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n. 30.

quoi il prie le roi de défendre à fes officiers d'inquieter sur ce sujet l'évêque & le chapitre de Maguelone, qui étoient en poffeffion de cette terre comme relevant du pape; & pour établir fa prétenfion il envoye au roi une lettre du pape Clement IV. à faint Louis, dont voicy la substance. On avoit representé au saint roi que le comté de Melgueüil lui appartenoit ou à Pierre Pelet Seigneur d'Alais fon vaffal, & non pas à l'évêque de Maguelone qui en étoit en poffeffion. Le faint roi voulant éclaircir fon droit, confulta le pape Clement qui lui répondit : ce comté est un fief de l'églife Romaine,comme il paroît certainement par de tres-anciens titres du faint fiége. Bertrand Pelet, bisaïeul de Pierre, l'atenu quelque temps, & les comtes de Toulouse en ont été auffi en poffeffion: mais le pape Innocent III. ayant privé Raimond le vieux de les terres par fentence juridique, fit venir ce comté à l'églife Romaine; & enfuite le donna à Guillaume évêque de Maguelone & à fes fucceffeurs, à la charge d'un cens annuel. Ils l'ont depuis poffedé paifiblement : toutefois depuis que nous fommes fur le faint 3. p. 583. Catel. fiége, nous avons permis à l'êveque de Maguelone d'affigner quelques revenus à Pierre Pelet, pour le démouvoir de la prétenfion de fes ancêtres, & faire ceffer les clameurs du peuple. Aprés cette réponse, il ne paroît pas que faint Louis ait infifté sur fon droit.

Le

V. Gall. Chr. to.

Lang. p. 657.

I I. Prétenfion du

Boniface foutenoit en même temps une pape prétenfion fur une bien plus grande feigneurie, fça- pape fur l'Ecoffe. voir le royaume d'Ecoffe. Alexandre III. roi d'Ecoffe étant mort fans enfans l'an 1286. la fucceffion fut dif. putée entre Jean de Bailleul & Robert de Brus. Jean avoit épousé la plus proche heritiere, Robert étoit f 2468.

Henr. Krygton.

415.

Matth. Weft fils de la foeur de cette princeffe. Le roi d'Angleterre Edouard ayant été pris pour arbitre, prononça en faveur de Jean de Bailleul, qui le reconnut pour fouverain, & lui fit foi & hommage: mais enfuite prenant avantage de la guerre qu'Edouard avoit contre la France, il prétendit avoir été forcé à faire cet hommage, y renonça, & prit les armes contre Edouard, qui le défit, le prit prifonnier & conquit toute l'Ecoffe.

to. 11. Concil. p.

1299.7.14.

Alors le pape Boniface écrivit au roi Edouard une 1399. Rain an lettre où il dit: Nous ne doutons pas que vous ne fachiés que le royaume d'Ecofle a appartenu anciennement de plein droit à l'églife Romaine & lui appartient encore : & qu'il n'a jamais été foumis comme fief aux rois d'Angleterre vos prédeceffeurs ni à vous. Il rapporte enfuite plufieurs faits, pour montrer que l'Ecoffe n'eft point fujette à l'Angleterre : mais il ne donne aucune preuve du prétendu droit de l'églife Romaine, il fe contente de dire que perfonne n'en doute; & en conclud, qu'Edouard n'a pas dû fe foumettre l'Ecoffe par violence. Il lui reproche en particulier l'emprifonnement de l'évêque de Glafcou, de celui de Sodore & de quelques autres ecclefiaftiques. Il le prie de les mettre en liberté, & de retirer d'Ecoffe fes officiers, puis il ajoute: Que fi vous prétendez avoir quelque droit fur le royaume d'Ecosse, nous voulons que vous envoyiez dans fix mois pardevant nous vos procureurs, avec toutes les preuves de votre droit; & nous fommes prêts à vous rendre bonnet justice. Car nous évoquons & refervons à la connoiffance & au jugement du S..Siege, toutes les conteftations meuës & à mouvoir fur ce fujet. La lettre

eft du vingt-feptiéme de Juin 1299.

AN. 1300. Le pape l'envoya à Robert de Vinchelfée archevê- p. 1398. que de Cantorberi, avec une lettre, où il lui ordon- Rain, n. 19. ne fous peine de fufpenfe du fpirituel & du temporel, de rendre inceffamment au roi la précedente, & l'exhorter efficacement à y acquiefcer. L'archevêque p. 1401: ayant reçu cet ordre du pape fe mit auffi-tôt en état de l'exécuter, & prépara fon équipage pour aller trouver le roi Edouard qui étoit à vingt journées de distance; & étant arrivé à Carlile en grande diligence, il trouva que le roi étoit déja entré en Ecoffe avec fon armée: mais il apprit qu'il n'y avoit pas de fûreté à l'y fuivre. Enfin aprés avoir attendu long-temps & paffé quelque bras de mer avec peril, il fe rendit auprés du roi le vendredi aprés la faint Barthelemi, c'eft-à-dire, le vingt-fixiéme d'Août 1300. Le roi fit lire la lettre du pape en prefence des feigneurs & des chevaliers de fon armée, & la fit expliquer en françois, qui étoit la langue de la cour d'Angleterre; puis en ayant deliberé avec son confeil, il fit répondre à l'archevêque: La coutume d'Angleterre eft que dans les affaires qui regardent l'état du royaume, on demande l'avis de tous ceux qui y ont interêt,comme font plufieurs feigneurs & prélats qui ne font pas en cette armée : le roi les confultera fur cette lettre du pape, le plûtôt qu'il pourra, & ensuite lui rendra réponse par les envoyés. L'archevêque de Cantorberi rendit compte au pape de la fidelité avec laquelle il avoit executé fa commiffion, par fa lettre du sixié! me d'Octobre de la même année.

Enfuite le roi Edouard envoya au pape Boniface fa réponse contenue dans une grande lettre, où il

AN. 1300.

p. 1404

p. 2483.

déclare d'abord que ce n'eft point un acte judiciaire; précaution qui fut fans doute jugée neceffaire contre Hr. Knygo la jurifdiction que le pape s'attribuoit à la fin de fa lettre. Celle du roi contient toutes les preuves de la fujetion de l'Ecoffe à l'Angleterre, & commence par les fables de Brutus Troyen, premier roi de la grande Bretagne, de fon fecond fils Albanact premier roi d'Ecoffe, & du roi Anfelme vaffal du roi Artus: car ces fables paffoient alors pour des histoires veritables. Venant à des temps plus connus, il dit qu'Edouard le vieux fils d'Alfrede, étoit roi d'Angleterre, d'Ecoffe & de Cambrie, qu'Adeftan établit Conftantin pour regner fous lui en Ecoffe, & rapporte plufieurs autres faits de fes prédeceffeurs, Enfin venant à fon regne, il marque le compromis fait entre les mains, fon jugement en faveur de Jean de Bailleul, l'hommage rendu par ce prince & fa révolte. Il ne paroît pas que le pape Boniface ait pouffé plus loin cette prétenfion : feulement il obtint la liberté de Jean de Bailleul.

Westmon. p 433.

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Vers le même temps Robert archevêque de Cantorberi, tint un concise provincial à Merton, où il publia des conftitutions qui regardent principalement les dîmes, & font voir avec quelle rigueur on les exigeoit alors en Angleterre. On faifoit payer, non feulement la dîme réelle de tous les fruits, & de toutes les nourritures, même de la volaille, de la laine & des laitages: mais encore la dime personnelle de l'industrie & du trafic, qui s'étendoit à tous les marchands, les hôteliers, les artifans, les ouvriers & les mercenaires, le tout fous peine des cenfures ecclefiaftiques, qui ne pouvoient être levées que par l'évêque.

Les curez eux-mêmes, s'ils manquoient à demander AN. 1300. la dîme, par crainte ou autrement, encouroient la fufpenfe jufqu'a ce qu'ils euffent payé un demi marc d'argent à l'archidiacre.

Cependant le pape Boniface voulant pacifier les

IV.

Pourflites du

bert d'Autriche.

F.

villes d'Italie fit fon legat Mathieu d'Aquafparta, pe court cardinal évêque de Porto, étendant sa légation aux Rain.n.84. provinces de Lombardie, de Toscane & de la Romagne: fa commiffion eft du vingt-troisième de Mai. Le pape l'avoit envoyé à la priere des Guelfes de Villani. lib Florence, où le legat fe rendit au mois de Juin, & y fut reçu avec de grands honneurs : mais s'étant mis en devoir de concilier les divers partis, & de rétablir un bon gouvernement dans la ville, il ne fut pas obéï & fe retira avec indignation, laiffant les Florentins excommuniez & la ville interdite. Aprés qu'il fut retourné à la cour de Rome, le pape par le confeil de quelques Florentins, prit la réfolution de faire venir Charles de Valois, frere du roi Philippe le Bel, mierement pour fecourir le roi Charles de Sicile, & fecondement pour être vicaire de l'empire en Italie: car le pape prétendoit avoir droit de disposer de cette charge pendant la vacance de l'empire.

pre

C. 42.

Ducange hift.

Il avoit déja accordé à Charles de Valois la difpenfe c... neceffaire pour époufer Catherine de Courtenai heritiere de l'empire titulaire de C. P. qu'il époufa en effet; & d'ailleurs le pape faifoit efperer à Charles l'empire d'occident : car il n'avoit point aprouvé l'élection d'Albert d'Autriche, comme on voit par lettre qu'il écrivit aux trois électeurs ecclefiatiques le treizième d'Avril 1301. où il dit: Albert duc d'Autriche, aprés avoir fait hommage lige à Adolfe roi Rain. 1301. n. 2.

la

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