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AN. 1322.

LXI.

roi de France.

Biluz to. I.
P 133.
Cont. Nang.
p. 696.
Du Tillet.

Rain. 8. 23.

La même année 1322. la nuit du fecond au troifiéme jour de Janvier mourut le roi de France Philips Mort de Phi- le Long, aprés avoir regné cinq ans ; & comme il ne lipe le Long. Charles le Bel laiffa point d'enfant mâle, fon frere Charles comte de la Marche lui fuccéda & fut couroné à Reims le neuviéme de Février. Il eft connu fous le nom de Charles le Bel. Le pape lui écrivit une lettre de confolation fur la mort du roi fon frere, y joignant des avis falutaires fur fa conduite; & quelque tems aprés il dé clara nul son mariage avec Blanche fille d'Otton comte de Bourgogne. Charles avoit épousé cette princeffe du vivant du roi Philipe le Bel fon pere, & en avoit 6. Nang. p. 654. qû des enfans: mais en 1314. l'aïant trouvée coupable. d'adultere, il l'enferma dans un château & ne pouvoit Le réfoudre à la reprendre.

Bluz. to. 2.

P. 449.

On lui réprefenta qu'il pouvoit faire caffer fon mariage, comme aiant été contracté non-obftant des cmpêchemens dirimans de parenté& d'affinité fpirituelle. Il fe pourvut donc devant l'évêque de Paris Etienne de Borret, qui vû l'importance de l'affaire appella pour confeil l'évêque de Beauvais Jean de Marigny & Geoffroi du Pieffis notaire du pape. Les parties aïant comparu par leurs procureurs; celui de la reine réprefenta que les empêchemens du mariage propofés de la part du roi avoient été levés par difpenfe du pape Clement V. A quoi le procureur du roi répliqua que cette difpenfe n'exprimoit pas fuffifament plufieurs parentés & alliances, particulierement la parenté fpirituelle contractée par la mere de la reine Blanche, en levant des fonds de batême le roi Charles Ajoûtant que dans la difpenfe on avoit inféré plufieurs faits qui n'étaient pas veritables, ce qui la ren

doit fubreptice. Sur quoi l'évêque de Paris jugea plus AN. 1322. à propos de renvoïer l'affaire toute inftruite au pape, auquel il apartenoit d'expliquer la dispense donée par fon predéceffeur : le roi & le procureur de la reine confentirent au renvoi.

cont. Nang. P.

Kain,132.28,

Le pape l'aïant accepté, fit encore examiner l'affaire quant à la forme, c'eft-a-dire, la procedure faite à Paris, & quant au fonds. Enfin le dix-neuviéme de Mai 1322. veille de l'Afcenfion, il dona en confiftoire public fon jugement définitif, qui porte en fubf- Balax.. 448. tance: Il paroît clairement que le roi & Blanche font 67 parens au quatrième degré de parenté des deux côtés cû égard à une fouche & au troifiéme degré à l'égard d'une autre. Il est encore conftant que Mathilde comteffe d'Artois mere de Blanche a levé des fonts avec plufieurs autres le roi, & qu'ainfi elle est sa mareine & Blanche fa fœur fpirituelle: qui font des empêchemens dirimens à leur mariage. Or il est constant encore que la difpenfe produite de la part de Blanche ne comprend pas les empêchemens exprimés ci-deffus & ne s'y étend pas. C'eft pourquoi nous prononçons & déclarons que le mariage eft nul, accordant aux parties la permiffion d'en contracter d'autres. En conféquence de ce jugement le roi Charles époufa quatre mois aprés Marie de Luxembourg fille de l'empereur Henri VII. & fœur de Jean roi de Bohéme.

Ce jugement du papo ne fut pas approuvé de tout le monde. Quelques uns difoient qu'il n'étoit pas vrai que la comteffe d'Artois fût marcine du roi, & 7.villani lib. qu'elle avoit été obligée de confentir à cette féparation pour fauver la vie à fa fille. D'autres tournoient la chofe en raillerie. Un tréforier du roi nommé Bil

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IX. C. 171.

AN. 1322. Hocfem.p.367.

30.550

levart homme trés-riche, obtint dispense pour époufer une femme qui étoit deux fois fa comére. Sur quoi l'on fit à Paris fix petits vers en ftile du tems, dont le fens étoit: Billevart n'a pas perdu fon tems à la cour du pape, qui lui a permis d'époufer fa double commére, & a rompu le mariage du roi par compérage: c'est à dire pour parenté fpirituelle.

On croit que le pape étoit bien aife de contenter le roi Charles à caufe duzéle que ce prince témoignoit pour la croifade, comme avoit fait le roi Philipe fon Rain. 1321. frere. Le pape en écrivit plusieurs fois au roi, particuliérement pour le fecours de l'Armenie: le roi envoïa au pape des ambaffadeurs entre lefquels étoit le comte de Clermont, qui demeura aprés les autres en cour de Rome, & la négociation dura tout le refte de cette année. Mais elle fut fans effet, à caufe des guerres qui furvinrent au pape en Italie, au roi en Guienne contre les Anglois.

LXII.
Difpure fur la
pauvreté de
J. C.

Ad.n.53.

1.p.598

Cette année la difpute entre les freres Mineurs touchant la pauvreté de J C. s'échaufa vivement à cette occafion. Dés l'année précedente 1321. l'archevêque Bauz. vit. to, de Narbone & Jean de Beaune inquifiteur de l'ordre des freres Prêcheurs, firent arrêter à Narbone un Bizoque ou Beguin, comme on les nommoit alors: qui foûtenoit entre autres chofes que J. C. & fes apôtres n'avoient eû la proprieté de rien, ni en particulier ni en commun. L'inquifiteur voulant juger ce Beguin, apella pour confeil tous les prieurs, gardiens & profeffeurs & plufieurs autres favans, du nombre desquels fut Berenger Talon profeffeur au convent des freres Mineurs de Narbone. Entre autres articles l'inquifiteur fit lire celui de la pauvreté de J. C, & des apô

tres, pour lequel il vouloit juger l'accufé comme hé- AN. 1322. rétique. Frere Berenger quand on lui demanda fon avis, répondit que cette propofition n'étoit point hérétique, mais de faine doctrine & catholique : vû principalement que ce point étoit défini par l'église dans la décretale Exiit qui feminat. Alors, comme s'il Sup. XXVIII, cut foutenu une héréfic, l'inquifiteur lui ordona de sc retracter fur le champ, en présence de tout le monde. Berenger le refufa abfolument; & comme on le preffoit, il apella folemnellement au S. fiége & vint à Avignon.

1.33.

Il comparut en confiftoire & propofa fon affaire devant le pape, qui en étoit déja informé de l'autre part. Le pape le fit arrêter, & propofa publiquement la queftion de la pauvreté de J. C. puis la fit doner par écrit à tous les prelats & les docteurs en théologie qui étoient en fa cour. Et comme la décrétale Exiit qui feminat portoit excomunication de plein droit contre quiconque prétendoit l'expliquer autrement qu'à la lettre, ou y ajoûter aucune glofe : le pape pour lever tout fcrupule à fes confultats, fufpendit cette défenfe jufqu'à fon bon plaifir, par une bulle du vingt- quam. de verb. fixiéme de Mars 1322.

Extrav Jeo Quia nonnun

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LXIII, Chapitre des

à Peroufe.

Pendant qu'on déliberoit à Avignon fur cette matiere, les freres Mineurs tinrent à Perouse leur cha- freres Mineurs pitre général où préfidoit Michel de Céféne aflisté des provinciaux d'Angleterre, de la haute Allemagne & de plufieurs autres fupérieurs & docteurs de l'Ordre. Quelques perfonages confidérables écrivirent à ce chapitre, entre autres deux cardinaux, qui avoient été de l'Ordre, Vital du Four & Bertrand de la Tour: exhortant les peres à déclarer leur fentiment fur la

Vading.,1322.

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Rain.eod.n.54.

question proposée & à foûtenir la déclaration de Nicolas III. fur quoi le chapitre publia une patente adresfée à tous les fidéles qui commence ainfi :

écrit

Sachés que l'an 1322. le quatrième de Juin nous avons apris qu'on agite préfentement en cour de Rome une queftion, favoir s'il eft hérétique de dire que J. C. & fes apôtres n'ont rien eu en particulier ni en commun; & on nous a requis de rédiger par ce que nous en penfions, fous nos fceaux & nos foufcriptions. Aïant donc examiné la queftion avec les preuves alleguées de part & d'autre, nous nous tenons fermement à la décifion de la fainte église Romaine, & nous disons tout d'une voix que ce n'eft pas une propofition hérétique, mais catholique, de dire que J. C. montrant le chemin de perfection & les apôtres y marchant aprés lui & voulant y conduire les autres, n'ont rien eû par droit de proprieté ni en particulier ni en commun. Vû principalement que l'églife qui n'a jamais erré, l'a expreffément décidé dans la décrétale Exiit qni seminat: qui a été inferée dans le corps de droit, aprouvée par toute l'église & depuis peu recommandée par N. S. P. le pape Jean XXII. dans sa 19 dift. c. Si conftitution Quorumdam exigit. Or ce que le S. fiége une fois aprouvé doit toûjours être tenu pour reçu, & perfone ne peut revenir contre.

24. g.1.c. A vette

pudenda.

Rom 24 q. 1, ·
Hac eft fides.

Ce decret du chapitre de Peroufe fut foufcrit par le général Michel de Céfene & neuf provinciaux dont le premier eft Guillaume Ocam Anglois, qui fe Alvar. Pel.lib. rendit depuis fi fameux. Le chapitre avant de fe fépaVading.n.54. rer publia une autre lettre adreffée à tous les fidéles

II C. 62.

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contenant la même déclaration de leur fentiment, mais plus étendue & foûtenuë de raisons & d'auto

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