FABLE XVIII. LA CORNEILLE ET LE NOYER. SUR un Noyer fertile, à la fuperbe cime, Une Corneille s'abattit: Préfage de malheur! le Noyer en frémit. Tout à la fois fruits & feuillage Ravageant fans pudeur & prefque fans deffein, Elle abattoit cent fruits avant d'en choifir un: Péferoient moins fur fes épaules Que ce bec destructeur & non moins importun. Sur l'oiseau de mauvais augure, Un tube menaçant qui s'allonge dans l'air, FABLE XIX. LA TULIPE. N jeune favori de Flore & de Pomône Étoit Roi d'un jardin fertile & fpacieux, Qui charmoit à la fois l'odorat & les yeux. La ferpe étoit fon fceptre, un pampre fa couronne, Un verd gazon étoit fon trône. Au Printems de l'année, au Printems de fes jours, S'élevoit la Tulipe aux brillantes couleurs. Elle éclipfa la Rofe aux fuaves odeurs. Il ne peut la quitter, il l'arrofe fans ceffe; Adieu le foin des arbriffeaux, Du potager & des berceaux; Tout dépérit, tout meurt, tout, jufqu'à la verdure. Les arbres n'ont produit que de ftériles fleurs; Ronces, Lierres, enfin les herbes les plus viles, Il n'en fallut pas davantage; L'ingrat fans balancer immole de fa main Il voit de for jardin la défolante image! Il reprend l'arrofoir, la ferpe & le rateau'; Sous fes mains en tous lieux tout fleurit de nouveau; CELED FLORES ET FRUCTUS. Ire Partie. N |