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faire quelque maléfice en l'invoquant : qui abufant AN. 1318. du facrement de batême batifent des images de cire

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ou d'autre matiere avec invocation des démons: qui abusent del'euchariftie ou de l'hoftie confacrée, ou des autres facremens en exerçant leurs maléfices. Vous procéderés contre eux avec les prélats, comme vous faites en matiere d'héréfie : car le pape vous en done le pouvoir. La lettre eft datée d'Avignon le vingtdeuxième d'Août 1320.

L'ignorance de la phyfique faifoit prendre alors pour furnaturels plufieurs effets de la nature; & comme il eft certain par la foi, que Dieu a souvent permis aux démons de tromper les hommes par des prodiges & de leur nuire par des moïens extraordinaires : on fupofoit fans l'examiner qu'il y avoit un art magique; & des régles fûres pour découvrir certains fecrets ou faire certains maux par me fi Dieu n'eût pas toûjours été le maître de les permettre ou les empêcher, ou s'il eut ratifié les расtes faits avec les efprits malins. En examinant de prés la prétenduë magie, on n'a trouvé que des empoifonemens accompagnés de fuperftitions & d'impof

tures.

le moïen des démons. Com

Entre ceux qui furent accufés d'avoir attenté à la Vie du pape, le plus confidérable fut Hugues Geraud évêque de Cahors. Il avoit été chanoine de Limoges & chapelain du pape Clement V. dés l'an 1305. Ensuite il fut chantre de l'églife de Perigueux,doïen de S. Irier au diocèse de Limoges & archidiacre d'Auge au diocéfe de Rouen. Il étoit auffi référendaire du pape quil'avoit emploïé en plufieurs affaires:& enfin luidona en1312,l'évêché de Cahors vacant en cour de Rome,

&

& le recommanda au roi Philipe le Bel. Hugues eut AN. 1381. grand foin de retirer les biens aliénés de fon églife, & obtint plufieurs graces du pape Clement, c'est-àdire, des difpenfes & des priviléges contre les régles: Mais le pape Jean XXII, aïant reçu plufieurs plaintes contre lui de la part des bourgeois de Cahors, envoïa les évêques de Riés & d'Arras informer de fa conduite par commiffion du vingt-fixiéme d'Avril 1318. & enfin le condamna par fentence du dix-huitiéme de Mai, qui porte en substance :

Aiant examiné le procés fait à Hugues Geraud ja dis évêque de Cahors, nous avons trouvé qu'il eft entré à l'épifcopat par brigue & par fimonie. Ce reproche femble regarder auffi le pape Clement, à qui Hugues dés la premiere année de fon épifcopat, fit un préfent de dix mille florins d'or ; & il fût bien s'en dédomager par une impofition fur le clergé de fon diocéfe. La fentence continue: Il a témoigné fon ingratitude envers le S. fiége, refusant avec mépris de déférer aux apellations, défendant à ses officiers d'y avoir égard; & maltraitant les apelans par emprifonement ou privation de bénéfices. Il a quelquefois doné des provisions pour les bénéfices qui viendroient à vacquer, ouvrant des voïes illicites pour la vacance. Il a traité tyraniquement ceux qui lui font foumis, exigeant d'eux par violence ou par artifice des fommes exceflives fous prétexte de fubfide charitable; & quand il a trouvé de la résistance, il a fufcité aux refufans des calomnies, des procés & d'autres vexations. Il a fouvent refufé de doner fes provisions à ceux qui lui étoient prefentés, s'ils ne lui païoient auparavant certaine fomme notable.

Tome XIX.

Oo

c.un. Extrav

Lacroix p.181.

AN. 1318.

Quant à fes mœurs & fa conduite perfonelle, il a continué depuis fon épiscopat des habitudes d'impureté & de commerce criminel avec des femmes. Enfin nous ne voïons en lui aucune efperance d'amendement. C'eft pourquoi & pour plufieurs autres crimes, de l'avis de tous nos freres les cardinaux, nous l'avons déposé de toute dignité pontificale & facerdotale, & condamné à une prifon perpetuelle pour y faire pénitence. La fentence n'en dit pas davantage : mais Bernard Guion auteur du tems ajoûte que le pape dépofa Hugues Geraud, en lui ôtant tous les ornemens pontificaux, favoir l'anneau, la mitre, la ap.Balu.p.154. chape, le rochet & le bonet, & le laiffant en fimple

Baluz. not. 737.

XII. Bulle Glorio

Poft Emeric.

habit clerical. Enfuite il fut degradé selon la forme de droit par le cardinal évêque de Tufculum, puis livré à la cour féculiere : par le jugement de laquelle il fut traîné publiquement & écorché en quelque partie de fon corps & enfin brûlé au mois de Juillet fuivant: parce, difoit-on, qu'il avoit machiné la mort du pape. Ce font les paroles de Bernard Guion. Le juge féculier qui ordona cette exécution,étoit Arnaud de Trianne neveu du pape & fon marêchal.

Les freres Mineurs fchifmatiques s'étoient doné un Sam ecclefiam. général particulier & enfeignoient plufieurs erreurs, ce qui obligea le pape Jean XXII. à publier une conftitution adreffée à tous les évêques, qui commence Litt. Apoft.p.58. Gloriofam ecclefiam, où aprés avoir raporté fommairement l'hiftoire de la révolte des prétendus Spirituels, & les remedes que Nicolas IV. & Clement V.avoient effaïé d'y aporter, il ajoûte: Ils fe font transportés V. Vading.od. dans l'ile de Sicile, où fe féparant entierement de l'unité de l'Ordre ils ont pris pour fuperieur Henri

Bullar.

Jo.XXII.Conft.

3.

Rain. 1318. n.

45.

n, 8.

de Ceva apoftat de la même religion, & fous lui des miniftres provinciaux, des cuftodes & des gardiens: Ils reçoivent des novices, nomment des prédicateurs & des confeffeurs qu'ils envoïent exercer leurs fonctions & établiffent de nouveaux convents. Et pour s'autorifer par une apparence de religion, ils ont pris de petits capuces avec des habits étroits, courts, fales & ridicules, foutenant qu'ils font conformes à la regle de S. François, & que son Ordre ne consiste qu'en cux feuls. Or du fchifme ils font tombés dans l'héréfie & foûtienent les erreurs fuivantes. 1. Ils feignent deux églifes, l'une charnelle comblée de richesses, plongée dans les délices & noircie de crimes, à laquelle commandent le pape & les autres prélats : l'autre églife eft fpirituelle, ornée de vertu, frugale, pau vre: elle ne confifte qu'en eux & leurs féctateurs, & ce font eux comme les plus fpirituels qui la gouvernent. 2. Les prêtres felon eux & les autres miniftres de l'églife, n'ont aucune autorité pour doner des fentences,conférer les facremens ou inftruire les peuples: la puiffance eccléfiaftique ne refte qu'à ceux de leur fecte. 3. On ne doit jurer en aucun cas : c'eft un peché mortel. 4. Les prêtres quoique légitimement ordonés perdent par le crime le pouvoir de confacrer & d'adminiftrer les facremens. 5.C'eft en nous feuls, difent-ils & de notre tems, que l'évangile de J. C. a été accompli: il avoit été caché jufqu'ici, ou plutôt

éteint.

Le pape réfute fommairement toutes ces erreurs, montrant qu'elles renouvellent plufieurs anciennes héréfies, puis il ajoûte : On dit qu'ils avancent beaucoup d'autres impertinences contre le facrement de

AN. 1318.

AN. 1318. mariage: touchant la fin du monde & la venuë de l'Ante-chrift, qu'ils difent être proche. Mais comme ces propofitions ne font apuïées ni de raison ni d'autorité, elles fe détruifent d'elles-mêmes & ne méritent pas d'être réfutées, il fuffit de les condamner, Voulant donc procurer la converfion de ces malheureux, ou du moins empêcher qu'ils ne corrompiffent les autres : nous avons prié le roi de Sicile Frederic de les chaffer de cette ifle & les remettre aux fupérieurs de l'Ordre; ce qu'il a commandé à fes officiers d'exécuter: mais les rebelles s'en font garantis par la fuite : quelques-uns font demeurés cachés en Sicile, d'autres fe font difperfés chés les infidéles, fous prétexte d'y prêcher la foi. C'eft pourquoi nous vous exhortons tous & vous enjoignons de ne doner aucune aide confeil ou faveur à Henri de Ceva, ni aux autres faux freres quffe font refugiés en Sicile: au contraire de les prendre & les remettre entre les mains des fuperieurs de l'ordre des freres Mineurs, pour être chatiés comme ils le meritent. La conftitution eft du vingt-troifiéme de Janvier 1318.

XLIII. Freres Mineurs

Le général de l'Ordre Michel de Cefene voulant brulés a Ma- faire executer la bulle Quorumdam exigit, trouva de la réfiftance principalement en quatre religieux, Jean Mfull. p. 198 Barran de Toulouse, Deodat Michel, Guillaume

feille.

Binz I

Sauton, & Ponce Roque de Narbone, qui foutinrent opiniatrément en préfence du géneral que le pape Jean n'avoit pas le pouvoir d'ordoner le contenu de cette bulle, & qu'ils n'étoient point tenus de l'éxécuter principalement en ce qu'elle leur enjoignoit de quitter leurs habits finguliers pour en prendre d'autres à la difcrétion du général; & de lui obéïr dans la reserve

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