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AN. 1324.

p. 1098.

Rain. 1324.

2.48.

2. 53.

putés firent avec le roi Gedemin un traité de paix, . dont on nous a envoïé la traduction d'Alleman en Latin ; & nous l'avons confirmé. C'est pourquoi nous vous prions & vous enjoignons de l'obferver fidélement. Telle eft en substance la lettre du pape aux chevaliers Teutoniques en datte du dernier Août

1323.

La lettre de Gedemin roi ou plutôt duc de Lituanie adreffée au pape Jean, contenoit de grandes plaintes contre les chevaliers Teutoniques. Il difoit que MinStanis. Samic, douf ou Mindac fon prédéceffeur, qui vivoit en 1255. s'étoit converti à la foi Chrétienne avec tous fes fujets: mais que les infultes & les violences atroces des chevaliers les avoient fait retourner à l'idolatrie, Les chevaliers étoient d'ailleurs chargés de plufieurs reproches, car on difoit: Ils éloignent les miffionaires foit religieux, foit féculiers, qui vienent travailler à la converfion des fidéles, & leur refufent la fûreté pour paffer fur leurs terres. Loin de favorifer les nouveaux Chrétiens pour attirer d'autres païens à la foi, ils les réduisent à une fervitude infuportable. Ils opriment même les eccléfiaftiques & les maltraitent jufqu'à les tuer dépouillent les églifes, les abatent ou les brûlent; & aprés avoir ainfi traité les eccléfiaftiques, ils les contraignent par prifon ou par menaces de leur remettre les injures. Ils ont fait des cabales pour affoiblir dans le païs l'autorité du S. fiége, & empêchent d'aller en cour de Rome. Ils ufurpent les droits de l'archevéque de Riga & de fon églife; ils volent les bourgeois, ferment le port, & empêchent la liberté du commerce. Enfin quand quelqu'un de leurs confréres eft bleffé par les ennemis dans un combat, ils aché

19 2

vent de le tuer. A ces maux le pape opofa pour tout remède une exhortation aux chevaliers de s'en corriger avec menaces des cenfures eccléfiaftiques. La lettre cft du dixiéme de Fevrier 1324.

A N. 1324.

X I.

Légats au duc

1324. Dub. chr.

6.349.

Frideric archevêque de Riga en Livonie,tiré de l'ordre des freres Mineurs, étoit le promoteur de ces am- de Lituanie, baffadeurs au pape, dont les deux légats l'évêque Barthelemi & l'abbé Bernard arrivérent à Riga l'an 1324. le lendemain de la S. Mathieu, c'est-à-dire, le vingt- Praft par 111. deuxième de Septembre. Ils firent la paix entre les rois des Lituaniens & des Ruffes avec leurs fujets d'une part, & avec les Chrétiens de l'autre ; & ordonerent de la part du pape de l'obferver fidélement fous peine d'excomunication, dont on ne pouroit être absous que par le pape. Enfuite les légats envoïerent des nonces à Gedemin roi des Lituaniens : pour voir s'il étoit vrai qu'il voulût renoncer à l'idolatrie avec fon peuple & recevoir le baptême.

Mais ce prince fans avoir égard à la paix qui venoit d'être concluë, fit entrer une puiffante armée dans la province de Mafovie le vingt-uniéme de Novembre qui pilla & ravagea la ville de Polto ou Pultave apartenant à l'évêque de Plefco, & cent trente villages, trente paroiffes & plufieurs chapelles. Ses troupes profanérent les facremens, les ornemens & les vafes facrés : tuérent ou emmenérent en captivité des prêtres, des religieux & d'autres Chrétiens au nombre de plus de quatre mille. En même tems Gedemin envoïa une autre armée en Livonie, qui ravagea le territoire de Rofiten, pillant & brûlant par tout. Cependant il avoit auprés de lui les nonces des légats du pa- c. pe qui revinrent à Riga le vingt-cinquième de No

c. 390.

c. 35x.

35

AN 1324

XII.

pape contre Louis de B.

Rair. 1324. 22. 17.

vembre avec eux un noble Lituanien, qui étoit comme le fecond aprés le roi, & qui en préfence des légats, de plufieurs prélats & d'un grand nombre de Chrétiens, dit à haute voix de la part du roi : Il n'y a jamais eû de lettres écrites par fon ordre ni de fa conoiffance touchant fon baptême ou celui de ses sujets; il n'en a point fait préfenter au pape : ni fait publier rien de femblable dans les villes maritimes ou ailleurs. Il a juré par la puiffance des dieux qu'il ne veut point prendre d'autre religion que celle dans laquelle font morts fes ancêtres. Les nonces affurérent publiquement que c'étoit la verité. Ce que les légats aïant oüi, ils retournérent vers le pape. Par cet exemple on peut juger de la folidité des efpérances que divers miffionaires donoient au pape touchant la converfion de quelques princes Tartares ou autres trop éloignés pour en favoir la verité.

L'empereur Louis de Baviere & fes partisans pu Sentence du blioient en Allemagne que les procédures du pape contre ce prince tendoient à priver les électeurs de l'empire de leur droit, puifque le pape prétendoit que leur élection ne devoit produire aucun effet, qu'il ne l'eut examinée & aprouvée. Pour répondre à ce reproche le pape Jean écrivit à Jean roi de Bohême & aux trois archevêques de Treves, de Maïenee & de Colologne une lettre, où il dit que ce font des calomnies. Ce n'a jamais été notre intention, ajoûte-t-il, de deroger à vos droits, & il ne conviendroit pas à la main paternelle, qui vous a élevés, de vouloir vous nuire. C'eft que le pape fupofoit que Grégoire V. fon prédéceffeur avoit doné aux fept princes électeurs le droit de choisir l'empereur. La lettre eft du 26. Mai 1324.

a to. Ix.comc. P. 7:7.

Cependant

Jo

Rain. D. 19.21

Biluz. v. to. Ii

J.Vill.x. c 265.

Cependant Louis de Baviere alloit fon chemin & AN 1324. foûtenoit fon droit par les armes, donant du fecours aux Gibelins d'Italie, qui remporterent plufieurs a- jo vil. 1x. c. vantages fur les troupes de l'églife: de quoi le pape tou- 259 st. ché & voïant les délais qu'il avoit donés à Louis expirés, rendit enfin contre lui fa fentence définitive, où aprés avoir répété les chefs d'accusation propofés contre lui, & raporté la procédure faite jufqu'alors, il prononce ainfi: Nous le déclarons contumax, tant pour n'avoir pas comparu, que pour n'avoir pas ac- p.141.701. quiefcé à nos monitions & à nos ordres ; & en confé- Rain. 22. quence nous le dénonçons privé de tout le droit qui lui pouvoit apartenir en vertu de fon élection. Nous réfervant de le punir enfuite de plus grandes peines felon l'exigence des cas, s'il ne fe foûmet à l'églife dans le premier d'Octobre. Et cependant nous lui dé- Rain n.25. fendons étroitement de prendre déformais le titre de roi des Romains ou d'élu, de s'ingérer au gouvernement duroïaume ou de l'empire: le tout fous peine d'excomunication & de privation des fiefs & des priviléges qu'il tient de l'églife ou de l'empire. Cette bulle eft du quinziéme de Juillet. Elle fut envoïée aux princes Chrétiens, entre autres à Charles roi de France & à Edouard roi d'Angleterre, & publiée en France par Guillaume de Melun archevêque de Sens: en Angleterre par les archevêques de Cantorberi & d'Yorc: en Allemagne par celui de Magdebourg: en Italie par celui de Capoüe.

XIII.

Reproches de

L'empereur Loüis loin de s'y foûmettre, affembla au mois d'Octobre une grande diete à Saxenhaufen,où Los con.re le il fit la propofition fuivante: Nous difons que Jean qui fe dit pape XXII, du nom, eft ennemi de la paix,

Tome XIX,

Zz

рарс.

Bluz. vit. to.

3. p. 478,

pour

& ne tend qu'à exciter la divifion, non-feulement en AN. 1324 Italie, mais encore en Allemagne, follicitant les prélats & les princes par fes nonces & fes lettres, les révolter contre l'empire & contre nous. On raporte qu'il dit publiquement, que quand les rois & les princes féculiers font divifés, c'eft alors que le pape eft vrai pape & craint de tout le monde, & qu'il fait ce qui lui plaît. D'où vient que voïant multiplier en Allemagne les guerres & l'effufion du fang innocent à l'occafion des diverfes élections, il n'a jamais envoïé une lettre ni un nonce pour obvier à ces maux : quoiqu'il eut dans le païs plufieurs collecteurs pour éxiger de l'argent, aufquels il pouvoit doner cette commiffion, fans qu'il lui en coûtât rien.

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De plus il a condamné comme Patarins & hérétiques dans toute la Lombardie & en diverses autres parties d'Italie, plufieurs bons catholiques : en forte que felon lui le nombre des hérétiques y eft le plus grand, parce qu'il déclare tels tous ceux qui font fidéles à l'empire, fans en rendre d'autre raifon. Il ne confidére pas que S. Silveftre étoit caché dans une caverne lorfque Conftantin lui dona liberalement tout ce que l'églife pofféde aujourd'hui de liberté & d'honeur. Il en eft fi méconoiffant qu'il s'efforce de détruire en toute maniére l'empire & ceux qui lui font fidéles: comme il paroît par la procédure qu'il vient de faire contre nous, fondé fur de prétendues notoriétés, qui font au contraire des faufsetés maniféstes: où il nous condamne abfens fans citation précédente.

Il confére les évêchés & les abbaïes par efprit de partialité à des sujets entiérement indignes, fans avoir

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