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vij

Vous

D'affez perfides vérités.

Parmi tout ce qui l'environne,

voyez quelquefois Meffieurs les beaux efprits:
Vous voyez comment fon fouris

Fait paffer les avis que fon bon fens leur donne :
Vous fentez mieux comment fon coup-d'œil redouté,

Et cependant fi desirable,

Sait rendre fa raison aimablę
Jufques dans fa févérité:

Vous la voyez enfin dans la fociété,

Graces aux dons de la Nature,

Brillant toujours fans art, & fouvent fans parure,
De l'efprit & de la beauté

Exercer doucement la double autorité,

Régner dans tous les rangs & parmi tous les âges,
Et de fon fexe même enlever les fuffrages.
Sans doute vous croyez dans votre vanité

Des

Que vous réuffirez comme elle,

que vous aurez fu la prendre pour modèle. Mais ce modèle en tout doit-il être imité

Sans nul égard, je vous en prie?

J'en excepte un grand point. Oh! Meffieurs, conservez
Ses charmes naturels, puifque vous les avez;

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Mais dans vos complimens de tournure políc
Mêlez en ma faveur un peu moins d'ironie.

Réformez votre exemple, & pour

être parfaits,

Aux agrémens de votre mère

Ajoutez, s'il vous plaît, l'indulgence d'un père

Dont j'aime à révérer l'image dans vos traits.
Saififfez de fon caractère

La candeur & la vérité,
Qui font adorer fa bonté,

Même en fouffrant de fa justice;
Cet efprit exempt d'artifice,

Admiré cependant pour fon habileté

Quand il faut accorder les intérêts du Prince
Avec le bien d'une Province,

Dont fes foins vigilans & fes heureux travaux,

Depuis vingt ans.... du moins ont adouci les maux.... Mais infenfiblement j'ai changé de matière;

Mon fujet devient

grave, & vous ne l'êtes guère:

Que vous difois-je ?... heureux enfans! Reffemblez, fans choifir, à l'un de vos parens; On ne peut vous donner d'avis plus falutaire: Imitez l'un des deux, & vous faites fort bien; Imitez l'un & l'autre, il ne vous manque rien.

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PROLOGU E.

ESCLAVE GÉNÉREUX, toi qui fus autrefois
Préfenter le miroir aux paffions des Rois;
Idole du pays dont tu fus la victime;
Redoutable fléau des pervers & des fots,
Ésope, enseigne-moi cet art fimple & fublime
De prodiguer le fens en ménageant les mots.
Efclave ingénieux, dont la mufe polie
Adoucit les leçons du fage de Phrygie,
Phèdre, corrige mes effais,

Peintre doux & correct, achève mes portraits.

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Vous qui mêlez vos pleurs aux ondes d'Hippocrène,
Vous qui n'avez encor ceffé de foupirer
Sur le tombeau de la Fontaine,

O Graces, aujourd'hui j'ofe vous implorer:
Je n'attends point de vous ces faveurs fingulières
Qu'au plus chéri de vos amans

Prodigua votre amour en de plus heureux tems;
Mais fi vous exaucez de plus humbles prières,
Dans ces peintures menfongères

Souriez quelquefois; le lecteur amoureux,
De leurs nombreux défauts détournera les yeux.

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FABLE I.

LE LOUP ET L'AGNEAU.

ROBIN, gentil moutonnet,

Menacé de pulmonie,
Par régime étoit au lait
Et gardoit la bergerie.

Le Loup en fut informé;

Il va gratter à fa

porte:

Comment eft-ce qu'on fe porte?

N'eft-on point trop renfermé?
Eft-il dit que l'on ne forte
Si-tôt qu'on eft enrhumé?
Je fais une herbe divine,
Plus douce que ferpolet,
Dont je garantis l'effet,
Pour tous les maux de poitrine:
J'y menerai Robinet,

Et vous le guérirai net.

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