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matoire, dont le danger varie auffi, fuivant la même échelle de proportion.

ARTICLE IV.

Sur la contagion de la petite Vérole. IL eft question de prouver dans cet aphorifme, (& Swieten y prouve, d'après l'obfervation & l'expérience) que la petite vérole eft une maladie contagieufe qui, indépendamment du contact immédiat & de la réforption par

les

pores de la peau, peut fe communiquer encore par les organes de la refpiration & de la digeftion qui font les voies ordinaires par lesquelles pénetrent les miafmes quelconques de toute maladie contagieufe. Voici une obfervation bien frappante que rapporte notre favant commentateur,pour prouver la communication de la petite vépar le moyen de la contagion. Un enfant âgé de fix femaines, mourut de

role

les: on pare

cette maladie dans une ville où Swieten pratiquoit la médecine; il n'y régnoit point alors d'épidémie varioleufe; car les médecins les plus occupés, n'y voyoient point d'autres petites vérode fleurs le petit cadavre, fuivant l'ufage du pays, & l'on invite tout le voifinage à le venir voir fur fon lit de parade chacun y accourt, & bientôt après l'on apprend qu'une partie des fpectateurs avoit contracté la petite vérole.

Voici encore d'autres exemples dé la propagation de cettte maladie par voie de contagion:

Quippe etenim nallo ceffabient tempore apifci,. Ex aliis alios avidi contagia morbi,

LUCREC. L. VI

Une jeune demoiselle portoit dans fa poche des lettres qu'elle avoit reçues de fon frere malade de la petite vérole; peu de jours après elle en eft frappée elle-même : un autre en effatteint pour être entré dans un appartement qu'un

varioleux (a) avoit occupé trois mois auparavant ; on avoit négligé, fuivant toute apparence, de parfumer & d'aérer la chambre après la fortie du malade.

Il est donc constant que la petite vérole est une maladie contagieufe, & qu'elle fe d'un corps

propage

infecté à

un corps fain par une communication quelconque, mais le plus fouvent par l'atmosphere chargé des miafmes de cette contagion.

Il n'eft pas moins conftant auffi que la bénignité ou la malignité de cette maladie ne dépend point de la nature du miafine variolique, mais bien de la difpofition du corps qui le reçoit. La pratique de l'inoculation a mis cette vérité dans le plus grand jour; on a quelquefois appliqué à un corps fain de la femence prise d'une petite vérole

(a) Variolofus, varioleux, malade de petite vérole.

qui avoit été confluente & mortelle
il n'en eft cependant résulté qu'une pe-
tite vérole difcrete & bénigne, & qui
s'eft terminée le plus heureufement du
monde. La contagion naturelle offre
des exemples journaliers de ce genre,
tandis qu'au contraire j'ai vu, dit Swie-
ten, des petites véroles de la meilleure
efpece produire, par voie de conta
gion, d'autres petites véroles de l'ef-
pece confluente, la plus maligne & la
plus mortelle; voici le fait : un jeune
homme qui avoit fejourné à Amfter-
dam, où la petite vérole régnoit, s'en
retourna de là chez fes parens qui paf-
foient l'été à leur terre, dans le voifi-
nage de Leyde: il n'y avoit pour lors
point de petites véroles dans cette cam-
pagne, ni dans les environs; notre
voyageur avoir fans doute apporté la
contagion d'Amfterdam; car au bout
de quelques jours il eut la petite vérole;
mais heureufement pour lui une petite
vérole discrete & fi bénigne, qu'il ne

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fut point obligé de garder le lit : notez que ce jeune homme étoit d'un bon tempérament, & qu'il étoit fobre & fage, tandis que fa tante, non moins fage fans doute, mais beaucoup plus âgée & dans un âge critique, douée d'ailleurs d'un tempérament atrabilaire & fcorbutique, tomba malade de là même maladie, & en mourut: elle eut la petite vérole la plus affreufe qu'on puiffe voir, & en tout oppofée à celle de fon neveu qui avoit été difcrete & la plus facile à fupporter; au lieu que celle-ci étoit non feulement confluente, mais encore compliquée d'abcès ichoreux qui répandoient une puanteur horrible fa tendre fille qu'on n'avoit pu éloigner de få mere pendant fa maladie, en fut elle-même attaquée peu de jours après la mort de fa mere, & cependant elle n'eut qu'une petite vêrole difcrete & bénigne femblable à. celle du jeune homme qui avoit apporté la contagion dans la maison.

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