Imágenes de páginas
PDF
EPUB

(0) N. 128.

(p) N. 119, & depuis le n. 137, julqu'au 142.

la régle. 20. Etre la régle du mouvenient,
c'eft le mefurer, c'eit être la mesure du
chemin qu'un corps parcourt par fon mou-
vement. Il est bien vrai que ce qui eft la
mefure d'un mouvement ne doit
pas être
mobile, entant qu'il fert à mefurer ce mou-
vement (0), mais il peut bien être mobile
en un autre fens, & par rapport à une autre
chofe (p).

157. Enfin nos Philofophes répondent que ces Parties de l'immenfité Divine n'ont point de lieu pour fe remuer, qu'elles ne font ni en mouvement ni en repos, puifqu'elles font le premier licu. Mais on leur a montré (g) Depuis (q) qu'elles ne peuvent être immobiles, en. 144, jufqu'entant qu'elles font toujours en même qu'au 150. fituation les unes à l'égard des autres, que cette même fituation des unes à l'égard des autres mérite bien le nom de repos, puifque le changement de fituation exclu par cette prétendue immobilité feroit un mouve) N. 159. ment (r).

158. Mais fans difputer du nom, fuffit-il de dire en general que ces parties font immobiles, parcequ'elles n'ont point de lieu à changer? Comparons-les chacune à celles qui l'environnent & qui la touchent immédiatement. Celles-ci ne font-elles pas le lieu de celle-là? Celle-là a donc un lieu à changer. Que fi celles-ci ne font pas le licu de celleslà, quand on diroit que les parties de l'efpace quittent celles qui les environnent immédiatement, il ne s'enfuivroit pas qu'elles quittaffent leur licu, ni qu'elles fuflent en mouveinent: & fi cela eft, nos Philofophes n'ont plus de raifon de nous dire que la

partie d'efpace où je fuis, ne peut pas quitter celles qui l'environnent, & fe trouver avec celles qui environnent Rome, & d'en apporter pour raifon, que l'espace elt immobile. Que fi une fois ils accordoient que les parties de l'efpace peuvent quitter celles qu'elles touchent immédiatement, qui ne voit qu'ils accorderoient un mouvement dans les parties de l'espace, ils le fentent bien, ils n'ofent dire qu'une partie d'efpace peut quitter l'autre. Ils regardent donc l'autre comme le lieu de la premiere. Il est donc vrai que les partics de l'efpace ont chacune un lieu diftingué d'elles, & qu'elles peuvent le quitter : & par confequent on ne peut rien trouver dans l'efpace qui rende fes parties immobiles les unes à l'égard des autres. Je montrerai en un autre Ouvrage les affreuses conféquences qui s'enfuivent du fentiment de ceux qui croient que cet efpace fubfifte en Dieu, comme dans fon fujet.

159. Il fe peut faire, dira-t-on, qu'un poiffon réfifte fi bien au courant de l'eau dans une riviere, qu'il réponde toujours aux mêmes endroits du rivage, & du fond. En ce casle poron feroit fans mouvement. Il ne changeroit donc pas de licu, & cependant il feroit fans ceffe environné de différens corps; d'où il s'enfuit que ces corps ne font pas le lieu, comme on l'a dit ci-deffus. ()

160. Quelques-uns répondent que les eaux font en mouvement, & que M1 Defcartes n'a défini le lieu & le mouvement que par rapport aux corps qui font en re

D

[ocr errors][merged small]

pos mais cette réponse n'eft pas juste : car quoique les eaux foient en mouvement par rapport aux rivages & au fond, quoi même que les parties infenfibles de l'cau aient entr'elles un mouvement qui fait la liquidité; cependant les parties fenfibles ou les amas fenfibles de parties infenfibles gardent toujours le même ordre cntr'eux, & l'eau defcend comme toute d'une piece le long du rivage.

[ocr errors]

161. Il eft donc plus exact de répondre que quoique ce poiffon ne foit pas en mouvement par rapport aux rivages, il y eft par rapport à l'eau. En effet, fuppofons cette cau divifée par plufieurs barres de differentes couleurs & que nous ne voyions ni le fond ni les rivages, mais seulement l'eau & le poisson, alors nous verrions fenfiblement le poiffon marcher & monter dans cette eau de barre en barre : ce poiffon eft dans l'eau, comme l'Homme #) N. 141. dont il a été parlé ci-dessus (†) dans le vaiffeau.

162. On dira encore que nos définitions du mouvement, & du lieu expliquent le mouvement & le lieu par le repos, d'ou on prétendra qu'il s'enfuit deux grandes abfurditez; la premiére, que le mouvement fe trouvera défini fon par contraire: la feconde le , que fe trouvera dérepos fini par lui-même, puifqu'il faut définir le repos par le lieu, & que nous définiffons le lieu par le repos.

163. Je répons à cela que les idées que nous avons du lieu, du mouvement & du les n.198 20. repos, font intuitives, (x) fi claires qu'el

(*) Voyez

les n'ont

befoin de définition ; & que pas toutes ces définitions que l'on en donne, ne font que des comparaifons que l'efprit fait de ces idées entr'elles, lefquelles fervent à fixer l'efprit, à l'empêcher de s'égarer. & fe perdre en des raifonnemens creux, qui lui font fuppofer deux fortes d'étendues, comme s'il les entendoit.

autres,

le

164. Ceux qui font cette difficulté ne prennent pas garde qu'elle eft autant contr'eux que contre nous : car ils admettent pour lieu un efpace immobile, c'est-à-dire, dont les parties font en repos, ou du moins ne fe meuvent point les unes à l'égard des & ils définiffent le mouvement & repos par rapport à cet espace. 165. Ces Philofophes nous oppofent encore une difficulté. Le mouvement & le repos, difent-ils, font quelque chofe de réel il faut donc les définir par quelque chofe de réel, & non point par une chofe qui ne foit que dans notre confideration. Monfieur Defcartes a donc tort de les définir par les corps confidérez entant qu'ils font en repos.

[ocr errors]

166. Je répons à cela que les corps font réellement en mouvement & réellement en repos tout à la fois en divers fens. Par exemple, un vaiffeau qui defcend avec rapidité, suivant le courant des eaux eft réellement en mouvement par rapport aux rivages, & fes parties font réellement en repos les unes à l'égard des autres. Dans ce dernier fens, c'eft-à-dire, entant que les parties du vaiffeau font réellement en repos les unes à l'égard des autres

[ocr errors]

on

(x) N. 141.

définit le mouvement d'un homme dans ce vaiffeau, par rapport à ce vaiffeau (x). Quand nous dirons donc avec Mr Descartes que le mouvement doit être défini par rapport aux corps confiderez comme en repos, nous ne prétendrons pas que le mouvement foit défini par rapport à l'action de notre efprit qui confidéie les corps, mais par rapport au fens réel & véritable des corps, dans lequel fens notre efprit doit confiderer ces corps pour connoître le moument. C'eft pourquoi au lieu de dire les () N. 134. corps confiderez en repos, nous difons (y) les corps entant qu'ils font en repos.

167. Il eft vrai qu'il paroît que ce n'est point là le fentiment de Mr Descartes, mais je préférerai toujours la verité, lorfque je la verrai, à l'autorité de tous les Philofophes, quelques grands qu'ils foient. Mr Defcartes dit d'un autre côté que tout mouvement eft réciproque. Par exemple, il prétend que quand un homme va à Rome, ce n'eft pas plus lui qui va à Rome que Rome qui vient à lui, & que cela ne dépend que de la maniere de confiderer ces corps. Car fi je confidere Rome & tout le chemin qui eft d'ici à Rome, comme en repos, alors c'eft l'homme qui va à Rome : que fi je m'imagine cet homme fixe visà-vis quelque point immobile au ciel, alors ce n'eft plus lui qui va à Rome, mais Rome qui vient à lui; il ne fait que lever les pieds l'un après l'autre pour laiffer pasfer le chemin fous lui; de même qu'une perfonne qui eft dans un bateau, & qui va de bas en haut dans le bateau auffi vâte

« AnteriorContinuar »