Je t'ai donné de quoi furprendre, Étonner le vulgaire... & ne peux m'y méprendre; J'ai dégroffi le bloc, le marbre reste, hélas! Pauvres créateurs que nous fommes! En vain nous prétendons voler le feu du ciel. Quand je verrai le monde au pied de ton autel, Je me dirai toujours: Voilà le Fils des Hommes! FABLE XXI. LE MOUCHERON ET L'ARAIGNÉE. UN N MOUCHERON dans fes voyages Devenu lefte & confiant, Vifita le Temple des Mages Si renommé dans l'Orient. En dire son avis n'étoit pas une affaire ; Va se placer au haut du dôme, Puis lorgne à droite, à gauche, & puis de haut en bas; Puis voltigeant de place en place Et s'attachant à la furface, Va bourdonnant à chaque pas. Beau plan, dit-il, & bel enfemble! Pour les détails, en vérité, On ne fait pas trop bien à quoi cela ressemble. Voilà le mot... Enfin je vois dans tout ceci Lui dit une Araignée, infecte bâtiffeur, Et vous décidez à merveilles; Si de petits défauts qu'un autre ne voit pas En voici la raison peut-être: C'est ici l'ouvrage d'un Être Si grand, qu'entre fes doigts, jugez s'ils étoient longs, Il auroit écrasé dix mille Moucherons. Ces chef-d'œuvres fameux dont la grandeur étonne, Sont faits pour fes pareils, au moins je le foupçonne; Car ce Temple eft pour eux, fi j'en crois leurs difcours, D'un auffi beau fini dans fa vafte étendue |