'ils viennent à vaquer. Plût à Dieu que le pape & les cardinaux y fiffent l'attention neceffaire? Quand une églife cathedrale eft vacante à peine y trouve-t'on

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