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XI. où l'on peut remarquer comme dans celle de Bo- AN. 1304. niface qu'il n'eft parlé que des freres Prêcheurs & des Mineurs, preuve que les autres ordres Mandians n'étoient pas encore fort celebres.

XLIV. Mort de Benoift XI.

c. 80.

Le pontificat de Benoift fur court, & le bruit courut qu'il avoit été empoisoné par l'envie de quelques 3. vill v111. cardinaux, ce que l'on racontoit ainsi. Conime il étoit à table à Peroufe où il réfidoit, vint un jeune homme habillé en fille, fe difanttouriere des religieufes de fainte Petronille, tenant un baffin d'argent plein de belles figues qu'il présenta au pape de la part de l'abeffe fa devote. Le pape les reçut avec grande fête, parce qu'il en mangeoit volontiers; & fans en faire faire d'effai, parce qu'elles venoient d'une perfonne renfermée, il en mangea beaucoup. Auffi-tôt il tom、 Papebr, conat. ba malade & mourut en peu de jours favoir le fixiéme de Juillet 1304. aprés avoir tenu le faint fiége huit mois & quinze jours. Il fut enterré à Peroufe même dans l'église des freres Prêcheurs, fans cérémonie & d'abord dans un tombeau fimple, où depuis on ajoûta des ornemens d'architecture Gothique à la maniere temps. On dit qu'il s'y fit plufieurs miracles. Le Rain r. 32. faint fiége vaqua prés d'onze mois.

du

XLV.

Nang. to. xi. Spicil.

Les bulles accordées par le pape Benoist pour l'ab- Affaires de l'unifolution du roi Philippe le Bel, & la révocation de la verfité de Paris. fufpenfe de donner des licences en theologie & en p. 614. droit canon étant apportées à Paris, on y lut publiquement dans l'églife N. Dame en prefence des prélats & du clergé appellés exprés, des lettres du roi contenant la fubftance de ces bulles; & cette lecture fut faite le vingt-huitiéme de Juin veille de la faint Pier- Dubois p. 532.538. re. Simon Matifas de Buei évêque de Paris étoit mort

AN. I 304.

Nang. ibid. Du

le lundi vingt-deuxième du même mois; & le fiége vaqua jufques au vendredi avant la faint Matthieu dixhuitième de Septembre auquel jour on élut Guillaume Baufet natif d'Aurillac en Auvergne chanoine de Paris, phyficien, c'est-à-dire medecin du roi, recommandable pour les mœurs & fa doctrine. Il fut facré à Sens par l'archevéque Etienne Bequart le jour de faint Sulpice dix-feptiéme Janvier de l'année sui

vante.

Cependant l'université avoit ceffé ses leçons pour boulas so. 4-P-73- l'injure qu'elle prétendoit avoir reçuë de Pierre le Jumeau prevôt de Paris, qui avoit fait arrêter precipitament & pendre un écolier nommé Philipe Barbier natif de Roüen. Sur quoi l'official publia un mandement le lundi avant la nativité de la Vierge, c'est-àdire le feptiéme de Septembre, portant que le lendemain jour de la fête à l'heure de tierce, tous les curés fe rendroient proceffionellement avec le peuple à la maison du prevôt, contre la quelle ils jetteroient des pierres en criant: Retire-toi, retire-toi maudit fatan, reconnois ta méchanceté,rendant honneur à notre mere fainte églife que tu as deshonorée entant qu'il eft en toi & bleffée en fes libertés: autrement que ton partage foit avec Datan & Abiron que la terre engloutit tout vivans. Ce mandement portoit peine de fufpenfe & d'excomunication. Les leçons cefferent jufqu'à ce que le prevôt de Paris fatisfit à l'université par ordre du roi & alla en cour de Rome pour obtenir fon absolution ; & ainfi les leçons recommençerent le mardi a、 prés la Touffaint troifiéme de Novembre. Pour réparation le roi donna quarante livres de rente afsignées fur fon trefor, afin de fonder deux chapel

lenies à la difpofition de l'université.

AN. 1304.

Nang. p. 617.

La même année Jean de Paris docteur en theologie de l'ordre des freres Prêcheurs, homme d'un grand Daboulai p. 69. favoir & d'un bel efprit, voulut introduire une nouvelle maniere d'expliquer l'exiftence du corps de J. C. dans l'euchariftie: difant qu'il pouvoit y être nonfeulement par le changement de la substance du pain au corps de Jefus - Chrift, qui fait partie de la nature humaine, fuivant l'opinion commune des docteurs; mais qu'il étoit encore poffible que J. C. prît la substance du pain ; & que cette explication étoit plus populaire & peut-être plus raisonnable & plus veritable, comme fauvant mieux l'aparence des especes fenfibles qui demeurent. Les autres docteurs foutenoient l'opinion contraire, principalement par la decretale d'Innocent III. tirée du concile de Latran; c. Firmiter. 1. de & disoient que cette nouvelle explication devoit être fum. Trin. §. 3• rejettée comme ne s'accordant pas avec la foi. L'opinion de Frere Jean de Paris ayant donc été examinée, il ne vouloit pas la retracter & la foutenoit opiniatrément. C'eft pourquoi le nouvel évêque de Paris Guillaume d'Aurillac affembla Gilles de Rome archevêque de Bourges, Bertrand de S. Denis évêque d'Orleans & Guillaume de Mafcon évêque d'Amiens avec plufieurs autres docteurs, & par leur confeil impola filence perpetuel fur cet article à Frere Jean de Paris fous peine d'excommunication, & lui défendit les leçons & la prédication. Il en appella au S. fiége,& on lui donna des commiffaires en cour de Rome: mais il mourut avant que l'affaire fut terminée.

XLVI. Mishon de Fr.

Il y avoit plus de quinze ans que Jean de Montcorvin Italien, de l'ordre des freres Mineurs, étoit Jean de Montcor

yin.

AN. 1305.

Sup. liv. LXXXIX.

7.10.

occupé aux miffions du levant quand il écrivit au vicaire general de fon ordre une lettre, où il dit: Je n. 4. Vading. 130s. partis de Tauris ville de Perfe l'an 1291. & j'entrai dans l'Inde où je fus treize mois à l'église de l'apôtre S. Thomas & je baptifai environ cent perfonnes en divers lieux. Mon compagnon de voïage fut frere Nicolas de Pistoie qui mourut là & fut enterré dans la même églife. Pour moi paffant plus avant j'arrivai au Catai roïaume de l'empereur des Tartares que l'on nomme le grand Can. Je l'invitai, fuivant les lettres du pape, à embraffer la religion Chrétiene, mais il eft trop endurci dans l'idolatrie: toutefois il fait beaucoup de bien aux Chrétiens, & il y a déja plus de deux ans que je fuis chés lui. Des Neftoriens qui portent le nom de Chrétiens, mais qui font fort éloignés de la vraie religion, font fi puiffans en ces quartiers là, qu'ils ne permettent à aucun Chrétien d'un autre rit d'y avoir un oratoire, quelque petit qu'il foit, ni de prêcher autre doctrine que la leur : car aucun des apôtres ni de leurs difciples n'eft venu en ces païs. Ces Neftoriens donc, tant par eux que par d'autres gagnés à force d'argent, m'ont fufcité de tres-rudes perfecutions, difant que je n'étois point envoïé par le pape, mais que j'étois un grand efpion & un feducteur; & quelque temps aprés ils ont amené d'autres faux témoins qui difoient qu'on avoit envoyé à l'empereur un ambassadeur qui lui portoit de grandes richeffes, que je l'avois tué dans l'Inde & avois emporté ce trefor. Cette impofture a duré environ cinq ans : en forte que j'ai été fouvent traîné en jugement avec honte & en peril de mort. Enfin par la confeffion d'un coupable l'empereur a connu mon innocence & la ma

lice de mes ennemis, qu'il a envoyés en exil avec leurs femmes & leurs enfans.

AN. 1305.

n. 19,

J'ai paflé onze ans en cette miffion fans compagnon jufqu'à l'arrivée de frere Arnold Alleman de la province de Cologne, depuis laquelle c'est ici la feconde année. J'ai bâti une églife dans la ville de Rain. 1305. Cambalu, qui eft la principale refidence du roi : il y a fix ans que je l'ai achevée, j'y ai fait un clocher & Y ai mis trois cloches. J'y ai baptifé comme je croi jufqu'à prefent environ fix mille perfones; fans les calomnies dont j'ai parlé, j'en aurois baptifé plus de trente mille, & je fuis fouvent occupé à baptifer. J'ai inftruit auffi fucceffivement cent cinquante enfans de payens de l'âge d'entre fept & onze ans, qui ne connoiffoient encore aucune religion. Je les ai baptifés & leur ai appris les lettres latines & grecques, & j'ai écrit pour eux trente-deux plautiers avec les hymnes & deux breviaires: par le moyen defquels onze enfans favent déja notre office, tienent le chœur & font leurs femaines comme dans les couvents, foit que je fois present ou non. Plufieurs d'entr'eux écrivent des plautiers & d'autres chofes convenables, & l'empereur fe plait fort à les oüir chanter. Je fone les cloches pour toutes les heures & je fais l'office avec les enfans, mais nous chantons par routine n'ayant pas de livres

notés.

Un roi de ce pays là nommé George de la fecte des Neftoriens & de la race du prêtre Jean de l'Inde, s'attacha à moi la premiere année que je vins ici, & s'étant converti à la foi catholique par mon miniftere, il reçut les ordres mineurs & me fervit la meffe revêtu de fes habits royaux. Quelques autres Neftoriens l'a

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