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Rien n'est plus fimple que cela;

Vous voyez bien qu'il n'eft maison qui tienne, Qu'il faut qu'elle aille au Diable & que le refte vienne. En effet ;

Ainfi dit, ainfi fait;

Le toit vole en éclats, & du haut de la nue
Sur le pauvre animal l'un & l'autre fe rue,
Et Monfeigneur & fon Confeil

Se gorgent largement de ce butin vermeil.
Maître Corbeau, comme il fait vivre,
Ne fe fait pas prier; l'Aigle a peine à le fuivre
Et crie envain: Hola! tout beau!

Vous m'étranglez, Maître Corbeau!

Il ne put défarmer l'appétit du Corfaire,
Qui goba prefque tout, Monfeigneur prefque rien.
Mais, comme le Corbeau le remarqua fort bien,
On ne peut trop payer un avis néceffaire.

FABLE.

FABLE XXI.

LA COLOMBE.

SUR un mai couronné de fleurs,

Une jeune Colombe en triomphe élevée,
Aux honneurs les plus grands fe croyoit réservée.
De la plus douce des erreurs

En un moment elle est privée.

A cent traits meurtriers décochés dans les airs,

De toutes parts,

hélas! elle fe vit en proie!

Ses accens douloureux, d'un peuple de

Excitent la barbare joie.

pervers

Sa couronne eft le prix qu'on destine au vainqueur........
Un trait rapide vole & lui perce le cœur ;
On l'entend foupirer, on la voit fe débattre....
Un trait plus fortuné coupe le noeud fanglant
Qui la retient encore, elle tombe à l'instant:
Inhumains! disoit-elle.... & c'étoit pour m'abattre !

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FABLE XXII.

LE TAUREAU ET LE VEAU.

PAR un fentier étroit, raboteux, escarpé
Et de ravins entrecoupé,

Uu Taureau vers le foir regagnoit son étable
A pas comptés,

Avec un filegme inaltérable
Surmontant les difficultés,

Et faifant ce qu'il falloit faire

Tout jufte, à chaque pas, pour se tirer d'affaire.
Cependant au haut d'un foffé

Un Veau se tourmentoit, & d'un air empreffé:
Courage, difoit-il, vous avez de la peine;
Mais dans l'occafion il faut qu'on fe démène.
Détournez par ici, puis détournez par-là;

Bon, justement, vous y voilà....

sy

Soyez ferme du pied, aidez-vous de la corne;
Écartez cette pierre, évitez cette borne....

Mon fils, dit le Taureau, c'eft fort bien raisonné,
Mais je favois cela que tu n'étois pas né.

FABLE XXIII.

LE ZÈ BR E.

QUAND le Zèbre arriva du fond de l'Éthiopie,

Comme il venoit de loin, chacun voulut le voir.
L'animal ignoré dans fa triste patrie,

'Penfoit avoir bien fait de changer de terroir.
Or on ne vit d'abord que fes longues rayures,
Dont l'ordre, la couleur, fur-tout la nouveauté,
Formoient aux yeux furpris de plus d'une beauté
La plus fuperbe des parures.

Vîte, on fe bigarre à qui mieux;

Chacun s'habille en Zèbre & chacun est heureux.
Du Zèbre cependant l'on conte cent merveilles :
Il eft.... il a.... d'honneur.... il eft prodigieux!
Mais enfin l'on ouvrit les yeux,

Si bien qu'on découvrit fes énormes oreilles,
Et le Zèbre d'abord fi prôné, fi choyé,

Aujourd'hui, comme on fait, n'eft qu'un Ane raye.

FABLE XXIV.

UN

LE FERMIER ET L'AUTOUR.

N AUTOUR, au moment d'enlever un Poulet,
Dans une baffe-cour fut pris par un Valet.
Son procès fur les lieux eft inftruit tout à l'heure,
Il est pris fur le fait & la loi veut qu'il meure.
Le Maître du logis juge en dernier reffort,
Dans fes principes toujours ferme,
Le juge à la rigueur & le condamne à mort.
Puis à la porte de la ferme

On le cloua tout vif, vu l'arrêt du Fermier,
Aux applaudiffemens de tout le poulailler.
A cette fête fi joyeuse

La mère du Poulet réchappé du trépas

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Un Coq-d'Inde lui dit : Je ne vous entends

Quel vertigo! mais, ma voifine,

pas:

Qu'avez-vous donc qui vous chagrine

Quand on a fait juftice? Oh! mon pauvre voifin!

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