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AN 1302. demande ni le confentement de perfonne, nonobstant tout usage contraire. 4. Que l'administration des biens & des revenus ecclefiaftiques n'apartient à aucun laïque, & que le pape en a la fouveraine dispensation: en forte qu'il peut demander & exiger felon qu'il trouve à propos lecentiéme, le dixième ou une autre quantité. 5. Que le roi ni aucun autre laïque ne peut faifir ni occuper les biens ecclefiatiques, finon dans les cas de droit: ou attirer à fon tribunal les personnes ecclefiatiques pour les actions perfonnelles, ou pour les recellés à l'égard des biens, qui ne font pas tenus de lui en fief. En quoi on empêche les prélats d'ufer du glaive fpirituel particulierement fur les monasteres, qui font en la garde du roi. 6. Comme en la prefence du roi & fans qu'il l'empêchât, on a brûlé publiquement au mépris du faint fiége une bulle dont le feau portoit les images des SS. apôtres & notre nom, vous lui dénoncerés qu'il ait à comparoître devant nous par procureur, pour se justifier s'il le peut & obéïr à nos ordres ; & vous lui déclarerés que pour peine d'un tel crime nous avons réfolu de révoquer tous les privileges accordés par nous & nos prédeceffeurs, à lui, à la famille & fes officiers. 7. Qu'il n'abuse pas de la garde des cathedrales vacantes qu'on nomme regale: en degradant les bois & les bâtimens, & confumant les fruits au-delà des frais de garde neceffaires 8. Qu'il rendre aux prélats l'exercice du glaive spirituel, nonobftant fes privileges. 9. Il faut lui ouvrir les yeux fur le changement de monoïe fait par deux fois en peu de temps, au grand préjudice des ecclesiastiques & des feculiers: fur quoi il eft obligé à reftitution & réparation. 10. Il faut encore le faire fouvenir des abus

IL.

commis par lui & par les fiens mentionnés dans la AN. 1 ̧02, lettre clofe que lui porta notre notaire Jacques ; c'est le nonce Jacques des Normans. Suit un grand article touchant la ville de Lion que le pape foutient n'être point dans les limites du royaume de France,mais apartenir à l'église de Lion, fans que le roi y ait aucun droit, même de reffort. C'eft pourquoi il défend au roi de troubler la jurisdiction de l'archevêque & du chapitre ; & veut qu'il répare les dommages qu'il leur a caufés. L'inftruction du legat finit par une menace, que fi le roi dans un certain temps ne remedie à tous ces abus, en forte que le pape ait fujet d'être content: il procedera contre le roi fpirituellement & temporellement comme il jugera expedient.

12,

XX. Réponses du roi

pape.

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Le cardinal le Moine s'étant acquité de fa commiffion, le roi lui donna sa réponse par écrit article par aux plaintes du article, dont voici la fubftance: Le roi n'a fait aucune défenfe contraire à la liberté d'aller à Rome & d'en revenir: feulement à caufe des guerres & particulierement la révolte des Flamans, il a défendu aux naturels François de fortir du royaume fans fa permission, & a prié les évêques &les autres ecclefiaftiques, même leur a enjoint, de ne pas abandonner le royaume & leurs églifes dans un temps fidangereux,où ils font tenus d'affifter le roi de leurs confeils & de leurs fecours.2. Le roi n'a ufé de la collation des benifices que fuivant le droit &lacoutume.commeS.Louis&fesautres prédeceffeurs de temps immemorial. Il ne veut rien innover sur ce fujet, & ne croit pas que le pape veüille innover de fon côté.3Leroine prétend empêcher l'entrée de fon roïaume aux légats,aux nonces, ou à aucune autre perfonne, à moins qu'elle ne lui foit fufpecte. 6. La bulle brûlée

AN. 1 302. avoit été obtenue par l'évêque & le chapitre de Laon contre les échevins de la ville:mais l'instance ayant été portée au parlement, l'évêque & le chapitre déclarerent qu'ils ne vouloient point s'en aider ; & elle fut brûlée à la requête des échevins, afin que leurs parties ne puffent s'en prévaloir. En quoi on n'eût intention de rien faire au mépris du pape ou de l'églife.

9.

a

Le roi a eû recours au changement de la monnoye pour la neceffité de défendre fon état, fuivant le pouvoir qu'il en a & l'ufage de fes prédeceffeurs : toutefois à la priere de fes fujets, il y a déja pourvû, enforte que bientôt perfonne n'aura fujet de fe plaindre. Leblanc, mon. t. Il est vrai que le roi Philipe le Bel affoiblit notablement les monnoyes pour le poids & pour l'aloi depuis l'an 1296. & ce fut la plus grande tache de fon regne. Les réponses fur les autres articles font plus generales.

213.214.6.

Sur la plufpart le roi nie le fait, & promet fi fes officiers ont commis quelque abus d'y apporter le remede convenable. Il conclut par le defir qu'il a d'entretenir la paix & l'union avec l'église Romaine : il fupplie le pape d'y contribuer de fon côté & de ne le pas troubler dans l'ufage de fes libertés & de fes privileges: enfin il déclare qu'il veut bien fur les difficultés qui pouroient refter, croire le confeil des ducs de Bretagne & de Bourgogne, aufquels le pape avoit auffi offert de s'en rapporter.

pas

Cette réponse étoit affez refpectueuse pour un roi quine devoit compte à perfonne du gouvernement de fon état ; & toutefois le pape Boniface n'en fut content; comme on voit par une lettre qu'il écrivit à Charles de Valois frere du roi, le vingt-quatrième de Fevrier 1303. où il parloit ainfi : Nous avons reçu de

puis peu des lettres du cardinal de faint Marcellin, AN. 1302. contenant les réponses du roi votre frere aux articles que ce cardinal lui a prefentez de notre part; & nous avons trouvé qu'elles contredifent des veritez certaines', qu'elles ne s'accordent ni avec la raifon ni Rain.n. 34. avec l'équité; & ne font pas conformes à l'affurance que l'évêque d'Auxerre & vous nous aviés doneée quand vous quitâtes la cour de Rome pour retourner en France. C'est pourquoi nous écrivons au cardinal que nous ne fommes point contents de ces réponses ; & vous devez favoir que fi le roi ne les corrige, nous procederons contre lui fpirituellement & temporellement, comme nous jugerons à propos.

vre,

L'affaire s'aigriffant de plus en plus le roi Philipe tint une affemblée à Paris en fa maison royale du Loule douzième de Mars 1302. indiction premiere, la neuvième année du pontificat de Boniface, c'està-dire l'an 1303. avant Pâques. A cette assemblée se trouverent cinq prélats, favoir les archevêques de Sens & de Narbonne, les évêques de Meaux, de Nevers & d'Auxerre & les Seigneurs fuivans, Charles comte de Valois & Loüis comte d'Evreux freres du roi, Robert duc de Bourgogne, & plufieurs autres appellés exprés, le roi y étoit prefent. Alors Guillaume de Nogaret, chevalier & profeffeur des loix, presenta au roi une requête qu'il prononça de vive voix & la laissa par écrit. Elle commençoit comme un fermon par un texte de l'écriture, fuivant l'ufage du temps,&conte noit une accufation formelle contre le pape Boniface réduite à ces quatre articles: 1. Je foutiens qu'il n'eft point pape, qu'il occupe injuftement le fiége, & qu'il y eft entré par de mauvaises voyes. 2. Qu'il est

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!

AN. 1302. heretique manifefte. 3. Qu'il eft fimoniaque horrible jufqu'à avoir dit publiquement qu'il ne pouvoit commettre de fimonie. 4. Enfin qu'il eft chargé d'une infinité de crimes énormes, où il eft tellement endurci, qu'il eft incorrigible & ne peut plus être toleré fans le renversement de l'églife.

Diff. p. 615.

XXII. Albert reconnu

C'est pourquoi je demande avec toute l'instance poffible & je vous fupplie, fire, & vous prélats, docteurs & autres affiftans, que vous excitiez les princes & les prélats, principalemeut les cardinaux, à convoquer un concile general, où aprés la condamnation de ce malheureux, les cardinaux pourvoyent à l'églife d'un pasteur ; & j'offre de poursuivre mon accusation devant ce concile. Cependant comme cette homme n'a point de superieur pour le déclarer fufpens, je demande qu'il foit mis en prifon, & que vous avec les cardinaux établiffiez un vicaire de l'églife Romaine pour ôter toute occafion de schisme jusqu'à ce qu'il y ait un pape. Vous y êtes tenu, fire, pour le maintien de la foi: de plus comme roi, dont le devoir eft d'exterminer tous les méchans, par le ferment que vous avez fait de proteger les églifes de votre royaume, & par l'exemple de vos ancêtres qui vous engage à délivrer d'oppreffion l'églife Romaine.

Gillaume de Nogaret étoit un gentilhomme de Languedoc juge-mage de Nifmes en 1294. & depuis employé par le roi en plufieurs affaires importantes, & cettemême année 1503.il lui donna la garde de fon feau.

Cependant le pape Boniface cherchoit à se fortiroi des Romains fier contre la puiffance du roi Philipe & commença par fe reconcilier avec Albert d'Autriche, en le reconnoiffant roi des Romains. Nous avons vû comme

par le pape.

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