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A N. 1326. l'église Romaine ; & fi quelquefois ils témoignent l'être, ce n'eft que de bouche & non de cœur. La voie de la réunion feroit d'avoir l'empereur avec fon patriarche & ceux de fa maifon : ce qui raméneroit à l'obéïffance de l'église Romaine tous fes sujets & même les Ruffes, les Serviens, les Georgiens & ceux qui font fous la domination des Francs, des Tartares & du fultan d'Egypte. Mais pour cet effet il faudroit avoir le consentement du feigneur Charles, en lui donant & à fes héritiers quelque dédommagement des prétentions qu'ils ont fur l'empire. Il parle de Charles comte de Valois, qui avoit époufé Catherine de Courtenai fille du dernier empereur titulaire de C.P. & en avoit eu une fille alors mariée à Philippe prince de Tarente frere du roi Robert auquel elle avoit porté les droits de fa défunte mere.

XXVI Projet de réunion avec les Grecs. apist. 9.

Rain. 1326 8.26.

Sanuto reçut enfuite une lettre de l'empereur Andronic par un nommé Conftantin Fuscomale ; & lui écrivit encore de Venife en 1326.l'exhortant fortement à l'union. La même année le pape envoïa un nonce à Andronic, & le chargea d'une lettre à Robert roi de Naples, où il difoit : Le roi de France Charles nous a fait favoir qu'Andronic, qui fe dit empereur des Romains, lui a écrit que fon intention eft d'avoir la paix avec tout le monde & particuliérement avec les Chré tiens. Or le roi voulant favoir plus certainement fic'eft en effet l'intention d'Andronic, a réfolu de lui envoïer fous notre bon plaifir Benoît de Cunes de l'ordre des freres Prêcheurs, docteur en théologie. Mais confidérant l'intérêt que vous avés en cette affaire, vous & votre frere Philipe le prince de Tarente: nous voulons que ce docteur avant que d'aller vers Andronic aille

Sup. liv.
LXXXIX. 2. 26.

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Gregoras lib.

8.47.

vous trouver l'un & l'autre pour favoir vos intentions AN. 1326.
& nous en écrire. La lettre eft du vingtiéme d'Août
1326. mais ces projets d'union n'eurent point de fuite.
Michel Paléologue fils aîné d'Andronic avoit été
affocié à l'empire dés l'année 1293. mais il mourut en
1320, laiffant un fils nommé Andronic comme fon 11. c. 1. n. 3
aïeul, qui le fit couroner empereur le fecond jour de 14.
Cantaru
Fevrier 1325. par le patriarche Ifaïe. Le patriarche Ge- tib. 1. c. 41.
rafime étoit mort dés le dix-neuviéme d'Avril 1321. Sup. liv. xc11.
n'aïant tenu le fiége qu'environ un an, & aprés quafi Greg VIII....
trois ans de vacance l'empereur lui dona
pour fuccef-
fuccef- ".7.6.12.
seur un moine du mont Athos âgé de plus de foixante
& dix ans, qui n'avoit rien de la dignité d'un évêque &
favoit à peine affembler fes lettres. L'empereur le choi-
fit pour fa grande fimplicité, quoiqu'il eût été accufé
de plufieurs fautes dont il y avoit nombre de témoins;
ce qui l'avoit exclus depuis long-tems d'être promû
aux ordres. Il fe nommoit Ifaïe & monta fur le fiége
de C. P. le trentiéme de Novembre 1323.

XXVII.
Défordres en

Chipre

22.28.

2.7.

Rain, 13:2

Cependant le pape informé des défordres qui régnoient dans l'ifle de Chipre, en écrivit à Raimond patriarche Latin de Jerufalem. Pierre de Plaine Caf- Rain. 1326. fagne évêque de Rodés & patriarche titulaire de Jeru- Sup. liv. xcır. falem étant mort le fixiéme de Février 1318. Pierre Gall Chr. nco chanoine de Nicofie en Chipre fut élu pour lui fuc- p. 216, céder, & le pape confirma l'election le dix-neuviéme de Juin 1322. Mais ce fecond Pierre étant mort deux ans apiés, le pape conféra le titre de patriarche de Jerufa- 14. 1326. n. AAY lem à Raimond de l'ordre des freres Prêcheurs en 1324. lui donant pour fubfifter l'adminiftration de l'églife de Nicofie, ville capitale du roïaume. Ce fut donc à ce Raimond qu'il écrivit une lettre où il difoit:

Ccc iij

n. 46.

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A N. 1326.

XXVIII.
Suite de la

Tartares.

Sap. liv. xc1.

n. 15,

vading, 1326, n. 2.

Nous avons apris que dans le roïaume de Chipre il fe trouve des Neftoriens & des Jacobites aïant des églifes feparées où ils enfeignent publiquement leurs erreurs ; & de plus, que quelques Grecs qui font le plus grand nombre des habitans du roïaume, nient le purgatoire & l'enfer : foûtenant qu'aucun des saints n'est en paradis jufqu'aprés le jugement univerfel, mais que cependant ils font en repos dans un certain lieu fans fouffrir; & ils veulent foûtenir le même des méchans. D'autres Grecs ne communient point fi le facrement de l'autel ne leur eft aporté de C. P. & quelques-uns en donent aux bêtes pour les guérir. Nous vous chargeons de vous apliquer à la correction de tous ces abus. La lettre eft du premier d'Octobre 1326. & le pape écrivit en même-tems à Hugues roi de Chipre de doner au patriarche fa protection pour ce fujet, Au reste ce qu'il dit de l'euchariftie aportée de C.P. regarde le viatique des malades, que les Grecs gardent toute l'année.

Cle

La religion faifoit toûjours du progrés dans l'emmillion chés les pire des Tartares, comme il paroît dans une lettre d'André de Peroufe frere Mineur, que le pape ment V. avoit envoïé en 1307 dans ce païs avec fix autres, aprés les avoir fait facrer évêques, pour foûte, nir les travaux de frere Jean de Montcorvin. La lettre de frere André s'adreffoit au gardien de fon convent de Peroufe, & il y parloit ainfi : Aprés beaucoup de fatigues & de périls, j'arrivai enfin à Cambalu, qui eft la ville capitale du grand Can, avec frere Peregrin mon confrere dans l'épifcopat & le compagnon inféparable de mon voïage. C'étoit comme je croi l'an 1308. Nous y facrâmes l'archevêque, favoir Jean de

Montcorvin, fuivant l'ordre que nous avions reçu du S. fiége, & y demeurâmes environ cinq ans, pendant lefquels nous reçumes de l'empereur la penfion nommée Alafa, pour la nouriture & le vêtement de huit perfones. Cette Alafa peut valoir par an cent florins d'or, fuivant l'eftimation des marchands Génois ; & c'eft ce que l'empereur done aux envoïés des grands, à des guerriers, à des ouvriers de divers arts & à d'autres perfones de diverfes conditions. Je passe ce qui regarde la richeffe & la magnificence de ce prince, la vafte étenduë de fon empire, la multitude des peuples, le nombre & la grandeur des villes, & le bel ordre de cet état, où perfone n'ofe lever l'épée contre un autre. Tout cela feroit trop long à écrire & paroîtroit incroïable : puisque moi-même qui fuis présent à peine puiffe croire ce que j'entends dire. Et enfuite:

Prés de l'Océan eft une grande ville nommée en Perfan Caïton, ou une riche dame Armeniéne a bâti une églife affés belle & grande, que l'archevêque a érigée en cathédrale du confentement de cette dame; & l'aïant suffisament dotée, il l'a donée pendant fa vie & laiffée en mourant à frere Gerard évêque & aux freres qui étoient avec lui; & c'eft le premier qui a rempli cette chaire. Ce frere Gerard étoit un des fept que Clement V. avoit fait facrer évêque. André continuë: Aprés fa mort l'archevêque me voulut faire fon fucceffeur, & comme je n'y confentis pas, il dona cette églife à frere Peregrin, qui aprés l'avoir gouvernée quelque peu d'années mourut l'an 1322. le lende. main de l'octave de la S. Pierre, c'eft à-dire, le feptiéme de Juillet. Environ quatre ans avant fon décés,

AN. 1316.

AN. 1326.

comme je ne me trouvois pas bien à Cambalu pour
quelques raifons, je me procurai l' Alafa ou aumône im-
périale pour la recevoir à Caïton diftante de Cambalu
de chemin d'environ trois femaines ; & avec huit ca-
valiers que l'empereur m'accorda je m'y rendis en
grand honeur. Dans un bois à deux cens cinquante
pas de la ville j'ai fait bâtir une église avec tous les
lieux réguliers pour ving-deux freres, & quatre cham-
bres dont chacune feroit fuffifante pour quelque pré-
lat
que ce fut. Je demeure continuellement en ce lieu
& j'y fubfifte de l'aumône roïale. J'en ai emploïé une
grande partie à ce bâtiment ; & je ne fache pas qu'il y
ait de femblable remitage dans toute notre province
pour la beauté & l'agrément.

Peu de tems aprés la mort de frere Peregrin j'ai reçu un decret de l'archevêque pour m'établir dans le fiége de Caïton. Je l'ai accepté, & je fuis tantôt dans la ville à la cathédrale, tantôt à l'ermitage, felon qu'il me plaît. Je me porte bien, & autant que mon âge 2vancé le souffre, je pourrai travailler à cette moisson encore quelques années. En ce vafte empire il y a des gens de toutes les nations du monde & de toutes les fectes; & on permet à chacun de vivre felon la fiene : car ils croient que chacun s'y peut fauver ; & nous pouvons prêcher avec liberté & fûreté : mais il ne se convertit point de Juifs ni de Sarafins. Un grand nombre d'idolatres reçoivent le batême, mais plufieurs enfuite ne vivent pas en bons Chrétiens. Quatre de nos freres ont été martyrifés dans l'Inde par les Sarafins: Un d'entre eux aïant été jetté deux fois dans un grand feu, en fortit fain & fauf; & toutefois ce miracle ne convertit perfone. Ces quatre freres fe nommoient

Thomas

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