Rain. 1313. n. 2:

de Blois & plufieurs autres feigneurs. Le mécredi fui- AN. 131 3a vant le roi, fes trois fils & fes deux freres, Charles comte de Valois & Louis comte d'Evreux, le roi d'Angleterre Edouard qui étoit préfent à cette céremonie & plufieurs grands de fon roïaume, prirent la croix des mains du cardinal Nicolas de Freauville légat envoyé exprés en France pour ce fujet, comme on voit par fa commiffion en datte du dixiéme de Février de la même année:où le pape dit que le roi Philipe lui avoit promis de fe croifer avec les fils & fes freres pour le recouvrement de la terre fainte. Enfuite la croisade fut prêchée publiquement en France; & en confequence les tournois & les joutes furent défendus en Allemagne, en France & en Angleterre, par bulle du quatorziéme de Septembre.

593.

n. 8.

La reine Jeanne de Navarre étant morte en 1304. Baluz. v. to. I. p. Guichard évêque de Troyes en Champagne fut accusé d'avoir procuré fa mort par poifon & par fortilege. Il avoit été moine de la Celle prés de Troyes, puis abbé du même monaftere de l'ordre de S. Benoît. Sur cette accufation le pape Clement dona commiffion à l'archevêque de Sens d'arrêter l'évêque fans to p. 102, fcandale:puis par une autre lettre du neuvième d'Août 1307. adreffée au même archevêque & aux évêques d'Orleans & d'Auxerre, il leur mande d'informer fur ce fait par son autorité sommairement & sans figure de procés, & lui envoïer les informations. Cette commiffion auroit paru inutile quelques fiécles auparavant, puifque l'archevêque de Sens avec fes fuffragans étoient les juges competens de l'évêque de Troyes. Il parut coupable fur les dépofitions de Tome XIX.

Gg

AN. 1313. quelques faux témoins; & le dimanche avant la faint Denis fixiéme d'Octobre 1308. il le tint pour ce fujet une affemblée du Clerge & du peuple à Paris dans le jardin du roi, l'évêque étant déja pris & gardé au louvre dans une étroite prifon : fans qu'on eût égard à fon privilege clérical. Il demeura ainfi prisonier plus de quatre ans jufqu'en 1313. que fon innocence fut reconnue par la confession d'un Lombard nommé Nofle, qui fut pendu à Paris pour un autre crime.

Nangis. p. 651.

VII.

Mort de l'empereur Henri.

to. 1. p. 413.

Baluz. Mifcell. to. 1. p. 132.

L'empereur Henri aprés fon couronement fortit de Rome & s'arrêta en Tofcane pour s'opposer au parti des Guelfes ligués contre lui & foutenus par le roi Robert de Naples. Il dona même le vingt-cinquiéme d'Avril 1313. une fentence contre ce prince par laquelle le traitant de vassal rebelle & traître, il le déclare criminel de léfe-majefté, & comme tel il le prive de tous fes états, honeurs, dignités & droits, le met au ban de l'empire, le défie, le condamne à perdre la tête; & défend à qui que ce foit de lui obéir & le reconoître. Le quinziéme d'Août fuivant, fête de l'Affomption de la Vierge, l'empereur fe trouvant à Id. wit.to. 1. p. 21. Bonconvento, prés de Siene, fit fes dévotions & comunia de la main d'un frere Prêcheur nommé Bernard de Montpulcien : aprés quoi il tomba malade & mourut au même lieu le jour de S. Barthelemi vingtcinquième d'Août. Quelques-uns prétendirent qu'il avoit été empoisoné par frere Bernard & que ce religieux avoit mis du poifon dans le vin de l'ablution qu'il lui avoit donée aprés la communion : mais les medecins dirent au pape qu'il n'étoit point mort de poison, & des perfones dignes de foi témoignerent qu'il étoit mort d'un apofthume à la cuiffe. Enfin

53. 94. 614.

p.

Jean de Luxembourg roi de Bohême, fils de l'empereur AN. 1313. Henri, déclara trente-trois ans aprés par lettres paten- Mill. . 162. tes que ce qui avoit été dit ou écrit de cet empoifonement étoit faux: justifiant ainsi frere Bernard & tout l'ordre de S. Dominque.

VIII.

Bulles contre la

Henri.

jur.

de fent.

Aprés la mort de l'empereur Henri le pape Clement publia deux conftitutions contre fa memoire. memoire de La premiere au sujet de la protestation que l'empe- Clem, un. de juro reur avoit faite de n'être engagé à perfone par fer- Sup. r. 1. ment de fidelité. Le pape déclare au contraire que les fermens prêtés par Henri devant & aprés fon couronement, font des fermens de fidelité, & doivent être reputés tels. Par la feconde conftitution le pape déclare nulle la fentence prononcée par l'empereur Clem. Paftoral. 2. contre le roi Robert, attendu qu'il n'avoit pas été cité légitimement & ne pouvoit fe prefenter en fûreté au lieu où étoit l'empereur. De plus, ajoûte le pape, ce roi eft notre vaffal & a fon domicile continuel dans fon royaume & non dans l'empire: en forte qu'il n'eft point fujet de l'empereur ni capable d'être accusé de lése majesté envers lui. Nous donc, par la superiorité que nous avons fur l'empire, par la puiffance en laquelle nous fuccedons à l'empereur pendant la vacance; & par la plenitude de puiffance que J. C. nous a donnée en la perfone de S. Pierre, déclarons nulle & de nul effet cette fentence & tout ce qui s'eft ensuivi. En vertu de ce droit que le pape prétendoit avoir de gouverner l'empire pendant qu'il étoit vacant, il en fit le roi Robert vicaire en Italie quant au temporel tant qu'il plairoit au S. fiége. La bulle est du quatorziéme de Mars 1314.

Des Catalans qui avoient été au service de Fride

Rain. 1314. n. 2o

AN. 1314.

IX.

Affaires de Le

Vant.

n.8.9.

Sup. liv. LXXXV. n.

10.

Ducange. hift.

СР.

P. 244. Extrav. S. Rom.de elect.

Rain. 1314. n. II.

8.12.

ric d'Arragon roi de Sicile, avoit paffé en Grèce pour fervir contre les Turcs: puis ils avoient tourné leurs armes contre les Grecs mêmes & enfin contre les Latins établis dans l'Achaïe & la Morée. Le pape le trouva fort mauvais & manda à Nicolas patriarche de C P. d'exhorter les Catalans à fe défifter de cette guerre & employer plûtôt leurs forces contre les infidéles & les fchifmatiques: le tout fous peine d'excomunication. La lettre eft du quatorziéme de Janvier 1314. mais nous n'en voyons point d'effet.

Lorfque CP. fut reprise par les Grecs, le patriarche Latin étoit Pantaleon Juftinien, qui fe fauva en Italie:mais comme il refta des 'terres en Romanie fous l'obéïffance des François, 'les papes continuerent de créer des patriarches Latins de CP. Aprés Juftinien on trouve le cardinal Hugolin de Malebranche, qui mourut en 1291. puis Pierre confirmé par le pape Honorius IV. & mort en 1301. Leonard curé de S. Barthelemi de Venise, lui fut doné pour fucceffeur le dernier jour de l'an 1302. par Boniface VIII. qui lui dona de plus l'archevêché de Candie pour sa résidence & fon entretien ; & de même Clement V. dona au patriarche Nicolas pour foutenir fa dignité l'évêché de Négrepont, qu'il unit pour l'avenir au patriarcat de

CP.

Par la même raison le pape Clement conferva l'évêché de Rodés à Pierre de Plainecaffagne en le faifant patriarche de Jerufalem. Ce prélat étoit de l'ordre des freres Mineurs, & dès l'an 1304. évêque de Rodés. Le pape l'envoya légat en Palestine & en cette n. 2. Baluz. vit. qualité le recommanda au roi Philipe le Bel par lettre P. 139. 10. P. du fixiéme Janvier 1309. pour la conférvation du tem

Vading. 1309.

656.

porel de fonévêché. Pierre affifta comme légat à la AN. 1314. conquête de Rrodes par les Hofpitaliers, & mourut à Rodés en 1318. Or ces titres de patriarches donoient rang aux prélats qui les poffédoient au-deffus des archevêques.

X.

Execution de

Nang.p. 652.

Cependant il fe fit à Paris une exécution notable de deux Templiers. Arnaud d'Aux évêque d'Albane Templiers. & deux autres cardinaux légats, l'archevêque de Sens & quelques autres prélats, avec quelques docteurs en droit canonique apellés exprés, condamnerent à prifon perpetuelle le grand maître des Templiers, le vifiteur de France & les comandeurs d'Aquitaine & de Normandie, dont le pape s'étoit refervé le jugement; mais il l'avoit enfuite commis à ces prélats. Ils condamnerent ainsi ces quatre Templiers, parce qu'ils avoient confessé publiquement tous les crimes dont on les chargeoit fans exception, & fembloient vouloir perfifter dans leur confeffion. Cette fentence fut prononcée après une meure déliberation dans le parvis de N. Dame le lundi aprés la S. Gregoire, c'està-dire le dix-huitiéme de Mars 1314. & un des cardinaux prêcha.

Mais on fut bien étoné quand deux des condannés, favoir le grand maître & le commandeur de Normandie, s'adreffant au cardinal qui avoit prêché & à l'archevêque de Sens, retracterent leur confeffion, foutenant opiniâtrement qu'ils étoient innocens. Les cardinaux les mirent entre les mains du prevôt de Paris, qui étoit prefent, feulement pour les garder jufqu'à ce qu'ils euffent plus amplement deliberé fur ce fujet : ce qu'ils prétendoient faire le lendemain. Mais le roi qui étoit au palais l'ayant apris, fe contenta de pren