plus la petite vérole fera confluente; axiome confirmé enfuite par les médecins obfervateurs, Voici quelques faits en preuve. Un homme de naiffance & d'un grand mérite, en allant à la campagne, entra par hafard dans une maifon où il y ayoit un enfant malade de la petite vérole. Notre voyageur effrayé romba malade dès le même jour, avec tous les fymptômes précurfeurs de la petite vérole, & dès le commencement du troifiéme jour il eut tout le corps couvert d'une petite vérole confluente dont il mourut. J'ai vu plufieurs cas femblables d'une éruption auffi précipitée & auffi funefte, & prefque toujours chez ceux qui avoient le plus de frayeur de la petite vérole, & qui paliffoient à fon feul nom. Cette obfervation de Sydenham fur le danger des petites véroles précoces ou prématurées, eft bien contraire aux préjugés reçus parmi le peuple qui ne croit jamais voir pouffer trop tôt la pe tite vérole, & qui n'en voit jamais trop à fon gré, n'étant jamais plus content que quand il la voit lever bien promptement & bien abondamment, ne prévoyant pas que plus il y aura de boutons, plus la fiévre de fuppuration fera forte & dangereufe. C'est pourtant de ces fauffes idées qu'eft né l'abus des cordiaux. Un autre préjugé a encore donné lieu à cet abus, même parmi quelques médecins ; c'eft qu'ayant obfervé que dès que l'éruption commence à fe faire, les fymptômes effrayans qui la précedent, diminuent à mefure que l'éruption avance : ils ont conclu de là qu'il falloit donc hâter & précipiter l'éruption, comme s'ils n'euffent pas dû plutôt observer la marche réguliere de la maladie, comme a fait Sydenham, attendre la coction de l'humeur, & refpecter la lenteur du travail de la nature, plutôt que de vouloir l'accélérer par les cordiaux qui ne font font qu'enflammer de plus en plus le fang & les humeurs, & augmenter la fiévre & les engorgemens inflammatoires. Auffi dans le dernier fiecle où cette méthode incendiaire avoit prévalu ceux que leurs facultés mettoient à portée de vider les boutiques des apo→ thicaires, de cordiaux chimiques & pharmaceutiques, mouroient communément de la petite vérole; tandis que les pauvres qui ne pouvoient fe procurer ni lilium, ni perles, ni bézoars affaifonnés d'eaux fpiritueufes & d'efprits volatils aromatiques, en guérisfoient prefque tous, fans doute parce qu'ils ne connoiffoient point encore l'ufage du vin, du fucre & de la canelle qui s'eft malheureusement introduit depuis dans les campagnès & parmi le peuple des villes. Voici un trait hiftorique que rapporte Swieten à ce fujet : une dame refpectable a laiffé dans les archives de fa famille un ma B nage, coup nufcrit par lequel elle apprend à la pof. térité qu'ayant eu le malheur de perdre quelques-uns de fes enfans de la petite vérole, en les choiant bien & en les droguant beaucoup, tandis que les enfans des payfans, dans son voisi s'en tiroient tous fans beaude foins & fans les précieux cordiaux de la pharmacie, elle prit la réfolution d'en faire de même pour ceux qui lui restoient. En effet lorsqu'ils vinrent à en être attaqués, elle ne leur fit d'autres remedes que de leur donner pour boiffon ordinaire du lait coupé, & pour nourriture de l'orge cuite dans du petit lait, & de tems en tems une pomme cuite : du refte, elle ne les expofoit ni au froid ni au chaud, & ne les tenoit pas plus couverts, foit la nuit, foit le jour, que dans l'état de fanté, & tous s'en font tirés par cette méthode auffi fimple que fage. Cette dame a laiffé cette efpece de teftament hyppocratique à fa famille, qui depuis l'a toujours exécuté à la lettre, & s'en eft toujours bien trouvée. Que la petite Vérole eft une maladie effentiellement inflammatoire. BOERHAAVE dit dans le texte de ce huitieme aphorifme » que la petite vé» role n'eft encore dans ce premier pé»riode qu'une accélération du mou» vement des humeurs, caufée par » un ftimulus inflammatoire répandu » dans tout le fang,» ce qui veut dire en bon françois que c'eft une fiévre inflammatoire (l'on pourroit ajouter) & qui ne tardera pas à produire une éruption phlegmoneuse. Swieten s'occupe tout entier dans tout le commentaire de ce même aphorifme, à prouver l'identité, non feulement de la fièvre premiere, mais encore de la petite vérole en entier avec toute autre maladie inflammatoire, qu'elle en a toute |