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dans l'hiver, qu'il les expofoit à tout le froid de l'atmosphere, en faifant ouvrir fur eux portes & fenêtres. Toutes ces abfurdités trouvoient croyance chez de mais la vérité eft qu'il

certaines gens; portoit feulement fon attention à empêcher que les malades ne fuffent étouf fés par le poids des couvertures, & à entretenir dans leur appartement la température d'air dont on s'accommode le mieux en fanté ; il y faifoit allumer du feu dans l'hiver, pour entretenir un air tempéré; & dans l'été, quand il faifoit

trop chaud, il avoit l'attention de faire renouveler & rafraîchir l'air par les moyens connus; & dans quelque faifon que ce fût, lorfqu'il confeilloit de renouveler l'air de la chambre, il avoit toujours foin de recommander qu'on garantît le malade de l'impreffion fubite d'un air froid, foit en fermant les rideaux de fon lit, foit en interpofant un paravent entre le lit & porte. Du refte, il vouloit que le

La

malade reftât vêtu & couvert, pour que tout le corps fût dans un état favorable à la transpiration; il faifoit mêmeganter les mains, & tenoit toujours les extrémités inférieures bien chaudement, faifant moins couvrir la poitrine & le vifage, qu'il fuffit de garantir du froid, fans les trop échauffer; tout cela dans la vue d'augmenter l'éruption aux parties inférieures, & d'en détourner le plus poffible, de la tête, du vifage & de la poitrine; enfin Boerhaave portoit particuliérement fon attention à ce que les malades ne refpiraffent pas un air trop chaud.

Hofman, le digne rival de Boerhaave, confeille pareillement de renouveler l'air en ouvrant de tems en tems les fenêtres, & il eft perfuadé que faute de cette précaution, & par les foins trop officieux d'échauffer le plus qu'on peut les malades, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, la plupart des enfans du peuple meurent de la petite vérole,

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quoiqu'en foi-même difcrete & bénigne; ce qui arrive furtout quand ils font couchés plufieurs dans une même chambre, & qu'on n'a pas foin d'en renouveler l'air; il obferve en même tems qu'une fueur immodérée & poufféetrop long-tems, n'eft jamais exempte de danger.

Quant à moi, dit Swieten, quoique je ne confeillerois à perfonne de s'expofer au froid, ayant la petite vérole',, cependant j'ai pardevers moi bien des obfervations, qui me prouvent que cette espece d'imprudence n'a pas d'auffi grands inconvéniens qu'on le pense; plufieurs perfonnes font venues juf ques chez moi pour me confulter ayant déjà des boutons au vifage, fans: -fe douter qu'elles avoient la petite vérole, & elles n'en font pas mortes pour cela. Rien de plus commun que de voir en province des petits enfans dans les rues avec la petire vérole für le vifage: & fur le corps, fans qu'il en arrive

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aucun accident; ce font même les cas les plus heureux; car dans cette fécurité, on ne les enivre pas de vin, de fucre & de canelle; mais je fuis moimême un témoignage vivant (c'eft tou jours Swieten qui parle) que l'imprudence de s'expofer à l'air froid avec la petite vérole, n'a pas toujours de mauvaifes fuites; voici mon histoire : j'eus à l'âge de feize ans une fiévre continue qui fut affez forte pendant trois jours & même accompagnée de quelque défire, mais le quatrieme jour au matin je m'éveille affez bien portant & me crois guéri; je me fais apporter quelques poiffens en friture, je les de bon appétit, je m'habille & je fors muni de mon manteau, car il, faifoit très-froid, c'étoit au mois de Décembre, & il tomboit de la neige; je fus chez un de mes amis, j'entre & m'affied auprès du feu, on m'examine, on me regarde, on s'apperçoit que j'ai le vifage rouge, on allume une bougie

mange

c'étoit,

pour mieux voir ce que

& l'on

me dit que j'ai la petite vérole; en effet, le vifage, le cou & les mains en étoient: déjà couverts; je n'eus rien de plus: preffé que de retourner au logis, & d'appeler un médecin. Il vient me voir & me confirme que c'eft la petite vérole, & me tanfe fortement fur l'imprudence de ma fortie, cependant je m'en fuis bien tiré, quoique j'aye eu: beaucoup de boutons, mais heureusement bien distincts & de la bonne efpece j'ai bien d'autres obfervations: pareilles, mais je crois que celles-ci fuffisent pour prouver que l'air froid. n'eft pas toujours auffi nuifible qu'on le craint dans cette maladie; c'est d'après de semblables obfervations, que je n'ai jamais eu le moindre fcrupule de faire transporter les malades de peute vé-role d'un endroit dans l'autre, quand les circonstances le requéroient, & je n'en ai jamais apperçu le moindre in

convénient.

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