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Vos offres font fans doute auffi belles que bonnes,
Mais de les accepter je me garderai bien:
Votre cœur fe partage entre tant de personnes,
Que la part de chacun doit être prefque rien...
Prefque rien ne peut me fuffire;

Et j'imagine auffi, puifqu'il faut vous le dire,
Que par un abus bien commun,

Vous comptez cent Amis, & n'eir avez pas un.

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FABLE XXIX.

LE CHASSEUR, LE BERGER ET LE RENARD.
UN Chaffeur au milieu d'un bois

Pourfuivoit un Renard, peu s'en faut, aux abois.
Dans un tournant la pauvre bête
Voit un Berger,

Nouveau danger!

Où fuir? où fe cacher? c'eft à perdre la tête.
Ah! Berger de par tous les Dieux,

Si je fuis ferviteur de votre Bergerie,

Ne me trahiffez pas,

& fauvez-moi la vie.

Le Chaffeur fur mes pas va venir en ces lieux...

Qu'il vienne, dit le Pâtre; il faut que chacun vive,

Cache-toi promptement dans le tronc que

Et s'il vient par ici, je l'enverrai par-là.

A ces mots le Chaffeur arrive:

voilà...

Berger, mon cher Ami, faurois-tu par

hafard

Quelle route a pris le Renard?

A droite, Monfeigneur, répond-t-il à voix haute;

Et puis des yeux livrant son Hôte,

Il fait entendre à gauche. On ne l'entendit pas.
Le Chaffeur tourne à droite & s'éloigne à grands pas.
Eh bien! reprend le Pâtre, entends-je les affaires?
Quand je fers mes Amis, moi je n'épargne rien.
Çà déformais j'espère bien

Que tu te fouviendras de moi dans tes prières.
Oh oui! dit le Renard, & je demande aux Dieux,
Qu'ils confervent ta langue... & te crevent les

yeux.

FABLE XXX.

LE PAO N.

LE PAON n'étoit d'abord diftingué des Oiseaux Ses Confrères & fes rivaux,

Que par les plumes de fa tête,

Dont l'affemblage forme une éclatante crête.
Dans fes defirs ambitieux,

Le Paon à la Reine des Dieux

Adreffe un jour cette fupplique :

Déeffe, lui dit-il, vous êtes magnifique
A l'égard de vos Favoris,

Et cette aigrette verte & bleue

Fait fans doute un effet dont les yeux font furpris;
Mais belle tête & point de queue !...

La Déeffe fourit, & le Paon fut heureux,
Ou crut l'être du moins. Sa nouvelle parure
Offre les fept couleurs dont brille la Nature.
Le Coq de fon panache alors devient honteux;
Le fuperbe Faifan sèche de jalousie;

Mais de la baffe-cour la canaille eft ravie.
Le Paon pour fon malheur effaya de voler;
Mais, hélas! efforts inutiles!

Il comprit un peu tard qu'il venoit d'immoler
Un talent précieux à des brillans stériles,
La liberté réelle à l'honneur emprunté...
Et la gloire à la vanité.

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