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eft la feule chofe que nos lumiéres naturelles puiffent nous faire regarder comme l'effence du corps, & qu'il eft contre la raison d'imaginer deux étendues comme différentes dans leur effence. Ce font, dira-t-on, des chofes qui font connues, & qui ont été dites par bien d'autres mais les raifons que j'en' apporte, ne font-elles point nouvelles le Lecteur en jugera. Je les croi démonftratives, & je penfe avoir repouffé ceux qui penfent le contraire jufques dans leurs derniers retranchemens.

:

Il a fallu auffi montrer la divifibilité infinie de l'étendue, pour tâcher de prévenir une infinité de difficultez qui peuvent naître dans l'efprit de ceux qui ne font pas encore verfez dans la Phyfique, lorfqu'on leur parle de corps fi petits qu'ils paffent tout ce que notre imagination peut atteindre. On regardera peut être cette divifibilité infinie comme une chofe triviale, mais la démonftration ne peut elle point être pouffée plus loin qu'elle n'a coutume de l'être : Ne peut-on

point en apporter des raisons qui fallent tomber les réponses que l'on donne aux démonftrations ordinaires? Celles que j'apporte, fontelles de cette nature? C'est l'affaire du Lecteur de dire ce qu'il en penfera. A-t-on démontré que quand même une fubftance fimple feroit étendue, son étendue pourroit fe trouver divisée par moitiez, quarts, &c. en des lieux éloignez les uns des autres Les preuves que j'en apporte font-elles des démonftrations? Je ne veux & ne dois pas en être le Juge?

Il a été neceffaire enfuite de bien établir la Nature du lieu, celle du mouvement & du repos avec leurs propriérez, de montrer que le repos ne contient en lui-même aucune force, quoique le corps qui eft en repos puiffe en contenir du côté de fon étendue, mais cette force de l'étendue en repos eft toujours moindre que la force de cette même étendue en mouvement. Il a feul &

fallu prouver que le corps par lui-même doit être en repos. Je croi que l'on ne trouvera pas a iiij

par

tout les raifons que j'en donne. On croit communément que le corps eft fi indifférent au mouvement & au repos, qu'il doit toujours demeurer en mouvement lorfqu'il y eft une fois, fans qu'il foit befoin que la caufe feconde qui le lui a donné, le lui conferve. Je détruis cette penfée ; je montre que le corps eft déterminé par lui-même fa nature en tant que feule

& par au repos, qu'il faut une caufe étrangére pour le mouvoir & pour lui conferver fon mouvement, & que cette caufe ceffante il recommence à fe repofer. S'il fe trouve quelque Auteur qui ait dit la même chofe, peut-être trouvera-t-on quelque chofe de nouveau dans les preuves que je donne, & je croi qu'elles font de vraies démonftrations: fi je me trompe en cela, ce ne fera pas une chofe furprenante. Tout cela fert merveilleufement pour établir les regles du mouvement fans lequel la machine du monde deviendroit tout d'un coup une maffe informe &. fans beauté. On fera peut-être dégoûté d'entendre

parler de régles du mouvement, tout eft plein de ces règles. Sontelles par tout les mêmes que celles que je donne, les preuves en fontelles les mêmes? Va-t-on communément chercher ces régles dans la fimple nature des chofes, ou dans la volonté, la fimplicité & l'immutabilité de Dieu, c'est ce que je laiffe à décider.

Parmi ces régles, il y en a une qu'il a été important de bien établir, c'eft qu'un corps qui n'a re

fon mouvement que d'un autre corps, ne doit continuer d'être en mouvement qu'autant qu'un autre corps continue de le mouvoir. Car cette régle s'oppose aux préjugez prefque généraux de tous les hommes, & même aux raisonnemens de prefque tous les Phyficiens. J'ai prouvé cette régle, 1. contre les Athées, & enfuite contre les Cartéfiens. Je fais voir que la démonftration de cette régle donne une merveilleufe entrée, pour prouver la néceffité de reconnoître l'éxi ftence de quelque être réellement diftingué des corps & fupérieur à

toute la nature corporelle qui lui donne & lui conferve fon mouvement. C'eft de cette même régle que dépend le double mouvement primitif & dérivé, que je veux établir, c'eft par elle que je trouve l'Ether & les atomes, l'agent & la matiére de tous les ouvrages de la nature corporelle. Sans cette régle toute ma Phyfique tombe; & détruire cette régle, c'eft m'obliger à détruire ma Phyfique entiére. J'ai donc tâché de mettre cette régle dans toute fon evidence, & je croi que ceux qui voudront faire toute l'attention neceffaire aux raifons: 4 Depuis que j'en ai données (a), ne' pourle n. soy juf ront s'empêcher d'en convenir. Què s'ils ont quelque démonftration du contraire, ou de la foibleffe de mes raifons, je ne rougirai point de changer de fentiment, & de me rendre au leur; car il eft naturel à tout homme de fe tromper, & je. m'y croi plus fujet qu'un autre. Je: me ferai donc un plaifir de me rétracter, lorfque je verrai les lu-. miéres que l'on me communique-. ra; & en ce cas-là, je tirerai tou

qu'au $71.

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