Leur frappe en même-tems & l'oreille & la vue. Cent globes destructeurs éclatans dans la nue, Sont de la terre au ciel lancés en un moment... C'est l'Enfer.,. ou c'est une Ville!... Et l'Homme eft enragé, s'écria le Renard! Laiffons l'Homme avec lui, répond le Léopard; Fuyons & pour jamais regagnons notre afyle... Et nos Sages fourrés frémiffant dans leur peau, Au fond de leurs forêts arrivent tout en eau. FABLE VI ULYSSE ET LA MER. UN foir au gré des vents, dans son petit bateau, Fuyant l'Amour & Calypso, Le fage Ulyffe fit naufrage. Par les flots long-tems balotté, Il fe trouve endormi fur un rocher fauvage Il fe lève, & jetant fes regards à la ronde, Réfléchiffoit un ciel mêlé d'or & d'azur. Au fouffle amoureux du Zéphire Thétis alors fembloit fourire. O Mer, s'écria-t-il, en déplorant fon fort; Caches-tu le péril, le naufrage & la mort! La Mer l'interrompant, lui répond: Sage Ulyffe, A quoi bon accufer la Mer & fon caprice? A ces vents moins d'accord que tes Grecs devant Troie, Jouet de la tempête, esclave de Neptune. Que fais-je ? efclave de la Lune... Seule ne fuis-je pas fous leurs bizarres loix Que tous les infenfés dont j'ai fait l'infortune?... De la Femme, dit-il, la Mer est bien l'image!... Que peut donc faire un Homme fager FABLE VII. LE HÉRO N. OUR quitter les humides bords Des étangs où la faim l'obligea de s'abattre, S'élève par degrés au fejour du tonnerre, D'un vol fier & majestueux Plane fur les forêts, perce jusqu'à la nue, FABLE VIII. LA CORNEILLE ET LA PIE. LA CORNEILLE & la Pie étoient inséparables. L'une & l'autre avoit même efprit, Même caquet & même habit, Il est bien naturel qu'on aime fes femblables. Le même chêne auffi dans fon fein les logeoit, Et Dieu fait comme on y jasoit Et du tiers & du quart, il falloit les entendre; Fut auffi juftement celui qui les brouilla, Pour lui conter que le Moineau Avoit conté que la Corneille, Tête-à-tête avec le Corbeau, Avoit mal parlé d'elle, & que même à l'oreille Pour comble de noirceur elle avoit ajouté |