Imágenes de páginas
PDF
EPUB

C'est que l'on vous connoît pour d'infignes fripans.

Avec cet air augufte & fombre,

Vous volez, vous pillez, vous maffacrez dans l'ombre.
Si vous faifiez votre métier,

Vous pourriez avaler un peu moins d'amertumes.
Il ne faut pas ici vous tromper à vos plumes;
Vous êtes de vrais Chats... qu'on pourroit employer
Utilement peut-être; en un mot l'on s'arrange.
Servez-vous de la griffe au profit du Fermier;
Ne chaffez plus au colombier;

Comme fes autres Chats fixez vous dans fa

grange;
Vous chafferez comme eux fes Rats & fes Souris,
Et vous partagerez avec eux les profits.

Sans quoi, facrés Hiboux, foi de chaste Fauvette,
Vous y pafferez tous, & votre affaire eft faite.

[ocr errors]

FABLE XIII.

LE PAYSAN ET SON SEIGNEUR.

BLAISE

LAISE tout défolé courut chez fon Seigneur:
Ah! mon Maître, dit-il, voici bien du malheur!
Mon Cochon s'eft jeté fur votre Chien de chafle
Et l'a laiffe fans vie étendu fur la place.
Blaife, dit Monfeigneur, mon crédit n'y peut rien;
Ce font cent beaux écus que tu me pairas bien.
Cependant il faut pour bien faire

Qu'à mon croc fans délai ton Cochon foit pendu;
Car c'est une justice & l'exemple en est dû.
L'exemple eft ici néceffaire,

Et vos Cochons font des vauriens

Qu'il faut accoutumer à respecter nos Chiens.
Comment l'entendez-vous ? qu'ai-je dit, reprend Blaise?
C'est votre Chien ne vous déplaife,

Et c'est bien-là tout le malheur,

C'est votre Chien, fur mon honneur,

Qui vient d'étrangler net mon Cochon dans la rue..

[ocr errors]

En ce cas, que veux-tu? fon heure étoit venue...
Je vois que ton Cochon aura fait l'infolent,
Et mon Chien n'eft pas endurant.

Or puifqu'il s'eft vengé je te remets l'amende;
Je retiens feulement un couple de jambons;
Mais fur-tout je te recommande...

D'apprendre à vivre à tes Cochons.

FABLE XIV.

LE PIGEON.

DANS un de ces palais tristes & somptueux,

Où l'art imitant la nature

Sous mille dehors fastueux

N'en étale jamais que

la froide peinture,

Je ne fais par quelle aventure

Un Pigeon s'étant égaré

Vit, ou crut voir fous la verdure

A l'ombre des ormeaux couler une onde pure.
Par la chaleur extrême il étoit altéré;
D'un frivole efpoir enivré,

Il s'élance avec joie à la fource infidelle.

Aveugle! il donne contre un mur,

D'où le bec fracaffé, démantelé d'une aile
Il retombe & fe froiffe au marbre le plus dur.
Source aride!... image trompeuse,

Dit-il, en déplorant fa chûte douloureuse!

Devois-je croire ainfi mes yeux?

Tout eft faux, je le fens, dans ces fuperbes lieux...

Avec cette onde imaginaire,

Pour mon malheur fi douce à voir,

Je perds, hélas! jufqu'à l'efpoir

De retourner jamais à l'eau qui défaltère!

« AnteriorContinuar »