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AN. 1311. eux les mieux éprouvés pour leur donner le gouvernement des ames, & de réprimer la curiofité qu'ils fuivoient dans leurs études & leurs fermons, pour les ramener à la doctrine folide.

154.

211.

p. 204.

Baluz, vit. pat. to.
I. p. 43.

J. Vill. lib. x. c.

21.

Bil. p. 74.
Rain. 1311.
2. 54.
Pf. 110.

LIII

L'auteur se plaint de l'abus de l'immunité ecclefiaftique, c'est à dire des afiles, & propose d'en exclure les homicides volontaires & les clercs coupables d'un crime qui mérite dégradation : mais d'ailleurs par les plaintes qu'il fait contre les feigneurs temporels, on voit jufqu'à quel excés on étendoit alors la jurisdiction ecclesiastique. Aussi ne la rendoit-on pas gratuitement: tous les ministres de justice depuis les premiers jufques aux moindres, recevoient des prefens & fe faifoient payer chérement leurs falaires; & les prélats affermoient le revenu de leurs juftices. Vers la mi-Septembre le pape Clement accompagné des cardinaux quitta le comté Venaiffin & vint à Vienne fur le Rône pour y celebrer le concile général qu'il avoit convoqué. Il s'y trouva plus de trois cens évêques, fans les moindres prélats, comme les abbés & les prieurs; & la premiere feffion fut tenuë le famedi avant la faint Luc feiziéme d'Octobre 1311. Le pape y fit un fermon où il prit pour texte ces paroles du pleaume: Les œuvres du Seigneur font grandes en l'affemblée des juftes, & propofa les trois caufes de la convocation du concile, l'affaire des Templiers, le fecours de la terre fainte, & la réformation des mœurs & de la difcipline de l'églife.

Il y fut auffi parlé des exemptions; car les évêques Défenfes des demandoient qu'elles fuffent revoquées & que toutes les communautéz, tant féculiéres que régulieres leur fullent foumifes:fur quoi il s'émut une grande difpute.

exemptions. B. p. 18.57.

Dés

Dès devant le concile le bruit s'étoit répandu par tout An. 1311. que tous les religieux exempts feroient réduits au droit valsing, an 1318. commun; & deflors l'Ordre de Cîteaux envoya au 19. pape pour conferver fon exemption: ce qu'il obtint moyennant des prefens. Auffi plufieurs difoient que le pape avoit affemblé ce concile pour tirer de l'argent. Jaques de Thermes abbé de Chailly au diocéfe de Senlis du même ordre de Cîteaux,publia à Vienne Biblieth. au temps du concile un traité pour la défense des Cifterc. 10. 4. p.26 1 exemptions: qui est une réponse à celui de Gilles de Rome archevêque de Bourges pour les attaquer. L'ouvrage de l'abbé de Chailly roule principalement fur ce principe, que le pape est monarque dans l'églife & que de lui dépend toute puiffance, non-feulement fpirituelle, mais temporelle en ce qui regarde le falut : qu'il eft le pasteur immédiat & le prélat or- p.262 dinaire de chaque chrétien : qu'il lui appartient com- 268. me chef de l'église de déterminer les diocéfes, les changer, les divifer & en diftraire quelque partie. Sur ce fondement il foutient qu'il eft expedient pour la grandeur & l'autorité du pape qu'il y ait des exemptions: parce qu'elle paroît plus évidemment quand on voit en chaque provinces des perfones, qui lui font immédiatement foumifes. C'eft,dit-il, un préfervatif contre les fchifmes.

269%

L'auteur prétend que les exemptions étoient devenues neceffaires depuis que plufieurs évêques entroient dans leurs fiéges fans vocation, par la violence des princes, par fraude ou par fimonie: que plu fieurs même de ceux qui y font entrés légitimement 70. 27 L. oppriment leurs fujets par avarice ou par efprit de domination, étant moins occupés du falut des ames

Tome XIX.

Dd

AN. 1311.

265.

18. q. 2. c. Luminofo.

Sup. liv. xxxvI.

น. 33.

2. 297.

$98.

399.

que de fatisfaire à leur vanité & leur cupidité. Or
avant les exemptions ces prélats détournoient fou-
vent les moines de la priere & de leurs autres occu-
pations fpirituelles par des citations, des fentences
injuftes, des exactions d'argent, ou de procurations
en efpece; & c'est ce qui a porté les papes à leur ac-
corder des exemptions & des privileges. Sur quoi il
cite un decret du pape faint Gregoire raporté par Gra-
tien: qui porte seulement que les évêques ne doivent
point troubler le repos des moines en faifant dans leurs
églises des ordinations ou y célebrant des messes publi-
ques, qui y attiraffent la foule du peuple. Cen'eft pas
exempter les moines de toute jurifdiction de l'évêque;
& toutefois c'eft de ce decret que l'abbé de Chailly fait
le grand fort de la
preuve.

les

L'archevêque de Bourges tiroit une puiffante objection de l'exemple des Templiers, qui avoient si exceffivement abufé de leur exemption & de leurs autres privileges; & cet exemple que l'on avoit devant yeux fut aparemment l'occafion de traiter la matiere des exemptions au concile de Vienne. L'archevêque disoit donc : Si les Templiers n'avoient pas été exempts, leurs évêques les auroient vifités & auroient prévenu l'impieté & la corruption qui s'eft introduite chez eux: du moins ils l'auroient connue & ne l'auroient pas laiffé durer fi long-temps. L'abbé répond, que cet exemple ne conclut rien contre l'exemption des religieux occupés à l'office divin & entre lefquels il y a des favans jurifconfultes & théologiens: au lieu que les Templiers étoient fans lettres & fans fervice divin,par confequent fans occupation, car ils étoient trop riches pour travailler de leurs mains. La pluspart

313.

même ne s'exerçoient point ou rarement aux actions AN. 1311. militaires outre qu'ils étoient continuellement expofés entre les infidéles & n'avoient pas la fcience neceffaire pour se garentir de féduction. Après avoir répondu à l'archevêque de Bourges, l'abbé de Chailli entreprend de répondre à S. Bernard, qui parle fi fortement contre les exemptions, particulierement dans fa lettre à l'archevêque de Sens & dans les livres de la Confideration: mais il fuffit de lire les textes de faint Bernard pour voir l'extrême foibleffe de ces répon fes.

Sup. liv. xv.n.
Opufc. 1. c. 9. de

57. LXIX 59.

Conf. 111. c. 4.

274.

275.

L'archevêque de Bourges combatant les exemptions exceptoit les religieux Mendians, prétendant qu'elles leur convenoient mieux qu'aux autres. Car fac. Therm. pi difoit-il, les religieux riches font comunément oififs, fiers de leurs richeffes & peu foumis aux évêques n'ayant befoin de perfone. L'abé de Chailli répond, que l'archevêque ne doit pas être cru en la propre cause, aïant été tiré d'entre les Mendians, c'est-à-dire les Auguftins. Au fonds il foutient que les religieux rentés ne font point oififs, mais toûjours occupés ou au service divin ou à l'étude & quelquefois au travail des mains. Quelques grands que foient les biens qu'ils poffedent en commun, ils ne font point riches, mais vrais pauvres n'ayant rien en propre & vivant auftérement dans leurs cloîtres. Au contraire les Mendians courant par le monde ont beaucoup plus de liberté & de confolation humaine; & n'ayant point leur vie affurée, ils gardent fouvent quelque chofe en propre contre leur vœu de pauvreté. Enfin ils font continuellement expofés à diverfes tentations particulierement de flater les riches, de mentir. & faire d'autres

AN. 1311. baffeffes. Quant à leurs études elles font remplies de vaine philofophie, qui conduit à des erreurs pernicieuses.

LIV.
Rodes aux Hof-

pitaliers.
Baluz. 1. vit. po

Cependant il s'émut un grand differend entre les Genois & les chevaliers de S. Jean de Jerufalem. Dès 3474.99. 105. l'année 1308. ils entreprirent la conquête de l'Ile de Rodes & l'acheverent deux ans aprés fous la conduite de Foulques maître de l'Ordre étant aidés d'une grande armée de Chrêtiens. Rodes étoit alors poffedée par les Turcs fous la dépendance toutefois de l'empereur Grec de CP. Elle fut prife avec grande effufion de fang le jour de l'Affomption de N. D. quinzieme d'Août 1310. & depuis ce temps les chevaliers hofpitaliers de S. Jean furent nommés les Rodiens.

74.

Rain. 13.11. n.

Ils prirent vers le meme temps une galere Genoise chargée de marchandises de contrebande, c'est-à-dire dont il n'étoit pas permis de trafiquer avec les Sarrafins. La république envoïa Antoine Spinola redemander la galere: mais les Hofpitaliers répondirent, qu'ils ne la pouvoient rendre fans la permiffion du pape, qui les avoit chargés de faire obferver les défenfes portées par les canons touchant ces fortes de marchandises. Sur cette réponse l'ambaffadeur Spinola avec d'autres nobles Génois alla trouver les Turcs, & les excita à retenir deux cens cinquante galeres Rodienes qui étoient dans leurs ports pour le commerce. On disoit même que les Génois avoient traité avec les Turcs & les Grecs pour chaffer de Rodes les Hofpitaliers; & qu'ayant pris plufieurs de ces chevaliers, ils les avoient mis aux fers & contraints à payer rançon. Le pape en ayant reçu des plaintes écrivit aux Génois, les exhortant à faire juftice des auteurs de

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