Vive, alerte & légère, &, fur-tout, fans fouci : Murmure en elle-même & fe plaint de fon lot, Dans leur courroux, fans doute, ils m'ont donné la vie. Tandis qu'ils m'ont livrée aux injures du tems, Tandis que j'erre au gré des vents, Il brave, fans péril, la froidure & la pluie. Le jour & la nuit au bel air, En plein champ, fans abri, fans rien qui me défende, Lorsque la neige un jour couvrira les campagnes, Trifte jouet de la tempête, Je n'aurai point d'afyle où repofer ma tête! Comme elle en étoit-là, le chant du Moiffonneur La tira de fa rêverie. La Cigale, en fautant, reprend fon train de vie, Tandis que l'Escargot, distrait à sa manière, FABLE VIII. LA PIE. MON VOISIN, VOUS Voyez quelquefois l'Hirondelle, Difoit la Pie à l'Étourneau: Avez-vous fu notre querelle? Oh! c'eft qu'elle eft plaifante : Hier, fous cet ormeau, Et, pour la courroucer, je n'avois dit qu'un mot. Dans la maifon voifine, & par la cheminée, Et ce n'eft pas-là mon affaire; Mais, comme vous voyez, le paffage est suspect. Qui fe tourne en querelle, & mon Oifon prend feu... Eh bien! c'est moi qui fuis la bavarde, à l'entendre..... Bavarde! moi? qu'en pensez-vous? Tandis que je fais, entre-nous... Si je voulois parler... on connoît fon histoire... Qu'elle ait même les doigts crochus, Si c'eft auffi fa fantaisie; Tout fe paffe, Dieu fait! & chacun fait sa main Le Merle fous la treille... & d'autres dans la fuie... Fort bien, dit l'Étourneau... pourquoi faire la Pie? FABLE IX. L'OURS ET LE LIÈVRE UN LIÈVRE alloit, tête baiffée, Donner tout justement dans les pattes d'un Ours: Il le vit, mais trop tard; c'étoit fait de ses jours, Sans un expédient qui vint à fa pensée. Place, dit-il, place au Lion, Place au Courier du Roi mon Maître; Il eft à quatre pas, il vole, il va paraître. Oh! oh! dit-il, le Roi Lion Mais fon nom fert à quelque chofe. |