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Pour en venir, dit-elle, à fes propriétés...

La Mouche l'interrompt, & lui dit : Ma coufine,
Si nous parlions un peu du temps....

Moi j'avouerai qu'il me chagrine.
Il me femble que le printems
Eft un peu froid & fort humide.
L'été n'arrivera-t-il point?

Croyez-vous qu'il arrive. -Ah! c'eft ce qui décide;
Vous avez bien raifon, l'été, c'est le grand point....
Sans été point de miel, & c'est à quoi je pense;
Pour moi j'ai fagement fait mes provisions;
Il n'eft rien tel en tout que les précautions;
Et fi le miel manquoit, vous fentez l'importance....
Du miel! reprit la Mouche... ah! j'aurai mes vapeurs,
Si cela dure.
Eh fi! des vapeurs, belle affaire;

Ma coufine, laiffez-moi faire....

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De par tous les Dieux, ma coufine,

Pour la dernière fois brifons court là-deffus.

La chofe, j'en fais cas, mais le mot m'affaffine;

Le miel eft du nectar, mais ne m'en parlez plus.

FABLE XVI.

LES FIGUES.

UN HABITANT.de Tyr cultivoit des Figuiers,
Dont les fruits tous les ans vendus au voisinage,
Durant les douze mois entiers,

Lui rapportoient de quoi fuffire à fon ménage,
Non magnifiquement; la denrée au pays
Étoit affez commune, & partant à bas prix.
Si bien que fe laiffant féduire

A l'appât des profits qu'il fera fur la mer,
Il rifque enfin dans un navire,

Sur un douteux espoir, un profit net & clair.
Tout annonce un heureux voyage,

Ciel d'azur, onde unie... O revers! o douleur!

Un

coup de vent furvient, les Figues font naufrage. Les flots en rapportant les preuves au rivage, Le pauvre Trafiquant va conter fon malheur A fa famille consternée;

Il faut vivre de rien ou de

peu cette année.

Mais cependant fur frais nouveaux

Il cultive fes arbriffeaux;

Le printems lui promet de nouvelles richeffes,
Et l'automne propice acquitte ces promeffes.
Cette fois en lieu sûr ayant mis fon avoir,
Le Tyrien par un beau foir

Affis auprès du port, oublioit fes fatigues.
Mais, comme il vit la mer humble & tranquille alors,
Et murmurant à peine en careffant fes bords:

«Je vous entends, dit-il; vous demandez des Figues ».

FABLE XVII.

LE RAMIER ET LA FAUVETTE.

Vous n'aimez que la Tourterelle,

Difoit la Fauvette au Ramier;
Un cœur fi tendre & fi fidèle
Ne devoit pas s'en défier.

Cependant votre ame charmée
De fes chaftes roucoulemens,

Sur la foi de fa renommée
Se laiffe abufer bien long-tems.

En tête-à-tête fous l'ombrage,
Elle reçoit... jufqu'au moineau!...
Avec un fou, quand on eft fage,
Que fait-on deux fur un rameau!

L'occafion eft périlleufe:

Je vous entends, dit le Ramier;
Mon danger peut vous effrayer;
Mais l'apparence eft bien trompeuse.

A ne juger que par mes yeux,

Je vous croirois un peu coquette....
Pardonnez-moi, fage Fauvette,
Mon cœur vous juge beaucoup mieux.

Ce cœur pur & fans artifice,
D'aucun foupçon n'est combattu;
J'ai de la peine à croire au vice,
Et j'aime à croire à la vertu.

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