FABLE XXX. LE RENARD MOURANT. UN vieux Renard giffant au fond de sa tanière Attendoit fon heure dernière. Rangés près de fon lit, non fans émotion, Se foulève avec peine & dit 'en gémissant: Voici l'heure où l'on fent tout le poids de fes crimes, Me redemandent fes Petits, La voyez-vous ?... Mon père, hélas! c'est un vertige, Dirent les affiftans; ces mêts fi délicats Vous ferez une prompte & miférable fin! J'ai vêcu, mais haï de la nature entière; Dans l'ombre de la nuit, maudiffant la lumière; Des Chaffeurs & des Chiens preffé de toutes parts. C'est un pefant fardeau que la haine publique! C'eft le vrai chemin du bonheur... Je vous laiffe une renommée Bien trifte, & ma tendreffe en eft fort alarmée... Travaillez au plus vîte à réparer cela; Quand certains préjugés s'emparent des cerveaux, Et pour peu qu'il meure un Pouffin Un Renard en fera réputé l'affaffin. Paix, mon fils. Mais,mon père.-Eh paix... je crois entendre... J'entends chanter un Coq, je ne me trompe pas; Mais point d'emportement... je fuis fi foible, hélas !... Fin du Septième Livre. Beugnet FABLE S. LIVRE VIII. PROLOGUE. A M. LE CHEVALIER DE LA P**. ON dit tout ce qu'on veut fur la Nature Humaine, En parlent tour-à-tour avec beaucoup d'efprit. Du Du poids de fes difcours quand Fierenfat m'affomme; Sans favoir où je vais, je m'enfuis en colère. Alors, je ne fais trop comment, Mon cerveau devient moins humide, Mon cœur s'épanouit & mon front fe déride; O vous dont la fageffe aimable En confolant mon cœur éclaire mon esprit, Qu'en vous la récitant l'Amitié vous offrit. Si mes deux Voyageurs n'avoient dans leurs voyages |