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A N. 1324.

enfuite les reproches portés par fa monition: d'avoir pris le titre de roi des Romains & l'administration de l'empire avant fa confirmation : & d'avoir doné protection aux Visconti & aux autres rebelles, puis il continuë: Si nous avions égard à ces faits plutôt qu'aux paroles de votre fuplique, nous devrions ne vous donner aucune réponse: toutefois nous voulons bien furfeoir pour deux mois à la publication des peines encourues par votre maître. La réponse eft du même jour feptiéme de Janvier; & ces écrits furent envoïés J. villani, 1x. à l'évêque de Frifingue, pour être publiés en Allc

magne.

139. Corso,

P. 450.

VIII.
Bulle contre les

Rain. n. 7.12.

Le dernier jour de Février Raimond de Cardone chef des troupes de l'église, livra bataille aux Milanois Vifconti. couduits par Galeas & Marc Visconti. Le combat fut fanglant, l'armée de l'églife défaite & Raimond luimême pris & mené à Milan. Cette difgrace chagrina tellement le pape qu'il publia une bulle contre les Vifconti où il dit: Nous avons apris depuis long-tems

par

la commune renommée que Mathieu Visconti. d'odieufe mémoire, prenoit quelques-uns de ceux qui venoient au S. fiége de différens païs, les retenoit & les dépouilloit de tous leurs biens : qu'il interceptoit par fes officiers les lettres qui nous étoient envolées, les ouvroit, les déchiroit, ou les faifoit voir à diverfes perfones. On nous a aufli expofé en confiftoire public qu'il impofoit une taille tres- onéreuse aux égliles, aux monaftéres, & aux autres lieux de pieté de la ville & du territoire de Milan ; & qu'il l'éxigeoit avec violence, jufqu'à dépouiller des eccléfiaftiques de leurs biens, emprifoner les uns & faire fouffrir à d'autres divers tourmens. On fe plaignoit aufli que lui & fes Tome XIX. Y y

AN. 1324.

n. 3.

fils Galeas, Mare & les autres s'emparoient des biens des églifes même cathédrales dans les diccéfes où ils exerçoient leur tyrannie ; & réduifoient les prélats à vivre en éxil.

Matthieu leur défendoit expreffément de tenir leurs fynodes & aux religieux Mandians leurs chapitres, empêchoit leurs vifites & même la prédication. Il foûtenoit les mauvais religieux & les faisoit établir par force fuperieurs de leurs convents. Il mettoit de même par intrufion des perfones indignes dans les églifes féculiéres & régulières, jufqu'à faire recevoir dans un monaftére de Milan des filles dont il avoit abusé. Il avoit affiégé l'évêque de Verceil dans sa ville & l'avoit mis en prison : mais ce prélat se sauva par

la fuite.

Aprés avoir raporté quelques autres crimes de Matthieu Visconti, le pape vient à fon fils Galeas & dit: Il a dépouillé le défunt évêque de Plaifance de tous fes biens: détruifant les maifons, les vignes & le refte, & apliquant à son profit ce que l'on a pû tirer des revenus. Il a auffi dépouillé quelques clercs de cette églife aprés les avoir griévement bleffés ; & quelquesuns aïant été tués, il a donné leurs bénéfices à fes complices. L'évêque cependant réduit à un pitoïable éxil, eft venu prés de nous où il eft mort. Galeas pouffant plus loin fes violences a chargé le clergé de Plaisance de tailles & d'autres impofitions : il a rompu la clôture des religieufes & en a tiré quelques-unes dont il a abufé: il a enlevé des dépôts mis pour plus grande fûreté chés les freres Précheurs, les Mineurs, les Auguftins & en d'autres églifes : il a brûlé des églifes, des hôpitaux & d'autres lieux de pieté, & fait prêcher qu'il

ne falloit point craindre les cenfures portées contic AN. 1324.

lui.

29.

n. 10.

P. 286.

Le pape accufe enfuite Matthieu Vifconti & fes enfans d'avoir empêché le cardinal Bertrand d'exerces les fonctions de fa légation en Lombardie : d'avoir fomenté la divifion & la guerre dans le païs, fait alliance avec les fchifmatiques & favorifé les hérétiques puis il ajoûte: Par ces raifons nous avons doné commiflion à l'archevêque de Milan & aux inquifiteurs de la haute Lombardie de procéder contre le pere & les enfans fur le foupçon d'héréfie : ce qu'aïant exécuté, ils les ont déclaré hérétiques manifeftes, par plufieurs fentences données fucceffivement, les ont condamnés comme tels, & confifqué tous leurs biens, y ajoûtant quelques autres peines. On trouve ghel, to. 4. une fentence d'Aicard archevêque de Milan, donée le quatorziéme de Mars 1322. contre Matthieu Vifconti; où les crimes font raportés fort au long. Le pape continue: Or aprés la malheureufe mort de Matthieu fes enfans Galeas, Marc, Luquin, Jean & Etienne font demeurés obftinés & endurcis dans leurs crimes & leur rébellion contre Dieu & l'église Romaine. C'est pourquoi de l'avis de nos freres les cardinaux, nous avons réfolu de publier la croifade contre eux leurs fauteurs & adhérens, & par ces préfentes nous accordons l'indulgence accoutumée du fecours de la terre fainte à tous ceux qui marcheront contre ces excommuniés. Doné à Avignon le dixiéme des calendes d'Avril l'an huitiéme de notre pontificat, c'est-à-dire, le vingt-troifiéme de Mars 1324.

Le même jour le pape publia une feconde monition contre Louis de Baviere, où il fe plaint que ce

2. 11.

82.23.

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prince n'a point profité du fecond délai qu'il lui avoit accordé, ni comparu devant lui en perfone ou par procureur; & toutefois pour effaïer encore ce que pouroit fur fon efprit l'indulgence de l'églife, nous voulons bien, ajoûte le pape, furfeoir quant à préfent à la publication de l'excomunication prononcée contre lui, à condition que dans trois mois il quittera le titre de roi des Romains, s'abstiendra de la protection des Visconti & des autres ennemis de l'églife, & fe mettra en devoir de réparer tous les torts qu'il lui a faits. Mais cette monition n'eût pas plus d'effet que la pre

miere.

Guillaume fils du vicomte de Melun, étoit archevêque de Sens dés l'année 1316. aprés la mort de Philipe de Marigny. Il tint cette année à Paris un concile provincial avec les fuffragans, le famedi d'aprés la S. Mathias 1323. c'eft à-dire, le troifiéme de Mars 1324. avant Pâques. On y publia un statut de quatre articles, repeté prefque mot pour mot du concile de la même province, tenu par le même prélat en 1320, le jeudi aprés la Pentecôte. Le premier article & le plus important ordonne que chaque évêque dans fon diocéfe exhorte fon peuple à obferver l'abstinence de viande & le jeûne le mécredi aprés l'octave de la Pentecôte veille de la fête du S. facrement ; & tous ceux qui l'observeront gagneront quarante jours d'indulgence. Le concile ajoûre: Quant à la proceffion folemnelle le clergé & le peuple fait le même jeudi en portant le S. facrement, puifqu'elle femble introduite en quelque maniere par inspiration divine: nous n'en ordonons rien quant à present, la laiffant à la dévotion du clergé & du peuple.

que

duite par

On voit ici l'origine de la proceffion folem- AN. 1324. nelle du S. facrement, dont il n'eft pas dit un mot Sp. liv. dans la bulle de l'inftitution de la fête. Elle s'eft intro- LXXX. 27. par la dévotion des peuples en quelques églifes particuliéres, d'où elle s'eft étendue à toutes les autres. Il n'en a pas été de même du jeûne de la veille, & il ne s'eft confervé qu'en quelques communautés religieuses.

Dés l'année précédente le pape avoit écrit aux chevaliers Theutoniques de Livonie & de Pruffe une let. tre où il difoit: Gedemin roi des Lituaniens nous a mandé par fes lettres & fes envoïés qu'il defire embraffer la religion Chrétiene, nous priant de lui envoïer des perfones capables pour l'inftruire & lui doner le baptême. Nous avons reçu fa prière avec grande joie, efpérant que fa converfion pourra attirer celle d'une infinité de païens de ces quartiers là ; & nous avons réfolu d'y envoïer Barthelemi évêque d'Alet & Bernard abbé de S. Chafre au diocéfe du Pui docteur en droit canon & bien inftruit des faintes écritures. Enfuite l'avoüé, les confuls & les communautés de la ville de Riga, nous ont mandé par leurs lettres & leurs députés, que le même roi vous avoit priés par lettres, vous & quelques prélats & religieux, des feigneurs & des communautés du païs, de lui envoïer des commiffaires avec lesquels il pût traiter une bonne paix.

Sur quoi tous les nobles de Livonie & d'Estonie s'affemblerent avec quelques-uns d'entre vous le jour de S. Laurent de l'année derniere, c'eft-à-dire, le dixiéme d'Août 1322. En cette conférence on réfolut d'envoïer au roi des députés avec plein pouvoir de faire. tout ce qui feroit avantageux à la Chrétienté. Ces dé

X.
Lettre du Pa

pe aux cheva
R1313

liers de Prufle.

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20.

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