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ÉPILOGUE,

A MADAME

LA V***. DE N**.

G. de S. A. S. Monfeigneur le D. d'E.

A Saint-Maur, le 1er Octobre 1775.

Vous m'avez dit un jour, refpectable HENRIETTE:

دو

« Comme on vit avec ses voifins,
» Je m'applaudis dans ma retraite.

» D'entendre quelque peu la langue des Lapins.
» J'étois moins faite encore au langage des Pies,
» Et je ne comptois guère en faire mes Amies.
Quant à mes hôtes les Hiboux,
» Je les ai cru long-tems les plus triftes des fous,
» Et leur ai fait souvent de dures apostrophes;
»Je vois qu'ils font des Philofophes,

دو

» Je vois que mon défert eft plein de Beaux-Efprits

» Des plus fenfés, des plus polis,

» Et de fort bonne compagnie,

» Et que j'aurai grand tort enfin fi je m'ennuie. » Mais à qui va rentrer à l'ombre des Palais, Sont-ce les hôtes des forêts,

دو

دو

» C'est l'Homme qu'il faudroit étudier peut-être ? » Si vous le connoiffez, faites-le moi connaître.

» Dans un nouveau féjour, des Êtres différens

دو

» Vont bientôt vous offrir des portraits plus piquans...

دو

رو

» Prenez un peu l'effor, fonge-creux que vous êtes,
Peignez l'Homme en un mot & laiffez-là vos Bêtes ».
Tel fut, vous le favez, votre discours moral;
Et si je m'en fouviens, j'y répondis fort mal:
A vos ordres facrés je ne fus que foufcrire.

Cependant j'aurois pu vous dire

Que tel fut craïonner de fimples Animaux
Qui peignit fans fuccès d'autres Originaux.
Que ne puis-je d'une main fûre,

Par le mêlange heureux des plus vives couleurs,
Dans le même tableau peindre d'après nature,
Cent belles qualités qui rarement font fœurs;
La fenfibilité d'une ame douce & fière

Unie aux charmes d'un efprit

Naturel & brillant qui touche & qui féduit;
La fageffe impofante & pourtant familière,
Dont un fourire aimable anime les difcours,
Et que peut-être les Amours

Ont fouvent prife pour leur mère...
Ah! fans recourir aux Cités,

Sans aller faire au loin des études nouvelles,
Aux déferts que vous habités

Je trouverois tous mes modèles...
Votre amour vigilant, vos foins religieux
Pour cet Enfant fi précieux,

Remis entre vos mains dès fa première aurore, Que ne peut mon pinceau les exprimer encore!

Je vous peindrois dans ce moment

fi Où livrée aux transports de cet amour si juste, Entre vos bras fi doucement

Soulevant votre ÉLÈVE AUGuste:

"Fils des Rois, difiez-vous... & fur-tout des Héros!

دو

Précieux à mon cœur, funefte à mon repos!...

» Sauras-tu prévenir où venger nos difgraces?

>> Seras-tu redoutable un jour?

دو

» Es-tu Mars déguifé fous les traits de l'Amour?
» Caches-tu des vertus fous la forme des Graces?...
» Sois auffi grand que tes Aïeux...

» Sois fenfible... fois jufte, & je bénis les Dieux!... 17
Vous détourniez la vue, & l'Enfant plein de charmies!
De fa main carreffante il effuyoit vos larmes!...
Mais je cède fans peine à des tranfports nouveaux;
C'en est fait, je le sens, ce fpectacle m'inspire,
Et fur un ton plus haut je veux monter ma lyre...
Adieu Ramiers & Tourtereaux;

Adieu timides Faons, adieu Biches légères...
Temple des Mufes folitaires

Qui de Chaulicu jadis élevoient les accords,
Je vous falue; & vous Marne filencieufe,
Qui donnez à ces bois leur fraîcheur précieuse,
Et vous ornemens de ces bords,

Beaux Maronniers, antiques Chênes...
Je vous falue, illuftres Frênes *

O vous d'un même tronc Rameaux majestueux!
Bravez de tous les vents l'effort infructueux..
De leurs difcordes éternelles,

* Arbre connu fous le nom des Quatre-Frères.

Fiers de votre union triomphez dans les cieux! Que la foudre, funefte aux fronts ambitieux, Épargne feulement vos cîmes fraternelles!

FIN.

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